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[CRITIQUE] : Bodies Bodies Bodies


Réalisatrice : Halina Reijn
Acteurs :  Amandla Stenberg, Maria Bakalova, Rachel SennottChase Sui Wonders, Lee Pace, Pete Davidson,...
Distributeur : - (Sony Pictures Releasing France)
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Un groupe de jeunes gens riches organise une fête dans un manoir isolé. Ils participent à un jeu où ils doivent trouver lequel d'entre eux est le tueur désigné. Lorsque l'un d'entre eux est retrouvé mort et que l'électricité et les communications sont coupées, les survivants tentent de découvrir l'identité du meurtrier.



Critique :


Force est d'admettre qu'il y a un parallèle étonnant à tracer entre les sorties simultanées en VOD de Slayers de K. Asher Levin et de Bodies Bodies Bodies de Halina Reijn, tant les deux films s'échinent à jouer la carte de l'horrifique (de manière diamétralement opposée il est vrai) pour mieux égratigner la figure des influenceurs, tout en réussissant la prouesse de lamentablement échouer chacun de leur côté.
Si le premier se perd dans la comédie satirico-ennuyeuse qui n'arrive même pas à épouser les contours d'une bisserie vampirique à forte tendance Z qui tâche mignon (sauf dans un dernier quart d'heure qui arrive définitivement trop tard), le second lui joue sur le terrain sinueux de la satire Cluedo-esque mâtinée de proto-slasher faisandé, une mixture amorphe qui se cherche une bouée de sauvetage - sans jamais la trouver - quelque part entre un dialogue faussement accusateur de la Gen Z (sa pathétique dépendance aux réseaux sociaux et aux smartphones en tête) et la mise en scène vivante (qui cite directement et volontairement - surtout dans son premier tiers - le cinéma jadis béni d'Harmony Korine) d'une cinéaste dont le style avant-gardiste méritait une meilleure plume pour la mettre en valeur.

Copyright 2022 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

Se rêvant tout du long plus subversif et malin qu'il ne l'est au travers d'une écriture qui mélange aveuglément lutte des classes (vous êtes toxiques et hypocrites les riches... bouh !) et charge générationnelle uniquement tourné sur le sexe, la jalousie et les affaires de coeur (vous êtes toxiques et hypocrites les jeunes... bouh bis), dans un gros gloubi-boulga fatigué et paresseux dont les rebondissements comiques sporadiques et le " déchaînement " de violences (comprendre : quelques cadavres s'accumulent et les gens à la complicité déjà de base artificielle, commencent à se pointer du doigt), ne viennent jamais booster une intrigue rythmée au déambulateur qui, sacré comble, ne se laisse jamais le temps de laisser vivre où de donner un tant peu de consistance à des personnages tellement caractérisés à la truelle, qu'il devient très vite un plaisir (pas) coupable de les voir trépasser.
Redondant (le film se résume à un flot de confrontations hystériques alternant entre deux issues : soit tout le monde se retourne soudainement contre un malheureux bouc émissaire, soit tout le monde crie, agite des armes et s'attaque parce que chacun présume être sur le point de être attaqué) quand il n'est pas ridicule (la narration n'utilise même pas les conditions météorologiques extrêmes - l'ouragan - qui sert de base à son récit, pour faire monter un minimum la tension), Bodies Bodies Bodies est un effort vain et intentionnellement creux qui ne survit jamais à la toxicité qu'il tente lui-même de railler, boursouflé qu'il est par sa propre ironie pompeuse.
Un monstrueux ratage.


Jonathan Chevrier