[CRITIQUE] : Habib, la grande aventure

Réalisateur : Benoît Mariage
Acteurs : Bastien Ughetto, Catherine Deneuve, Thomas Solivérès, Sofia Lesaffre,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Belge, Français, Suisse.
Durée : 1h28min

Synopsis :
Habib est un jeune acteur qui rêve de théâtre et de cinéma, mais qui n’enchaîne que des rôles sans envergure. Sa famille a bien du mal à comprendre cette passion qui ne lui rapporte pas un rond. Jusqu’au jour où il décroche un petit rôle de gigolo aux côtés de Catherine Deneuve. C’est le début de la grande aventure, mais aussi le début des problèmes…

Critique :

Inégal mais généreux et touchant, #HabibLaGrandeAventure se fait une comédie tanguant constamment entre l'absurde et le réalisme, qui survole un brin ses thèmes tout autant qu'elle offre une vraie réflexion sur la notion d'identité, dominée par un épatant Bastien Ughetto. pic.twitter.com/44Dq3rO7P2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 20, 2023

Qu'on se le dise, les films de Benoît Mariage ne sont pas vraiment des invitations faciles à appréhender, incarnant toutes où presque des expériences singulières et déroutantes, des comédies dramatiques sensiblement coincées le fessier entre deux fauteuils cinématographique tout autant qu'elles provoquent, paradoxalement, des performances remarquables de la part des comédiens mis à contribution (majoritairement Benoît Poelvoorde).
Un cinéma à part offrant un regard particulier et poétique sur une réalité scrutée à la lisière du documentaire.

Son nouvel effort, concocté près de neuf ans après Les Rayures du zèbre, ne déroge absolument pas à cette règle et assume pleinement ses contours d'œuvre décalée et bancale, tout autant qu'elle est bardée de bons sentiments.
Habib, la grande aventure décontenance autant qu'il séduit, tâtonne autant qu'elle sait viser juste parfois, dans sa prise en grippe d'une industrie dont il expose l'absurdité confondante.

On y suit les atermoiements - mais surtout les galères - d'Habib, jeune bruxellois d'origine marocaine qui peine à vivre d'un métier de comédien dont il est réellement passionné, mais qui est une source de conflit autant d'un point de vue existentiel (son obligation de jouer " l'arabe de service " pour exister à l'écran) que familial (avec une famille férocement dysfonctionnelle), à qui il peine à avouer ses prochains rôles - celui d'un gigolo auprès de Catherine Deneuve, et de Saint-François d'Assise sur scène.

De ses pérégrinations loufoques voire même parfois totalement lunaires et incompréhensibles, Mariage tente de tirer aussi bien une comédie poétique et burlesque qu'une vraie réflexion sur la notion d'identité, entre l'image de soi que l'on renvoie et celle que l'on a de soi-même, et encore plus dans un monde artistique totalement articulé autour du paraître.
En résulte une œuvre bancale mais attachante et savoureusement surréaliste, tanguant constamment entre l'absurde et le réalisme, qui survole un peu ses thèmes tout autant qu'elle est dominée de la tête et des épaules par un épatant Bastien Ughetto.
Inégal donc mais pas moins généreux et sympathique.

Jonathan Chevrier