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[CRITIQUE] : White Noise


Réalisateur : Noah Baumbach
Avec : Adam Driver, Greta Gerwig, Don Cheadle, Raffey Cassidy,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h16min

Synopsis :
À la fois drôle et terrifiant, flamboyant et absurde, banal et apocalyptique, White Noise brosse le portrait d’une famille américaine d’aujourd’hui. Tandis que parents et enfants tentent de gérer tant bien que mal les conflits du quotidien, ils explorent aussi les mystères universels de l’amour et de la mort - et se demandent comment faire pour être heureux dans un monde instable.



Critique :

Si l'aventure qui liait jusqu'à présent Netflix et Noah Baumbach permettait au second de ne pas totalement s'extirper de sa zone de confort tout en signant quelques-uns de ses plus beaux efforts (The Meyerowitz Stories mais surtout Marriage Story), leur troisième production en commun, White Noise (une adaptation du roman éponyme considéré comme intraduisible, de Don DeLillo) semble - joyeusement - rebattre toutes les cartes et offrir un renouveau presque improbable même s'il est surtout le fruit d'une habile ruse - un solide high concept -, qui ne s'extirpe que partiellement de son approche jusqu'ici (très) naturaliste.
Démarrant sur un Don Cheadle des grands jours donnant un cours sur l'optimisme enfoui sous la violence comme spectacle au cinéma (une pièce essentielle tant le cinéaste rompt ici toute idée de réalisme, sans pour autant s'extirper de sa patine et de sa mise en scène très indépendante), la narration se fixe peu après sur un quadragénaire moyennement aisé et satisfait - Jack Gladney -, un professeur d'études hitlériennes peu sûr de lui qui a profité de sa ligne de recherche sur la masse et l'idolâtrie (sans même s'appliquer à apprendre une ligne d'allemand) pour se forger une vraie réputation " d'expert du Mal ", tout en sachant provoquer une ferveur toute particulière chez ses élèves.

Copyright Wilson Webb/Netflix © 2022

Mais sa petite vie de famille bien calme (avec sa femme Babette, au pur esprit yuppie, et les nombreux garnements hyperactifs) va être perturbée à une heure où une menace indicible semble gronder sur leur ville : un nuage toxique potentiellement dangereux...
Délirant portrait d'une Amérique déglinguée qui s'est - étrangement - accommodée de ses fêlures autant que de sa bêtise (le film aurait pu trouver la même vérité après les événements du 9/11, de la crise des subprimes,...), dont l'auscultation satirique prend une ampleur désopilante et terrifiante dans un contexte apocalyptique mais surtout infiniment actuelle (ce nuage toxique et invisible, est une menace écologique qui fait pleinement écho à notre quotidien post-pandémie entre peur de l'inconnu, théories du complot, paranoïa, rejet du capitalisme, rites absurdes et vrai constat écologique alarmiste), où Baumbach, qui se confronte pour la première fois à une histoire qui n'est pas la sienne, désamorce volontairement sa plus grand force (ses dialogues foisonnants et passionnants) pour en faire un brouhaha non-sensique où les personnages se répètent, perdent le fil et ne se comprenent jamais - le fameux " White Noise " du titre.

Copyright Netflix

Mélange des genres savoureusement bordélique (la comédie satirique et désordonnée, le drame familial post-apocalyptique, le film à suspense et même la comédie musicale) qui ne se soucie même plus de sa cohérence (tout en sachant pertinemment qu'il en a une), White Noise s'éloigne gentiment du texte source tout en incarnant un magnifique théâtre de l'absurde où le cinéaste scrute un monde devenu fou - mais qui l'était déjà un peu auparavant - et perdu dans le nihilisme absolu de sa propre conscience de la fugacité de sa propre existence
Plus que nous immerger dans le magma chaotique et délirant d'un monde au bord de la folie collective aux côtés d'un casting absolument grandiose (Adam Driver y trouve clairement l'un de ses plus beaux rôles, là où Greta Gerwig s'avère une nouvelle fois parfaite devant la caméra de son compagnon), Noah Baumbach nous montre avec crudité la société d'aujourd'hui dans une oeuvre à la folie lucide où d'une lucidité folle, libre aux spectateurs d'en décider...


Jonathan Chevrier


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