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[CRITIQUE] : Sharper


Réalisateur : Benjamin Caron
Acteurs : Julianne Moore, Sebastian Stan, Justice Smith, John Lithgow, Briana Middleton, Lucy Taylor,...
Budget : -
Distributeur : Apple TV+
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h42min

Synopsis :
Sharper dévoile un New York secret, des luxueux appartements aux coins sombre du Queens. Lorsque les apparences sont trompeuses, les motivations sont douteuses et les espoirs contrariés.



Critique :


À défaut certes de dégainer des péloches majeurs tous les 10 du mois, force est d'admettre que fasse aux propositions pléthoriques - et furieusement jetables - de ces concurrents, Apple TV roule gentiment sa bosse et propose un contenu réellement de qualité, pas fondamentalement original pour un sou certes, mais qui survit étonnament bien aux visions répétées que ce soit des deux côtés - télévisé et cinématographique - de son catalogue.
S'inscrivant totalement dans cette mouvance " divertissant mais ne pétant absolument pas dans la soie de l'originalité ", Sharper, estampillé premier long-métrage de Benjamin Caron, se fait un sympathique riff néo-noir élégant et sinueux plus où moins tourné avec soin et comme un thriller à la Michael Mann - toute propension gardée -, scrutant la grosse arnaque chaotique qui s'organise entre divers escrocs incarnés par une solide distribution (Julianne Moore, Sebastian Stan, Justice Smith, John Lithgow, Briana Middleton, Lucy Taylor,...).

Du cousu main pour les amoureux du genre, dont il titille avec nostalgie la flamme de son apogée (les 70s, de Paper Moon à The Sting en passant par House Of Games) jusque dans ses dialogues à la David Mamet, et qui fait admirablement bien son office tant que l'on ne s'attarde pas trop sur les coutures de son puzzle narratif chargé en twists.

Copyright 2023 Apple Inc.

Quoiqu'on en dise, il y a indéniablement quelque chose de profondément jouissif à observer une arnaque/tromperie s'exécuter à l'écran avec la précision d'une horlogerie suisse (comme un casse pour son genre cousin, le heist movie), entre ruses humaines sournoises et complots plus où moins vicieux, qu'un dénouement sensiblement soigné vient parachever comme la cerise d'un gâteau pervers que l'on espère encore digeste le lendemain - la seconde vision en somme.
Structuré de manière épisodique et renversée tout en étant porté par une ouverture qui joue pleinement la carte de la note d'intention (le script de Brian Gatewood et Alessandro Tanaka a longtemps squatté la fameuse black-list Hollywoodienne), Sharper se fait à la fois un digne descendant de ses illustres aînés autant qu'un petit bout de cinéma furieusement prévisible aux rebondissements télégraphiés, dont il est difficile de ne pas tiquer sur son dénouement loufoque, pour ne pas dire un brin stupide.

Trop prudent et pas assez fin pour tromper qui que ce soit (et il est important d'y entrer expurgé de tout spoiler), le film n'en est pas moins une agréable balade à l'ancienne dans un New York séduisant (et magnifiquement embaumé par la photographie de Charlotte Bruus Christensen).
Oubliable et convenu donc mais réellement ludique.


Jonathan Chevrier