[CRITIQUE] : Tetris
Réalisateur : Jon S. Baird
Acteurs : Taron Egerton, Roger Allam, Toby Jones,...
Distributeur : Apple TV Plus
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min
Synopsis :
L'incroyable histoire du plus populaire des jeux vidéo et comment il a rencontré la ferveur des joueurs du monde entier. Henk Rogers découvre Tetris en 1988 et risque le tout pour le tout lorsqu'il se rend en URSS, où il s'allie à Alexey Pajitnov, pour faire connaître le jeu au monde entier. Inspiré d'une historie vraie, Tetris est un explosif thriller sur fond de guerre froide, avec des traîtres, des héros improbables et une infernale course contre la montre.
Critique :
Acteurs : Taron Egerton, Roger Allam, Toby Jones,...
Distributeur : Apple TV Plus
Budget : -
Genre : Biopic, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min
Synopsis :
L'incroyable histoire du plus populaire des jeux vidéo et comment il a rencontré la ferveur des joueurs du monde entier. Henk Rogers découvre Tetris en 1988 et risque le tout pour le tout lorsqu'il se rend en URSS, où il s'allie à Alexey Pajitnov, pour faire connaître le jeu au monde entier. Inspiré d'une historie vraie, Tetris est un explosif thriller sur fond de guerre froide, avec des traîtres, des héros improbables et une infernale course contre la montre.
Critique :
Porté par un esprit " Argo " tant il joue la carte souvent discutable de la rationalisation/fictionnalisation des détails importants de son histoire vraie, #Tetris n'en reste pas moins un petit bout de cinéma pop-corn rythmé et entraînant malgré son sujet indéniablement de niche. pic.twitter.com/jm2PBMTLMy
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 31, 2023
Posons les bases : Tetris est sans doute le jeu vidéo le plus populaire de l'histoire du médium, l'incarnation la plus universelle d'une humanité qui joue, une distraction totalement amateur créée à l'époque de la Guerre Froide du côté du bloc soviétique, appelée à devenir un phénomène mondial dans une alliance parfaite et pourtant férocement simpliste, des mathématiques, de la science et de l'art.
Plus folle encore fut son histoire, sensiblement romancée au coeur du film éponyme de Jon S. Baird, qui transforme la réalité en une sorte de thriller d'espionnage/comédie nostalgique inégal mais divertissant, sous fond d'extraction de Russie et de négociations explosives, le tout enrobé dans un bon gros glaçage de la culture pop des 80s - pour racoler à tous les râteliers.
Un sacré gloubiboulga qui fait pourtant, étonnamment, bien son office, une version brillante et abrégée des événements qui ont conduit au succès mondial du jeu, se concentrant moins sur le programmeur/créateur du jeu Alexey Pajitnov (qui l'avait créé pendant son temps libre à Elorg, une branche informatique du gouvernement soviétique) que sur l'homme d'affaires désespéré Henk Rogers, et comment le bonhomme a réussi à démêler les droits d'exploitation de Tetris afin que lui-même et Nintendo puissent faire péter leur compte en banque.
La narration n'est d'ailleurs jamais plus à son meilleur que lorsqu'elle colle au plus près de la bataille acharnée et des négociations âpres (mais furieusement cinégénique, à l'instar du walk and talk passionnant Steve Jobs du tandem Danny Boyle/Aaron Sorkin - coucou Apple) qui ont déterminé qui détenait les droits de vente et d'exploitation du jeu vidéo; un véritable puzzle narratif qui fait écho au fascinant (et bien réel) jeu d'échecs presque cartoonesque des négociations entre hommes d'affaires peu scrupuleux (pensez Succession), dans lequel s'immiscera même le KGB - tactiques d'intimidations et de menaces à la clé.
Dommage à l'inverse, que le reste du long-métrage ne soit pas aussi maîtrisé que ce push and pull contractuel, notamment lorsqu'il se concentre abondamment sur le parcours chaotique de Rogers (un Taron Egerton joliment investi en entrepreneur yuppie, aussi imparfait et motivé par l'argent qu'il peut être gentiment attachant), un homme tellement au bord du désastre financier qu'il se lance à corps perdu et sans peur dans une bataille consumante où il affronte tel un Rocky du commerce, le bloc soviétique quitte à douloureusement laisser son rôle de père, sur le bas-côté de la route.
Plus déroutante encore sont cela dit les tentatives étrangement pixélisées de l'écriture à bifurquer pleinement vers le thriller d'espionnage sauce 80s/90s, avec quelques saillies d'action qui tranchent totalement avec la réalité des faits relatés à travers le temps (notamment à travers le documentaire de la BBC From Russia with Love).
Où comment manipuler les limites de la mention " inspiré d'une histoire vraie ", pour la fictionnaliser à sa guise...
Mais cet esprit " Argo " qui accumule avec gourmandise les rebondissements autant qu'il joue la carte souvent discutable de la rationalisation des détails importants, ne vient jamais vraiment plomber le plaisir sincère qu'incarne la vision de ce petit bout de cinéma pop-corn rythmé et entraînant malgré son sujet indéniablement de niche (qui avait réellement la connaissance de la manière dont ce monument 8 bits est passé de derrière le rideau de fer pour atterrir entez les mains de millions de personnes ?).
Un thriller comique un brin exagéré qui assume totalement l'absurdité de son histoire largement enracinée dans la réalité, et qui porte fièrement à l'épaule son regard nostalgique sur une époque révolue.
Allez, on ressort nos Game Boys et on refait une partie ?
Jonathan Chevrier
Plus folle encore fut son histoire, sensiblement romancée au coeur du film éponyme de Jon S. Baird, qui transforme la réalité en une sorte de thriller d'espionnage/comédie nostalgique inégal mais divertissant, sous fond d'extraction de Russie et de négociations explosives, le tout enrobé dans un bon gros glaçage de la culture pop des 80s - pour racoler à tous les râteliers.
Un sacré gloubiboulga qui fait pourtant, étonnamment, bien son office, une version brillante et abrégée des événements qui ont conduit au succès mondial du jeu, se concentrant moins sur le programmeur/créateur du jeu Alexey Pajitnov (qui l'avait créé pendant son temps libre à Elorg, une branche informatique du gouvernement soviétique) que sur l'homme d'affaires désespéré Henk Rogers, et comment le bonhomme a réussi à démêler les droits d'exploitation de Tetris afin que lui-même et Nintendo puissent faire péter leur compte en banque.
Copyright Apple TV+ |
La narration n'est d'ailleurs jamais plus à son meilleur que lorsqu'elle colle au plus près de la bataille acharnée et des négociations âpres (mais furieusement cinégénique, à l'instar du walk and talk passionnant Steve Jobs du tandem Danny Boyle/Aaron Sorkin - coucou Apple) qui ont déterminé qui détenait les droits de vente et d'exploitation du jeu vidéo; un véritable puzzle narratif qui fait écho au fascinant (et bien réel) jeu d'échecs presque cartoonesque des négociations entre hommes d'affaires peu scrupuleux (pensez Succession), dans lequel s'immiscera même le KGB - tactiques d'intimidations et de menaces à la clé.
Dommage à l'inverse, que le reste du long-métrage ne soit pas aussi maîtrisé que ce push and pull contractuel, notamment lorsqu'il se concentre abondamment sur le parcours chaotique de Rogers (un Taron Egerton joliment investi en entrepreneur yuppie, aussi imparfait et motivé par l'argent qu'il peut être gentiment attachant), un homme tellement au bord du désastre financier qu'il se lance à corps perdu et sans peur dans une bataille consumante où il affronte tel un Rocky du commerce, le bloc soviétique quitte à douloureusement laisser son rôle de père, sur le bas-côté de la route.
Plus déroutante encore sont cela dit les tentatives étrangement pixélisées de l'écriture à bifurquer pleinement vers le thriller d'espionnage sauce 80s/90s, avec quelques saillies d'action qui tranchent totalement avec la réalité des faits relatés à travers le temps (notamment à travers le documentaire de la BBC From Russia with Love).
Où comment manipuler les limites de la mention " inspiré d'une histoire vraie ", pour la fictionnaliser à sa guise...
Copyright Apple TV+ |
Mais cet esprit " Argo " qui accumule avec gourmandise les rebondissements autant qu'il joue la carte souvent discutable de la rationalisation des détails importants, ne vient jamais vraiment plomber le plaisir sincère qu'incarne la vision de ce petit bout de cinéma pop-corn rythmé et entraînant malgré son sujet indéniablement de niche (qui avait réellement la connaissance de la manière dont ce monument 8 bits est passé de derrière le rideau de fer pour atterrir entez les mains de millions de personnes ?).
Un thriller comique un brin exagéré qui assume totalement l'absurdité de son histoire largement enracinée dans la réalité, et qui porte fièrement à l'épaule son regard nostalgique sur une époque révolue.
Allez, on ressort nos Game Boys et on refait une partie ?
Jonathan Chevrier