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[CRITIQUE] : Los Sonámbulos


Réalisatrice : Paula Hernández
Acteurs : Erica Rivas, Ornella D'Elia, Marilu Marini,...
Distributeur : Bodega Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Argentin, Uruguayen.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Luisa, traductrice talentueuse et écrivaine en suspens, part avec sa fille Ana, jeune adolescente en pleine métamorphose et son mari passer les fêtes de fin d’année dans la maison familiale de ce dernier. Les retrouvailles à la campagne avec la famille, où le somnambulisme se transmet de génération en génération, sont source de joies, de conflits et d’un terrible drame. Luisa, pourtant, a recommencé à écrire…



Critique :


Difficile de ne pas penser au cinéma de Desplechin où même Honoré à la vue du nouvel effort de la cinéaste argentine Paula Hernández, Los Sonámbulos, qui peut tout autant se voir comme une relecture synthétique de sa propre filmographie, dont le cordon ombilical est cette vision pessimiste et toxique de la famille, tellement abrasive qu'elle peut littéralement ecraser l'individu et le soumettre jusqu'à l'anéantir.
De son titre on ne peut plus évocateur - Les somnambules en français -, la cinéaste et sa narration aussi poignante que prévisible, parle aussi bien directement du dit trouble du sommeil qui ici se fait un héritage générationnel, que plus métaphoriquement tant ce dit trouble peut se voir comme le symbole d'une prison émotionnelle - nourrit par le cercle familiale et de la société patriarcale argentine - dans laquelle sont enfermées aussi bien Laura que sa fille Ana, jeune adolescente en pleine métamorphose, où le réveil serait l'unique moyen de briser ce cycle néfaste et toxique.

Copyright Bodega Films

Dans cette famille somme toute banale, tout n'est qu'une question de non-dits, de sous-entendus obscurs, de pouvoir et de soumission à l'autre : Laura - au bord de l'implosion -, pratiquement obligée d'être soumise à son mari, qui lui-même est sous l'emprise d'un frère qui l'empêche de vendre la maison familiale, mais aussi la jeune Ana dont l'éveil sexuel se heurt aux contours abusifs de sa relation avec son cousin; sans oublier une matriarche têtue, que chacun satisfait plus par intérêt que par affection, qui maintient à flots cette tension toxique même si cela gangrène de l'intérieur chaque membre de sa propre famille.
Dans ce cadre intimiste et lancinant faits de tourments et de questionnements douloureux, Hernández et sa mise en scène au plus près des corps - mais sans ampleur -, pointe cette inertie et cette lâcheté face au pouvoir dominant (familial, tradition, sociétal, gouvernemental) dans laquelle nous nous laissons enfermer et qu'il faut rompre, un sommeil qui a pris le contrôle de nos vie et duquel on doit se réveiller.
Rien de bien nouveau sous le soleil du drame familial - et encore plus argentin - démonstratif et tendu, mais la belle relation mère/fille et son solide casting vedette (Erica Rivas et Ornella D'Elia en tête), font de cette balade familière à fleur de peau une expérience prévisible mais loin d'être désagréable pour autant.


Jonathan Chevrier


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