[CRITIQUE] : L'Envol
Réalisateur : Pietro Marcello
Avec : Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvovsky,...
Distributeur : Le Pacte
Genre : Drame, Historique, Romance.
Nationalité : Français, Italien, Russe, Allemand.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Adaptation libre du roman Alye parusa d’Aleksandr Grin.
Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.
Critique :
Après les documentaires Futura - co-réalisé avec Alice Rohrwacher et Francesco Munzi - et Per Lucio, le cinéaste italien Pietro Marcello fait son retour à un cinéma de fiction qu'il avait laissé avec son fantastique Martin Eden en 2019, avec L'Envol, lui aussi adoubé par la dernière réunion cannoise (il est d'ailleurs son premier long-métrage francophone), dont on attendait beaucoup si ce n'est énormément, tant il est impossible désormais de ne pas considérer son auteur comme l'un des visages les plus passionnants à suivre d'un cinéma italien dont la renaissance depuis le virage de la dernière décennie, est férocement enthousiasmante.
Oeuvre infiniment délicate et optimiste qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, La Vele Scarllate en italien est en apparence un doux et inventif conte de fées dont l'extrême linéarité narrative impose que l'on lise continuellement entre ses lignes pour mieux apercevoir sa vraie nature : un anti-conte sur l'autodétermination et l'affirmation en soi de sa jeune et joliment complexe héroïne.
Après s'être attaqué au chef-d'œuvre de Jack London, Martin Eden dont il en a fait une formidable fresque désespérée et inspirée, Marcello, dont la conception du réalisme n'a rien à voir avec la réalité telle que nous la connaissons, renoue donc avec la littérature (le film est librement adapté de la nouvelle Les Voiles Écarlates d'Aleksandr Grin) pour mettre en scène non pas l'échec et la violence sourde du monde moderne (même si, justement, son récit l'est totalement), mais bien une (LA) transformation/révolution féminine contée comme une fable romanesque et pleine de magie au plus près d'une jeune protagoniste - Juliette, tout un symbole - dont on épouse avec une délicatesse folle le regard autant que la quête d'émancipation/d'idéal qui l'anime et l'extirpe de toute image caricaturale justement inhérente au conte (elle ne subit plus sa vie et les événements, elle choisit son destin), dont tous les passages et figures obligées (une belle et spéciale enfant qui a grandit dans l'amour inconditionnel de son père, des rencontres avec une sorcière et un bel et charmant inconnu dont elle tombera amoureuse, quelques passages chantés soulignant la brutalité du monde,...), sont abordés avec maîtrise.
Formellement grandiose (Marco " Mektoub My Love : Canto Uno " Graziaplena à la photographie) et d'une créativité renversante (en une poignée de plans et de contrechamps, le cinéaste unit la fin de la Grande Guerre et l'histoire d'un homme qui se découvre père d'une enfant qu'il aimera plus que tout), L'Envol renverse la violence d'une société centrée sur le masculin (dont la férocité absurde et immuable est appelée à frapper à nouveau dans une Seconde guerre mondiale) en affirmant la force du féminin, incarnant une oeuvre fascinante et déchirante à la fois, animée par un feu ardent, une énergie intérieure qui ne s'éteint jamais.
Jonathan Chevrier
Avec : Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvovsky,...
Distributeur : Le Pacte
Genre : Drame, Historique, Romance.
Nationalité : Français, Italien, Russe, Allemand.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Adaptation libre du roman Alye parusa d’Aleksandr Grin.
Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.
Critique :
Formellement grandiose et d'une créativité renversante, #LEnvol renverse la violence d'une société centrée sur le masculin en affirmant la force du féminin, et incarne une oeuvre passionnante et déchirante à la fois, animée par une énergie intérieure qui ne s'éteint jamais. pic.twitter.com/pWrzu8oKcL
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 11, 2023
Après les documentaires Futura - co-réalisé avec Alice Rohrwacher et Francesco Munzi - et Per Lucio, le cinéaste italien Pietro Marcello fait son retour à un cinéma de fiction qu'il avait laissé avec son fantastique Martin Eden en 2019, avec L'Envol, lui aussi adoubé par la dernière réunion cannoise (il est d'ailleurs son premier long-métrage francophone), dont on attendait beaucoup si ce n'est énormément, tant il est impossible désormais de ne pas considérer son auteur comme l'un des visages les plus passionnants à suivre d'un cinéma italien dont la renaissance depuis le virage de la dernière décennie, est férocement enthousiasmante.
Oeuvre infiniment délicate et optimiste qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, La Vele Scarllate en italien est en apparence un doux et inventif conte de fées dont l'extrême linéarité narrative impose que l'on lise continuellement entre ses lignes pour mieux apercevoir sa vraie nature : un anti-conte sur l'autodétermination et l'affirmation en soi de sa jeune et joliment complexe héroïne.
Copyright CG Cinema |
Après s'être attaqué au chef-d'œuvre de Jack London, Martin Eden dont il en a fait une formidable fresque désespérée et inspirée, Marcello, dont la conception du réalisme n'a rien à voir avec la réalité telle que nous la connaissons, renoue donc avec la littérature (le film est librement adapté de la nouvelle Les Voiles Écarlates d'Aleksandr Grin) pour mettre en scène non pas l'échec et la violence sourde du monde moderne (même si, justement, son récit l'est totalement), mais bien une (LA) transformation/révolution féminine contée comme une fable romanesque et pleine de magie au plus près d'une jeune protagoniste - Juliette, tout un symbole - dont on épouse avec une délicatesse folle le regard autant que la quête d'émancipation/d'idéal qui l'anime et l'extirpe de toute image caricaturale justement inhérente au conte (elle ne subit plus sa vie et les événements, elle choisit son destin), dont tous les passages et figures obligées (une belle et spéciale enfant qui a grandit dans l'amour inconditionnel de son père, des rencontres avec une sorcière et un bel et charmant inconnu dont elle tombera amoureuse, quelques passages chantés soulignant la brutalité du monde,...), sont abordés avec maîtrise.
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Formellement grandiose (Marco " Mektoub My Love : Canto Uno " Graziaplena à la photographie) et d'une créativité renversante (en une poignée de plans et de contrechamps, le cinéaste unit la fin de la Grande Guerre et l'histoire d'un homme qui se découvre père d'une enfant qu'il aimera plus que tout), L'Envol renverse la violence d'une société centrée sur le masculin (dont la férocité absurde et immuable est appelée à frapper à nouveau dans une Seconde guerre mondiale) en affirmant la force du féminin, incarnant une oeuvre fascinante et déchirante à la fois, animée par un feu ardent, une énergie intérieure qui ne s'éteint jamais.
Jonathan Chevrier