[CRITIQUE] : Nezouh
Réalisatrice : Soudade Kaadan
Acteurs : Kinda Aloush, Hala Zein, Samir Almasri,...
Distributeur : Pyramide France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Syrien, Britannique, Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu'un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d'amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d'être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision.
Critique :
Alors que son premier effort, primé à Venise en 2018, n'a toujours pas atteint l'hexagone - Le jour où j'ai perdu mon ombre -, la cinéaste syrienne Soudade Kaadan poursuit son auscultation d'une Damas tentaculaire et déchirée par la guerre et les bombes, avec le très beau Nezouh, où elle pose sa caméra au cœur d'une famille tiraillé entre l'envie de rester sur place et risquer sa vie, et l'envie de partir, de tout perdre et de devenir réfugiés dans un nouveau pays (ce que refuse catégoriquement - et absurdement - le patriarche).
En apparence familier, ce drame familier déjoue pourtant gentiment les hypothétiques attentes en jouant autant la carte du drame domestique donc, mais également celle d'un doux et lyrique récit de passage à l'âge adulte et d'émancipation, où une jeune adolescente - tout comme sa mère - découvre dans la tragédie (et un appartement de plus en plus en ruine), l'espoir, l'amitié et les possibilités d'une existence hors du joug des valeurs traditionnelles et patriarcales.
Profondément optimiste dans sa manière d'embrasser une narration au féminin, de prôner l'espoir et l'autonomisation des femmes avec un regard joliment lyrique, trompant par sa douceur la dureté d'une réalité d'une société patriarcale toxique et brutale (même si le personnage du jeune Amer, représente l'espoir d'une jeune génération d'homme syrien moins toxique), Nezouh use avec malice d'un réalisme magique enchanteur (où l'effondrement d'un toit semble poétiquement conduire à celui, espéré, du patriarcat) pour mieux catapulter son auditoire dans une sorte de réalité semi-fantastique où les saillies oniriques sont avancées aussi bien pour renforcer la résilience de sa jeune héroïne face à un quotidien où la violence s'intensifie (où chaque jour, elle et les siens sont confrontés à un dilemme de vie et de mort, avant d'entamer un exil forcé et sous pression), que pour la pousser à penser et ressentir différemment.
Tout en symbole et en métaphore, Nezouh, il est vrai pas exempt de quelques aspérités et d'une fragilité (narrative comme formelle) évidente, n'en reste pas moins un beau et intense drame, une fable tragique à la fois réaliste et fantastique où le pouvoir de l'imaginaire peut se faire le moteur d'un changement, même dans un monde en ruine.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Kinda Aloush, Hala Zein, Samir Almasri,...
Distributeur : Pyramide France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Syrien, Britannique, Français.
Durée : 1h43min.
Synopsis :
Au cœur du conflit syrien, Zeina, 14 ans, et ses parents sont parmi les derniers à encore vivre dans leur quartier assiégé de Damas. Lorsqu'un missile fait un trou béant dans leur maison, Zeina découvre une fenêtre qui ouvre sur un monde de possibilités inimaginables. Elle aime dormir à la belle étoile et se lie d'amitié avec Amer, un voisin de son âge. Quand la violence des combats s’intensifie, Zeina et ses parents sont poussés à partir, mais son père est déterminé à rester dans leur maison. Il refuse d'être un réfugié. Confrontées à un dilemme de vie ou de mort, Zeina et sa mère doivent prendre une décision.
Critique :
Tout en symbole et métaphore, #Nezouh, pas exempt de quelques aspérités et d'une fragilité évidente, n'en est pas moins une douce et tragique fable à la fois réaliste et fantastique, où le pouvoir de l'imaginaire peut se faire le moteur du changement, même dans un monde en ruine pic.twitter.com/qOyxBKkCyp
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 24, 2023
Alors que son premier effort, primé à Venise en 2018, n'a toujours pas atteint l'hexagone - Le jour où j'ai perdu mon ombre -, la cinéaste syrienne Soudade Kaadan poursuit son auscultation d'une Damas tentaculaire et déchirée par la guerre et les bombes, avec le très beau Nezouh, où elle pose sa caméra au cœur d'une famille tiraillé entre l'envie de rester sur place et risquer sa vie, et l'envie de partir, de tout perdre et de devenir réfugiés dans un nouveau pays (ce que refuse catégoriquement - et absurdement - le patriarche).
En apparence familier, ce drame familier déjoue pourtant gentiment les hypothétiques attentes en jouant autant la carte du drame domestique donc, mais également celle d'un doux et lyrique récit de passage à l'âge adulte et d'émancipation, où une jeune adolescente - tout comme sa mère - découvre dans la tragédie (et un appartement de plus en plus en ruine), l'espoir, l'amitié et les possibilités d'une existence hors du joug des valeurs traditionnelles et patriarcales.
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Profondément optimiste dans sa manière d'embrasser une narration au féminin, de prôner l'espoir et l'autonomisation des femmes avec un regard joliment lyrique, trompant par sa douceur la dureté d'une réalité d'une société patriarcale toxique et brutale (même si le personnage du jeune Amer, représente l'espoir d'une jeune génération d'homme syrien moins toxique), Nezouh use avec malice d'un réalisme magique enchanteur (où l'effondrement d'un toit semble poétiquement conduire à celui, espéré, du patriarcat) pour mieux catapulter son auditoire dans une sorte de réalité semi-fantastique où les saillies oniriques sont avancées aussi bien pour renforcer la résilience de sa jeune héroïne face à un quotidien où la violence s'intensifie (où chaque jour, elle et les siens sont confrontés à un dilemme de vie et de mort, avant d'entamer un exil forcé et sous pression), que pour la pousser à penser et ressentir différemment.
Tout en symbole et en métaphore, Nezouh, il est vrai pas exempt de quelques aspérités et d'une fragilité (narrative comme formelle) évidente, n'en reste pas moins un beau et intense drame, une fable tragique à la fois réaliste et fantastique où le pouvoir de l'imaginaire peut se faire le moteur d'un changement, même dans un monde en ruine.
Jonathan Chevrier