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[CRITIQUE] : Mon Crime


Réalisateur : François Ozon
Acteurs : Nadia Tereskiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, André Dussollier, Félix Lefebvre,...
Distributeur : Gaumont Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Policier, Judiciaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min

Synopsis :
Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…



Critique :


Que serait-ce une année ciné sans sa cuvée Ozon, dit millésime dont la critique se plaît assez régulièrement à fustiger là où elle fait pourtant partie, presque constamment, de ce que le cinéma hexagonal propose de mieux dans les salles obscures.
On avait laissé le prolifique cinéaste avec l'infiniment personnel Peter Von Kant où avec son approche scopophile (et fétichiste, évidemment) sur le cinéma du Maestro Rainer Werner Fassbinder, il concoctait un pur acte de cinéma autobiographique et biographique, mêlant sa sensibilité à celle de l'orfèvre allemand dans un mélange intime de tendresse, de burlesque et de tragédie.
Un bel et fascinant objet cinématographique, tout simplement.

Plus casse-gueule encore est son nouvel effort, où il épouse encore un peu plus passionnément autant la légèreté que toute la théâtralité de son cinéma au travers d'une adaptation plus où moins libre d'une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil, déjà passée par deux fois par la case cinéma - La Folle confession de Wesley Ruggles en 1937, et son remake Cross My Heart signé John Berry en 1946.

Copyright Carole Bethuel - 2023 - MANDARIN ET COMPAGNIE - FOZ - GAUMONT - SCOPE PICTURES - FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME PRODUCTION

Mais qui dit légèreté ne dit pas fondamentalement superficialité - encore moins chez un cinéaste où la parodie est si fine -, et en ce sens Mon Crime se fait le parfait cousin (même si un chouïa moins transgressif) de Huit Femmes et Potiche dans sa manière de jouer la carte de la comédie policièro-judiciaire (oui) gentiment frivole à la lisière du théâtre de boulevard voire même de la screwball comedy Hollywoodienne, féministe jusqu'au bout des ongles.

Belle bulle burlesque et rétro à la mise en scène méticuleuse, alignant les dialogues ciselés (quoique un poil sur-écrit) et les instants de pure absurdité avec une frénésie férocement enthousiasmante, le Ozon nouveau, articulé autour d'une intrigue volontairement simpliste (une jeune et jolie actrice sans le sou est accusé du meurtre d'un célèbre producteur, et se fait aider dans sa défense par son amie avocate) se fait autant le prétexte pour brasser une multitude de thèmes prenants et intemporels (les notions de vérité et de mensonge à une heure où elles étaient déjà facilement manipulables, la fascination du public pour les faits divers, la condition des actrices mais aussi et surtout la cause des femmes - avec en sous-texte la difficulté d'assumer son homosexualité) que pour laisser s'éclater son imposante distribution (dominé par une Isabelle Huppert qui vole le show sur une poignée de scènes).

Copyright Carole Bethuel - 2023 - MANDARIN ET COMPAGNIE - FOZ - GAUMONT - SCOPE PICTURES - FRANCE 2 CINEMA - PLAYTIME PRODUCTION

Merveilleusement décalé autant qu'il est emprunt d'une contemporanéité (#MeToo en tête, et pas de post, le mouvement est et doit toujours être d'actualité) essentielle, Mon Crime envoie valser 
le dictat oppressant du système patriarcal le temps d'une douce évasion pop et galvanisante.
Du grand Ozon.


Jonathan Chevrier