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[CRITIQUE] : Les Rascals


Réalisateur : Jimmy Laporal-Tresor
Avec : Jonathan Feltre, Missoum Slimani, Victor Meutelet,...
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h44min

Synopsis :
Les Rascals, une bande de jeunes de banlieue, profite de la vie insouciante des années 80. Chez un disquaire, l’un d’eux reconnait un skin qui l’avait agressé et décide de se faire justice lui-même. Témoin de la scène, la jeune sœur du skin se rapproche d’un étudiant extrémiste qui lui promet de se venger des Rascals. Alors que l’extrême droite gagne du terrain dans tout le pays, la bande d’amis est prise dans un engrenage. C’est la fin de l’innocence…



Critique :


Même si l'on parle d'un fantasme nostalgique que les moins de trente ans ne peuvent pas forcément connaitre (quoique), qui n'a jamais eu envie de porter, à la vision du cultissime Les Guerriers de la nuit de Walter Hill, porter un veston marron des Warriors et arpenter les rues de Coney Island aux côtés de Swan, Ajax et Rembrandt ?
Évidemment, si cette pensée embrasse une certaine rationalité à mesure que l'adolescence et la compréhension réelle de la vie font leur office, tout enfant/ado biberonnés au coeur des 80s/90s a voulu se créer sa propre bande pour mieux se fritter avec son prochain (GTA n'a rien arrangé), et il y a quelque chose d'assez étrange dans le fait qu'aucun cinéaste hexagonal ne se soit attaché à en décliner l'essence pour la plaquer sur notre propre quotidien, et encore plus à la fin des années 90 où la banlieue commençait à être finement placée sur le radar du septième art.

Copyright Jean-Philippe Beltel

Jimmy Laporal-Tresor corrige sensiblement le tir avec son enthousiasmant et rageur Les Rascals, chronique socialo-énervée sur une jeunesse répondant aux extrêmes par la force de ses poings.
Instinctivement logé dans l'ombre de ses illustres références/figures tutélaires (Les Guerriers de la Nuit, The Outsiders, Les Seigneurs,...), le premier long-métrage de Laporal-Tresor pose sa caméra au beau milieu des 80s (époque justement où l'impact de ses films cultes étaient au plus fort auprès des spectateurs) où, au milieu de quelques bandes laissant pointer leurs rivalités dans la rue, les premières bandes skinheads firent leur apparition.
Ici, elles sont incarnées de manière fictionnelle par les " Boneheads ", groupuscule organisé et violent totalement assimilé à l'extrême droite, auquel va s'opposer les " Rascals ", une bande de cinq amis issus de la banlieue et d'univers différents, dont deux de ses membres trouveront dans cet affrontement une manière de se venger d'un ennemi commun du passé.
Regard coup de poing et au plus près des coups et du bitume de la montée graduelle du facisme/néo-nazisme dans l'hexagone, le film se fait un constat affûté d'une époque sombre de la France sous Mitterand où la violence pointe - littéralement - à tous les coins de rues et où un racisme totalement décomplexé (même du " bon " côté de la loi) commence a durablement s'installer.

Copyright Lea Renner

Cloué aux basques d'une jeunesse (pas seulement issue de l'immigration, dont l'intégration est totalement biaisée) marginalisée, perdue et sans réel avenir dont l'innocence est autant instrumentalisée que gangrenée par une haine et une rage grimpant crescendo dans son expression; Les Rascals, à la finesse toute relative il est vrai (notamment dans son écriture des personnages féminins), nous ramène avec didactisme et pessimisme dans les 80s pour mieux sonder le présent meurtri d'une France d'aujourd'hui qui au lieu de panser les plaies de l'incompréhension et du rejet de l'autre, n'a fait que les laisser s'infecter jusqu'au point de non-retour.
Un premier effort percutant et frontal dans sa manière jamais manichéenne d'aborder ses thèmes essentiels (racisme, immigration, question identitaire, extrême droite,...), et dont l'ambition à toute épreuve fait réellement plaisir à voir.


Jonathan Chevrier


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