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[CRITIQUE] : Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan


Réalisateur : Martin Bourboulon
Acteurs : François Civil, Eva Green, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Vicky Krieps, Oliver Jackson-Cohen,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Aventure, Historique.
Nationalité : Français.
Durée : 2h01min

Synopsis :
Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.



Critique :


Posons avant toute chose les bases : l'œuvre d'Alexandre Dumas qu'est Les Trois Mousquetaires est un classique indémodable et n'a donc nul besoin d'être dépoussiéré et réadapté à foison.
Cependant (car il y en a toujours un), à une époque où l'originalité se fait rare et où bon nombres de firmes/cinéastes jouent la carte de la facilité en usant jusqu'à la moelle tout titre un tant soit peu familier et populaire, il est devenu courant de la voir revenir sur le devant de la scène, peu importe les médiums.

Un petit peu plus d'une décennie après la gaudriole d'un Paul WS Anderson n'ayant lu que le dos de couverture pour concocter son blockbuster de destruction massive Pirates des Caraïbesque/ode à sa femme Milla (tellement que le film aurait du s'intituler Milady, tout court), Martin Bourboulon, déjà derrière un mitigé - pour être poli - Eiffel, cherche donc à nouveau à dépoussiérer ce qui n'a pas vraiment pris le temps d'en amasser, avec une nouvelle relecture dont on attendait moins la réappropriation folle des Charlots qu'un regard fun et décomplexé comme celui apposé par le papa de Event Horizon.

Copyright Ben King

Scindé en deux parties par une Pathé qui a mis les moyens comme pour le dernier Astérix de Guillaume Canet, Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan (en attendant Les Trois Mousquetaires : Milady d'ici le 13 décembre prochain) tente de renouer avec le divertissement d'aventure d'époque sauce cape et d'épée, tombé en désuétude dans l'hexagone au milieu des 90s, tout en recyclant avec une subtilité pachydermique une pluie de références.

De toute manière, et comme toute grosse production qui se respecte, il est acquis que le spectateur ne se pose pas trop de question et, au-delà de la richesse de la prose de Dumas, cette première partie s'avère suffisamment feuilletonesque pour que le spectateur lambda prenne un plaisir enfantin devant.
Le cinéphile lui, c'est une autre limonade...

Dénué de tout esprit épique et ne faisant jamais vraiment la part belle à des personnages dont le nombre de dialogues rachitiques frôle parfois l'indécence, l'intrigue mise tout sur un spectaculaire à coups de rebondissements mal amenés et d'une action qui, paradoxalement, manque d'impact et surtout d'un entrain suffisamment communicatif pour imprimer un minimum la rétine.

Copyright Ben King

Brouillonne - pour ne pas dire illisible - quant elle n'est pas découpée à l'emporte-pièce, plombée par une photographie (trop) sombre et une violence très (trop) sage, elle ne rend jamais vraiment - tout comme la mise en scène, qui a toujours un tempo de retard - justice à un casting au demeurant physiquement impliqué, à défaut d'avoir du grain à moudre ailleurs.

Et c'est là que le bas blesse le plus finalement, son adaptation hasardeuse et trop peu romanesque d'une oeuvre imposante, évidemment incomplète sans sa seconde moitié (qui ne devrait tout de même pas raccorder les wagons du côté de la psychologie/approfondissement des personnages), mais dont les partis pris discutables (un dernier tiers centré sur Milady et Athos, qui délaisse complètement tout le reste de la distribution) surplombent quelques réussites louables, comme un ton sensiblement désenchanté et une reconstitution au soin tout particulier.

Bourboulon donne donc sa vision de l'œuvre de Dumas, fait fit de toute psychologie complexe pour mieux se perdre dans une accumulation de scènes d'action mal troussées, et accouche in fine d'un divertissement brut de décoffrage et incarné avec prestance, que malade et condamnée à l'oubli une fois la séance digérée.

Copyright 2023 PATHE FILMS - M6

Pas du niveau des Charlots certes, mais les bouffonneries parodico-burlesques de Gérard Fillippelli et sa bande (capturées par le génial et touche-à-tout André Hunebelle, vrai pape du genre et papa du Bossu et du Capitan, avec son comédien fétiche Jean Marais) avaient au moins pour elles le charme et la nostalgie.
Inutile de dire où va notre préférence...


Jonathan Chevrier