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[CRITIQUE] : Kill Bok-soon


Réalisateur : Byun Sung-hyun
Avec : Jeon Do-yeonFahim Fazli, Hwang Jung-Min,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Sud-coréen.
Durée : 2h17min

Synopsis :
Côté pro, c'est une tueuse à gages réputée. Côté perso, une mère célibataire dépassée. Si tuer ne lui pose aucun problème, élever sa fille adolescente est une tout autre histoire.



Critique :


On ne peut pas vraiment dire que les amoureux de bisseries qui tâchent ne soient pas gâtés en ce moment, que ce soit dans leur salon avec The Killer - Mission : Save a girl de Choi Jae-hun où avec la proposition orgiaque offerte par Chad Stahelski avec John Wick : Chapitre 4, en salles depuis une petite dizaine de jours.
Mais pour tous ceux ayant encore une petite fringale après l'entrée, le plat, le dessert, le fromage et même le café assénés par cette ode à la castagne de près de trois heures bien tassées, Netflix dégaine son alléchant Kill Bok-soon de Byun Sung-hyun histoire de rassasier tout le monde - avec même un peu de rab -, après un passage remarqué du côté de la dernière Berlinale.

Tout aussi familier - mais sensiblement moins sanglant - que le dernier actionner survitaminé produit par la plateforme du côté du Pays du matin frais (le sympathique mais éreintant Carter de Jeong Byeong-gil), le film se revendique comme la fusion entre un actionner au féminin qui dépote et un drame familial vissée sur une difficile relation mère-fille, le tout avec une variante plutôt corsé : la matriarche célibataire est une tueuse à gages, et pas la plus manchot du business.

Copyright Noh Ju-han/Netflix © 2023

Du cousu main donc où presque, qui ne semblait pas forcément péter dans la soie de l'originalité avec son " envers du décor " du quotidien à la Mr. & Mme Smith saupoudré de Gunpowder Milkshake (agences/multinationales derrière le business du crime et un code d'honneur so John Wickien en prime), en résolument plus nerveux et moins mou du genou que le " romantique " film de Doug Liman - et sensiblement plus mémorable que l'énorme gâchis de talents qu'incarne la péloche de Navot Papushado.

Alors certes, si la formule sent un poil le plat réchauffé, ce n'est que pour mieux bousculer nos papilles avec une action entraînante et millimétrée à l'extrême (continuellement lisible et au montage fluide as hell), une apologie du Kaboom à l'anti-héroïne férocement badass et ambivalente (magnifique Jeon Do-yeon, qui suscite l'empathie tout en étant loin d'être un ange), un effort aussi insensible à la violence qu'il cherche, paradoxalement, à explorer toutes les émotions qui irrigue tous ses personnages - finement croqués - que la relation maternelle au coeur de sa narration, qui s'effiloche alors même que la gamine plonge dans les affres difficiles de l'adolescence (et de la découverte de sa propre sexualité), et que la matriarche fait tout pour ne pas répéter les erreurs du passé et briser le cycle.

Copyright Noh Ju-han/Netflix © 2023

Une exploration simple mais pas pour autant simpliste (notamment avec une pointe d'ironie sur les tropes et stéréotypes de ce type de productions) du genre, qui se sait pleinement héritière des virtuoses proses sanglantes et artistiquement abouties de Miike et Kitano, où les empoignades homériques ne sont pas uniquement conçues pour titiller le penchant régressif de son auditoire, puisque chaque affrontement a un sens et fait avancer l'histoire.
Kill Bok-soon c'est délicieux, étonnamment fin et oui, ça se dévore sans faim.


Jonathan Chevrier