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[CRITIQUE] : Youssef Salem a du succès


Réalisatrice : Baya Kasmi
Avec : Ramzy Bedia, Noémie Lvovsky, Abbes Zahmani, Melha Bedia, Tassadit Mandi,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min

Synopsis :
Youssef Salem, 45 ans, a toujours réussi à rater sa carrière d’écrivain. Mais les ennuis commencent lorsque son nouveau roman rencontre le succès car Youssef n’a pas pu s’empêcher de s’inspirer des siens, pour le meilleur, et surtout pour le pire. Il doit maintenant éviter à tout prix que son livre ne tombe entre les mains de sa famille…



Critique :


Il y a quelque chose de réellement intéressant dans le fait de décrypter les parcours en apparence dissemblables et pourtant étonnamment bardés de points communs, qui ont émaillés les carrières dites " solos " d'Eric et Ramzy au fil des décennies, même s'ils ne se sont jamais réellement quittés aussi bien sur le petit que sur le grand écran.
Si Éric Judor a très vite su exprimer un versant plus attachant et absurde de son humour - pas uniquement chez Quentin Dupieux - autant qu'un vrai talent de créateurs d'histoires (Platane forever) aux influences insoupçonnées, Ramzy Bedia lui, même s'il s'est également essayé à la réalisation en solitaire avec le mésestimé et Gondry-esque Hibou, a moins concentré ses efforts sur la réalisation et l'écriture mais a sensiblement fait évoluer sa palette d'acteur en voguant vers des terrains plus sinueux et matures (le drame), tout en accentuant consciemment son statut de visage familier d'une comédie populaire française que l'on imagine presque plus sans lui.
Une diversification qui lui permet aujourd'hui d'être aussi à l'aise que crédible dans des rôles dits plus " sérieux " et exigeants, comme celui offert par la cinéaste Baya Kasmi pour son second long-métrage, Youssef Salem a du succès, co-écrit tout comme pour Je suis a vous tout de suite (où le comédien figurait déjà au casting), avec la plume de Michel Leclerc.

Copyright 2022 DOMINO FILMS/FRANCE 2 CINEMA

Plongée comico-mélancolique dans les méandres du quotidien d'un écrivain quarantenaire qui n'a jamais vraiment su trouver sa place, que ce soit au sein de sa famille modeste à qui il ment par honte de les décevoir (mais aussi par crainte de les affronter), où dans un milieu littéraire parisien qui lui prête attention uniquement lorsqu'il rencontre un succès inespéré en s'inspirant de manière plus où moins exagérée des siens; le film se fait une merveilleuse et intelligente comédie protéiforme alternant entre la piquante chronique familiale bouffée par les mensonges et les non-dits (saupoudré d'une réflexion sur notre rapport à nos racines, la religion et notre identité), la satire affûtée sur la célébrité (où notoriété rime douloureusement avec solitude) et la perversité des médias (qui se nourrit de toute polémique absurde et putassière) mais également le trip méta (une introduction façon film dans le film, avec la mise en images un poil trop romanesque du roman de Youssef) et la déconstruction habile et juste des stéréotypes - toujours dans l'humour - d'une France bien-pensante boursouflée par les préjugés faciles.
Le tout sans oublier une vraie ode à l'importance et à l'amour de l'écriture, embaumée dans une bienveillance qui fait chaud au coeur (même si son final paraît justement un peu trop conditionné par ce prisme), renforcée par la partition touchante de Ramzy Bedia en écrivain - littéralement - débordé.
Comédie sociale légère et universelle à l'ironie mordante, Youssef Salem a du succès, pas si éloigné finalement du récent Les Miens de Roschdy Zem, est un petit bout de cinéma modeste, poétique et fin qui vaut chèrement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier


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