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[CRITIQUE] : Terrifier 2


Réalisateur : Damien Leone
Avec : Lauren LaVera, David Howard ThorntonJenna Kanell, Catherine Corcoran,...
Distributeur : ESC Films/Shadowz
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min

Synopsis :
Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d'Halloween.



Critique :


Dans une autre vie, Terrifier 2 de Damien Leone aurait pu/dû sortir en catimini du côté de la VOD, sagement enterré parmi d'autres péloches horrifiques à petits bugdets qui portent l'étiquette " inédit " comme un insigne d'honneur, le seul outil capable d'attirer un brin un spectateur dont la nécessité de payer pour du DTV de luxe n'est plus vraiment un réflexe familier.
Il faut dire que le premier opus, financé par crowdfunding en 2018, n'avait même pas atteint les radars hexagonaux (il vient seulement de débarquer sur Shadowz), preuve que son succès sur ses terres n'était pas forcément voué à traverser l'Atlantique.
Mais les miracles existent parfois et porté par un bouche à oreille qui ferait mouiller n'importe quel distributeur, ce bon gros slasher sadique et sanglant contant la nouvelle épopée morbide du mémorablement dégueulasse Art Le Clown, arrive donc dans nos salles - pas assez - obscures, avec un improbable élan nostalgique d'une époque (pas si) lointaine - le début/milieu des années 2000 - où le torture porn faisait sa loi sur le genre horrifique.

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Sorte de fusion déglinguée entre l'épuisement inoffensif de Krusty le clown et le sadisme joyeux de Pennywise, Art dépoussière la figure du boogeyman pas tant dans son look - épuré et déglingué - que dans ses exactions cruelles (uniquement motivée par l'idée d'exercer le mal comme une réelle source de plaisir), une figure insaisissable et brutale dans son expression d'une violence sourde et cartoonesque qui prend (souvent) le spectateur au dépourvu, et qui défie autant les lois du temps que de l'espace.
Et force est d'admettre qu'il n'y a rien de plus attrayant qu'un boogeyman sans motivation psychologique qui enchaîne les victimes avec gourmandise, d'autant plus si celui-ci est capable d'effrayer par sa simple présence.
En ce sens, plus encore que son aîné dont il est une extension bigger and louder, Terrifier 2 est une anomalie dans la distribution actuelle, lui qui privilégie une expérience frontale et viscérale expurgée à toute tension et/où épanouissement intellectuel (" elevated horror "), un peu à l'image du Malignant de James Wan qui n'avait pas peur d'incarner un roller coaster absurde et barré.

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Nous ramenant avec délice aux slashers old school où l'abondance de gore et un tueur plus où moins charismatique constituaient généralement les seules exigences du cahier des charges, le film se fait un vrai morceau d'horreur à l'ancienne sombre et bricolé (aux effets artisanaux, pour ne rien gâcher), qui s'autorise quelques extravagances salutaires (un subtil humour macabre en tête) mais ne s'évite pas pour autant quelques couacs (une tentative vaine de donner une profondeur psychologique aux principales victimes, une misogynie persistante et malaisante dans certains meurtres à la méticulosité dérangeantes, où encore quelques touches surnaturelles qui tranchent avec l'empreinte furieusement terrestre du premier opus).
Les aléas évidents lorsque l'on s'appuie sur une histoire qui va droit au but (épouser la cruauté folle d'Art), quitte à bazarder tout ce qui l'entoure pour mieux incarner coûte que coûte une bonne bisserie qui tâche aussi jouissive et graphique qu'éprouvante.


Jonathan Chevrier