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[CRITIQUE] : Kanun, la loi du sang


Réalisateur : Jérémie Guez
Acteurs : Waël Sersoub, Tugba Sunguronlu, Arben Bajraktaraj,...
Distributeur : The Jokers Films/Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Belge, Français.
Durée : 1h35min

Synopsis :
Lorik a fui son Albanie natale pour échapper à une vendetta. À Bruxelles, il gâche sa jeunesse en travaillant pour un clan mafieux aux méthodes douteuses… Jusqu’à ce qu’il ait un coup de foudre pour Sema, une jeune turque étudiante aux Beaux-Arts. Alors qu’il se met à rêver d’une histoire d’amour, un homme dont le père a été tué par un membre de la famille de Lorik réclame, selon les règles du Kanun, que sa dette soit payée par le sang : celui de Lorik…



Critique :


Force est d'avouer que pour son premier passage derrière la caméra, Jérémie Guez avait gentiment su nous piquer au vif avec Bluebird, un thriller qui, sans réinventer le genre - mais en l'épousant d'une fougue et d'une passion sincère -, incarnait un petit bout de cinéma faisant joliment parler les muscles et le coeur avec puissance; privilégieant des séquences vraies percutantes et une atmosphère psychologique intense, à la mise en images fine et originale d'une renaissance mélancolique à forte tendance revenge movie.
Son film de la " confirmation " lui, le résolument plus ambitieux Sons of Philadelphia, une adaptation du roman Brotherly Love de Pete Dexter, n'était pas forcément frappé du même sceau de la réussite à nos yeux.
Moins un examen nuancé du comportement de la petite pègre de Philadelphie aux figures glaciales (n'est pas Gray qui veut), qu'un objet certes appliqué mais dénué d'originalité s'inscrivant dans la plus pure tradition du polar à l'américaine comme on les dénombre à la pelle - ou presque - chaque année, ce second long laissait tout du long planer la vérité que même armé du plus bel arsenal possible et des meilleures intentions, il est parfois impossible de pleinement viser juste.

Copyright The Jokers Films

Kanun, la loi du sang, son troisième long-métrage, incarnait alors sans trop forcément le vouloir un film décisif (toute propension gardée évidemment, laissez-nous distiller un brin de drama), celui de la réconciliation où alors celui d'une nouvelle déception, catapultant le cinéaste dans la longue liste de faiseur de rêves n'ayant su nous séduire qu'avec un seul et unique effort.
Bonne pioche finalement, car si le film ne pète absolument pas dans la soie de l'originalité comme son précédent effort (le film s'inscrit dans la droite lignée du cinéma rugueux de Nicolas Winding Refn période Pusher, avec un romantisme débridé so HK style), il n'en reste pas moins un solide film de gangsters fleurant bon le sang et le bitume, un polar romantico-urbain sondant la rédemption éprouvée et désabusée d'un immigré albanais tentant par tous les moyens de s'extirper d'une vendetta familiale pour essayer de goûter un brin au bonheur, avec une serveuse bruxelloise.
Du cousu main, embaumé dans une photographie crepusculaire signée Grimm Vandekerckhove et un scénario qui sublime autant ses gueules patibulaires que ses personnages féminins aussi forts que délicats - renforçant de facto l'empathie du spectateur.
Sophistiqué juste ce qu'il faut, porté par le joli tandem Waël Sersoub/Tugba " Mustang " Sunguronlu, Kanun, la loi du sang se fait un petit objet cinématographique nerveux et musclé a l'ancienne comme on les aime, absolument parfait pour la saison où le réconfort du cinéphile passe par les choses (très) simples.


Jonathan Chevrier


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