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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #81. Scream 3

Copyright Dimension Films

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#81. Scream 3 de Wes Craven (2000)

Souvent considéré comme le vilain petit canard de la saga, le troisième opus de Scream souffre de divers problèmes de production, à l'instar d'un script de Kevin Williamson qui finira annulé. Souvent utilisé par les fans comme argument de la survie d'un des deux tueurs du film original, ce script devait à l'origine voir Stu Macher diriger des étudiants à distance pour opérer ses meurtres. Entre temps, l'Amérique se verra choquée par la fusillade de Columbine (tout en ne faisant rien plus tard pour éviter que cela se répète). Alors, le film va vers Hollywood, dans une version cauchemardesque de la ville des rêves. Le premier plan, montrant le logo de près à peine illuminé par un hélicoptère d'informations, annonce subtilement la couleur du film. L'idée même de la scène d'ouverture semblera moins intéressante que dans les précédents opus mais va dans cette direction d'un traitement médiatique hollywoodien plus amer. Mieux encore, il prolonge l'idée d'une mise en scène littérale par le tueur. Ce dernier modifie sa voix, annonce sa « réalisation » avec un « Let's go for a closer look » alors qu'il se rapproche d'une femme qui se douche,... Tout annonce déjà l'identité de Ghostface tout en se révélant pertinent avec ce que la saga a développé auparavant dans le rapport fictionnel. Il se fera ici par un autre prisme, celui d'un Hollywood clairement désabusé.

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Après l'attaque d'ouverture, le film reprend sur une Sidney éloignée de tout. Son isolement, nourri par les inquiétudes amenées par les films précédents, souligne déjà un rapport au traumatisme ayant définitivement impacté le personnage, au point de travailler en distanciel par téléphone sous un faux nom. L'idée même qu'elle reste dans une forme de protection d'autres femmes prolonge d'ailleurs son statut de survivante et de préservatrice pour d'autres potentielles victimes d'une violence masculine, pouvant être considérée à l'origine des meurtres dans les précédents opus. Cet enfermement imposé marque aussi une douleur plus intériorisée. Cela permettra d'ailleurs un parallèle avec le passé hollywoodien de Maureen, dans la forme cyclique qu'essaie d'adopter ce troisième opus.

Mais pour revenir à l'idée du traumatisme fictionnalisé, il est intéressant de voir comment l'équipe de  Stab 3 se voit attaquée par le meurtrier, interrogeant sur comment la fictionnalisation de traumatismes peut se retourner contre l'industrie, et principalement ses plus petites mains. Car si l'objectif est de s'attaquer à un producteur, ce sont surtout les acteurs qui feront les frais du massacre, comme si le fait même d'archétyper d'autres victimes (pourtant elles-mêmes nourries par leur archétypation) les rend susceptibles de se faire assassiner à leur tour. Le jeu de parallèle fictionnel va d'ailleurs être souligné quand un personnage déclare à la 15ème minute qu'ils ne courent pas le moindre danger... avant qu'un autre protagoniste ne fasse remarquer que le protagoniste qu'elle incarne déclare ça à la quinzième page du script. Hollywood avale les traumatisés et leur incarnation pour mieux les détruire encore et encore. Les raisons même des meurtres apportent ce questionnement sur une industrie qui broie tout le monde.

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Pourtant, Scream 3 conserve l'amusement des autres dans les codes et le rapport à la fictionnalisation, notamment dans le lien qui va finir par lier Gale à l'actrice qui l'interprète. Le retour de Randy dans une séquence apporte même le besoin de recodifier le long-métrage tandis que certains caméos plutôt gratuits (Jay et Silent Bob, Carrie Fisher) brouillent encore plus les attentes avec un certain plaisir. Mais c'est dans son rapport induit à l'industrie même qu'il devient intéressant. Dans la meilleure scène de fuite du long-métrage, Sidney se retrouve face à la reconstruction d'un Woodsboro factice. Tout est plus petit, reconstruit pour mieux coller à la vision d'un réalisateur/tueur, avant de devoir échapper au tueur. Coincée par la fenêtre, elle ne convient pas à la vision apposée par le meurtrier. Pourtant, Sidney devra se réapproprier cette identité qu'elle a perdue selon son père (« It's as if you don't exist ») par une confrontation envers cet agent de contrôle fictionnel.

Toute cette tension narrative a beau ne pas avoir l'éclat attendu, il en résulte un opus passionnant par cette approche toujours aussi intéressée d'un personnage qui doit retrouver sa place face à une fictionnalisation imposée par les différents assassins de la saga.

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Ainsi, si ce troisième Scream n'a pas l'impact méta réflexif de ses prédécesseurs, il n'en demeure pas moins un slasher intéressant parvenant à dénoncer la réappropriation Hollywoodienne et la violence émotionnelle qu'il en résulte. L'image de fin, montrant une héroïne apaisée, pouvant laisser une porte ouverte sans s'inquiéter et retrouver la joie de voir un film sans en être l'objet principal. Si les suites qui suivront mettront à plat cette conclusion, il en ressort quand même quelque chose d'assez touchant pour faire de ce troisième épisode un film intéressant dans ses propositions thématiques.


Liam Debruel