[CRITIQUE] : Plan 75
Réalisatrice : Chie Hayakawa
Acteurs : Chieko Baishô, Hayato Isomura, Stefanie Arianne,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Japonais, Français, Philippin.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
Au Japon, dans un futur proche, le vieillissement de la population s’accélère. Le gouvernement estime qu'à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société et met en place le programme « Plan 75 », qui propose un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à leurs jours. Une candidate au plan 75, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.
Critique :
Le vieillissement de la population est un enjeu prioritaire pour les politiques gouvernementales (encore plus depuis l'avènement du Covid-19 voire même, de la crise écologique de plus en plus menacante et du réchauffement climatique) voire même sensiblement d'urgence pour une archipel nippone qui détient le record du pourcentage le plus élevé de personnes âgées au sein de sa population.
Une préoccupation telle que des études estiment qu'en 2060, plus de quarante pour cent de la population totale - qui chutera d'ailleurs d'un tiers d'ici là - du Japon seront des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans, fruit autant d'une espérance de vie de plus en plus élevée qu'à un taux de fécondité toujours cruellement bas.
C'est en partant de cette réalité d'une nation qui a amorcé sa lente décrépitude, que Chie Hayakawa (déjà fasciné par la question du troisième âge au coeur des ses courts-métrages) tisse les contours de son premier long-métrage, Plan 75, qui peut autant se voir comme un drame au réalisme palpable, qu'une dystopie minimaliste et méticuleuse.
Ne s'éloignant jamais de la réalité par la force d'un prisme naturel et d'un souci du détail accru, tout en arpentant fougeusement le terrain sinueux de l'oeuvre dystopique avec son hypothétique (mais pas si improbable, malheureusement) proclamation d'une loi prévoyant la possibilité, pour les plus de soixante-quinze ans, de recourir à l'euthanasie d'État totalement financé (avec une " récompense " de cent mille yens) afin d'alléger les charges sociales autant que la gronde d'une population de plus en plus gérontophobe et hostile face aux personnes âgés; la cinéaste et sa narration tripartite, sonde autant les fêlures entre les différentes classes sociales du pays que les rapports même de la société nippone avec l'immigration et l'ancienneté, mais aussi le rapport de l'État face à l'individu.
Passionnant et épuré (jusque dans sa mise en scène lancinante et poétique qui rappelle le cinéma de Kōhei Oguri) aussi bien qu'il est délicat et expurgé de tout effet mélodramatique putassier, Plan 75 ne se fait pas tant un film mélancolique et difficile sur la mort que sur la célébration vibrante et pleine d'espoir de la vie.
Une magnifique oeuvre digne et humaniste qui alertent sur les dérives capitalistes/facistes loin d'être fictionnelles, d'un monde où l'humain est plus une donnée abstraite qu'un être de chair et de coeur.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Chieko Baishô, Hayato Isomura, Stefanie Arianne,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Science-fiction.
Nationalité : Japonais, Français, Philippin.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
Au Japon, dans un futur proche, le vieillissement de la population s’accélère. Le gouvernement estime qu'à partir d’un certain âge, les seniors deviennent une charge inutile pour la société et met en place le programme « Plan 75 », qui propose un accompagnement logistique et financier pour mettre fin à leurs jours. Une candidate au plan 75, Michi, un recruteur du gouvernement, Hiromu, et une jeune aide-soignante philippine, Maria, se retrouvent confrontés à un pacte mortifère.
Critique :
Captivant autant qu'il est expurgé de tout effet mélodramatique putassier,#Plan75 est une oeuvre digne, mélancolique et humaine sondant les dérives capitalistes/facistes loin d'être fictionnelles d'un monde où l'humain est plus une donnée abstraite qu'un être de chair et de coeur pic.twitter.com/ywqVmR8rMF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 7, 2022
Le vieillissement de la population est un enjeu prioritaire pour les politiques gouvernementales (encore plus depuis l'avènement du Covid-19 voire même, de la crise écologique de plus en plus menacante et du réchauffement climatique) voire même sensiblement d'urgence pour une archipel nippone qui détient le record du pourcentage le plus élevé de personnes âgées au sein de sa population.
Une préoccupation telle que des études estiment qu'en 2060, plus de quarante pour cent de la population totale - qui chutera d'ailleurs d'un tiers d'ici là - du Japon seront des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans, fruit autant d'une espérance de vie de plus en plus élevée qu'à un taux de fécondité toujours cruellement bas.
C'est en partant de cette réalité d'une nation qui a amorcé sa lente décrépitude, que Chie Hayakawa (déjà fasciné par la question du troisième âge au coeur des ses courts-métrages) tisse les contours de son premier long-métrage, Plan 75, qui peut autant se voir comme un drame au réalisme palpable, qu'une dystopie minimaliste et méticuleuse.
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Ne s'éloignant jamais de la réalité par la force d'un prisme naturel et d'un souci du détail accru, tout en arpentant fougeusement le terrain sinueux de l'oeuvre dystopique avec son hypothétique (mais pas si improbable, malheureusement) proclamation d'une loi prévoyant la possibilité, pour les plus de soixante-quinze ans, de recourir à l'euthanasie d'État totalement financé (avec une " récompense " de cent mille yens) afin d'alléger les charges sociales autant que la gronde d'une population de plus en plus gérontophobe et hostile face aux personnes âgés; la cinéaste et sa narration tripartite, sonde autant les fêlures entre les différentes classes sociales du pays que les rapports même de la société nippone avec l'immigration et l'ancienneté, mais aussi le rapport de l'État face à l'individu.
Passionnant et épuré (jusque dans sa mise en scène lancinante et poétique qui rappelle le cinéma de Kōhei Oguri) aussi bien qu'il est délicat et expurgé de tout effet mélodramatique putassier, Plan 75 ne se fait pas tant un film mélancolique et difficile sur la mort que sur la célébration vibrante et pleine d'espoir de la vie.
Une magnifique oeuvre digne et humaniste qui alertent sur les dérives capitalistes/facistes loin d'être fictionnelles, d'un monde où l'humain est plus une donnée abstraite qu'un être de chair et de coeur.
Jonathan Chevrier