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[CRITIQUE] : Les Miens


Réalisateur : Roschdy Zem
Avec : Sami Bouajila, Roschdy Zem, Maïwenn, Rachid Bouchareb,...
Budget : -
Distributeur : Le Pacte
Genre : Drame, Comédie, Comédie Dramatique.
Nationalité : Français
Durée : 1h25min

Synopsis :
Moussa a toujours été doux, altruiste et présent pour sa famille. À l’opposé de son frère Ryad, présentateur télé à la grande notoriété qui se voit reprocher son égoïsme par son entourage. Seul Moussa le défend, qui éprouve pour son frère une grande admiration. Un jour Moussa chute et se cogne violemment la tête. Il souffre d’un traumatisme crânien. Méconnaissable, il parle désormais sans filtre et balance à ses proches leurs quatre vérités. Il finit ainsi par se brouiller avec tout le monde, sauf avec Ryad...



Critique :


Ils ne sont pas nombreux dans le septième  art hexagonal, les comédiens et comédiennes qui peuvent se targuer d'être à la fois d'excellents cinéastes, mais aussi et surtout d'avoir une carrière plaisante à suivre à la fois devant que derrière la caméra.
Faisant clairement parti de ce petit cercle très fermé (aux côtés, notamment, d'Emmanuelle Bercot, Julie Delpy où encore Mathieu Amalric), Roschdy Zem, déjà auréolé d'une année 2022 proprement exceptionnelle, nous revient en ces dernières heures du printemps avec son sixième long-métrage, Les Miens - co-écrit avec Maïwenn, également présente au casting -, qui lui fait épouser pour une fois pleinement les contours de la comédie dramatico-familiale après la comédie romantico-religieuse Mauvaise Foi, la chronique judiciare vérité Omar m'a Tuer, le drame social Bodybuilder et le biopic vibrant Chocolat et le polar musclé Persona Non Grata.
Passant sans heurt du drame à la comédie, l'histoire conte comment un accident banal (une chute qui mène à un traumatisme crânien) bouscule toute une famille et transforme inéluctablement la personnalité de l'un d'entre eux, Moussa (génial Sami Bouajila), en cours de séparation d'avec son épouse, en véritable bombe à déflagration désinhibée et dénuée de tout filtre - la faute a un front enflé qui met une pression trop forte à son cerveau.

Copyright Le Pacte

Un homme jadis doux et altruiste, véritable pilier de bienveillance pour les siens, désormais capable de (vraiment) tout dire et qui ne va pas se gêner pour fracturer le voile de l'hypocrisie et les non-dits qui surplombent les siens depuis toujours...
Soit un terreau propice pour distiller une histoire autant porté par de riche en saillies féroces et délectables - souvent assénées avec brutalité - que par une mélancolie convoquant une vraie implication émotionnelle pour le spectateur, dont l'empathie est pleinement renforcée par le soin appliqué par le tandem Zem/Maïwenn (dans ce qui peut se voir comme un prolongement de son récent et mitigé ADN), dans l'écriture et la profondeur des personnages.
Ne pétant pas fondamentalement dans la soie de l'originalité mais incarnant un vrai effort personnel (Roschdy Zem s'inspire d'une vraie histoire de famille), Les Miens déroule avec confiance son intrigue familière et in fine universelle dans la simplicité et l'authenticité de l'expression de ses sentiments et sa peinture/tranche de vie des relations complexes qui unissent et désunissent une fratrie comme les autres (sans que la question religieuse ici ne vampirise le sujet).
Un effort sensible, épuré et pétri de tendresse dans sa manière de célébrer l'importance de la famille et de toujours laisser primer la vérité - même si elle fait mal.


Jonathan Chevrier