[CRITIQUE] : L'Immensità
Réalisateur : Emanuele Crialese
Avec : Penélope Cruz, Luana Giuliani, Vincenzo Amato,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Rome dans les années 1970. Dans la vague des changements sociaux et culturels, Clara et Felice Borghetti ne s’aiment plus mais sont incapables de se quitter. Désemparée, Clara trouve refuge dans la relation complice qu’elle entretient avec ses trois enfants, en particulier avec l’aînée née dans un corps qui ne lui correspond pas.
Faisant fi des jugements, Clara va insuffler de la fantaisie et leur transmettre le goût de la liberté, au détriment de l’équilibre familial…
Critique :
Adriana n'a beau avoir que douze ans au compteur de sa jeune existence, elle connaît mieux que quiconque les humeurs qui habitent et caractérisent sa bien-aimée Clara, elle qui se retrouve dangereusement au bord de la dépression nerveuse alors qu'elle cherche à digérer l'échec douloureux de son mariage avec l'odieux Felice, dont le désamour et la violence - physique comme psychologique - est encore moins masquée que ses relations adultérines (il n'est même pas plus troublé que cela d'avoir mit sa secrétaire enceinte).
Dans une Rome des 70s presque hors du temps, elle est l'aînée d'une famille de trois bambins et reste intimement convaincue d'être une extraterrestre venue sur Terre, tant elle ne se reconnaît pas dans son propre corps - elle dit aux autres qu'elle s'appelle Andrea, refuse son identité et cherche à convaincre tout le monde qu'elle est un garçon.
À un âge où elle est en pleine construction identitaire, elle assume coûte que coûte ses choix quitte à s'attirer la désapprobation d'un foyer dont l'édifice familial implose de toute part...
Si beaucoup citeront le cinéma de Pedro Almodovár (la majorité uniquement pour la présence de Cruz au casting, même si la comparaison s'avère pourtant plus pertinente qu'elle n'en a l'air) à la vision du nouveau long-métrage Emanuele Crialese, L'Immensità, qui revient à un cinéma plus intime et personnel après les fresques historico-migratoires Nuovomondo et Terraferma, il y a pourtant une vraie familiarité avec celui du plus italien des cinéastes turques Ferzan Özpetek (qui, dans un sens, s'est également un temps retrouvé écrasé par les attentes/promesses placés en lui), qui se dégage de ce mélancolique et désenchanté mélodrame jonglant avec délicatesse à la fois entre le récit initiatique adolescent et la chronique familiale émouvante dans une Italie chaotique et hostile, gangrenée par le machisme et les oripeaux anxiogènes du patriarcat (même si la violence sourde des années de plomb ne sert qu'à peine de toile de fond à l'histoire).
Délibérément excessif tant dans sa forme que dans la foisonnement des thèmes qu'il cherche à aborder (machisme structurel et institutionel, violence maritale, difficulté à se construire une identité, hypocrisie et sectarisme bourgeois,...) dans sa vision panoramique et honnête de l'Italie d'hier; L'Immensità, porté par le formidable tandem Luana Giuliani/Penélope Cruz, combine à la fois le regard organiquement nostalgique de Crialese (ses souvenirs de l'époque, à la fois fiables et certainement fantasmés) et sa vision distancée - et lucide - d'adulte, donnant un supplément doux-amer à la double perte qui irrigue l'histoire (l'innocence pour Adriana, le goût de la vie pour Clara).
Jonathan Chevrier
Avec : Penélope Cruz, Luana Giuliani, Vincenzo Amato,...
Distributeur : Pathé
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h37min
Synopsis :
Rome dans les années 1970. Dans la vague des changements sociaux et culturels, Clara et Felice Borghetti ne s’aiment plus mais sont incapables de se quitter. Désemparée, Clara trouve refuge dans la relation complice qu’elle entretient avec ses trois enfants, en particulier avec l’aînée née dans un corps qui ne lui correspond pas.
Faisant fi des jugements, Clara va insuffler de la fantaisie et leur transmettre le goût de la liberté, au détriment de l’équilibre familial…
Critique :
#LImmensità incarne un mélodrame mélancolique et désenchanté, jonglant délicatement à la fois entre le récit initiatique adolescent et la chronique familiale émouvante dans une Italie chaotique (les années de plomb), gangrenée par le machisme et la violence sourde du patriarcat. pic.twitter.com/UmAlp67LkT
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 11, 2023
Adriana n'a beau avoir que douze ans au compteur de sa jeune existence, elle connaît mieux que quiconque les humeurs qui habitent et caractérisent sa bien-aimée Clara, elle qui se retrouve dangereusement au bord de la dépression nerveuse alors qu'elle cherche à digérer l'échec douloureux de son mariage avec l'odieux Felice, dont le désamour et la violence - physique comme psychologique - est encore moins masquée que ses relations adultérines (il n'est même pas plus troublé que cela d'avoir mit sa secrétaire enceinte).
Dans une Rome des 70s presque hors du temps, elle est l'aînée d'une famille de trois bambins et reste intimement convaincue d'être une extraterrestre venue sur Terre, tant elle ne se reconnaît pas dans son propre corps - elle dit aux autres qu'elle s'appelle Andrea, refuse son identité et cherche à convaincre tout le monde qu'elle est un garçon.
À un âge où elle est en pleine construction identitaire, elle assume coûte que coûte ses choix quitte à s'attirer la désapprobation d'un foyer dont l'édifice familial implose de toute part...
Copyright Angelo Turetta |
Si beaucoup citeront le cinéma de Pedro Almodovár (la majorité uniquement pour la présence de Cruz au casting, même si la comparaison s'avère pourtant plus pertinente qu'elle n'en a l'air) à la vision du nouveau long-métrage Emanuele Crialese, L'Immensità, qui revient à un cinéma plus intime et personnel après les fresques historico-migratoires Nuovomondo et Terraferma, il y a pourtant une vraie familiarité avec celui du plus italien des cinéastes turques Ferzan Özpetek (qui, dans un sens, s'est également un temps retrouvé écrasé par les attentes/promesses placés en lui), qui se dégage de ce mélancolique et désenchanté mélodrame jonglant avec délicatesse à la fois entre le récit initiatique adolescent et la chronique familiale émouvante dans une Italie chaotique et hostile, gangrenée par le machisme et les oripeaux anxiogènes du patriarcat (même si la violence sourde des années de plomb ne sert qu'à peine de toile de fond à l'histoire).
Délibérément excessif tant dans sa forme que dans la foisonnement des thèmes qu'il cherche à aborder (machisme structurel et institutionel, violence maritale, difficulté à se construire une identité, hypocrisie et sectarisme bourgeois,...) dans sa vision panoramique et honnête de l'Italie d'hier; L'Immensità, porté par le formidable tandem Luana Giuliani/Penélope Cruz, combine à la fois le regard organiquement nostalgique de Crialese (ses souvenirs de l'époque, à la fois fiables et certainement fantasmés) et sa vision distancée - et lucide - d'adulte, donnant un supplément doux-amer à la double perte qui irrigue l'histoire (l'innocence pour Adriana, le goût de la vie pour Clara).
Jonathan Chevrier