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[CRITIQUE] : 107 Mothers


Réalisateur : Péter Kerekes
Avec : Maryna Klimova, Iryna Kiryazeva, Lyubov Vasylyna,…
Distributeur : Les Alchimistes
Budget :
Genre : Drame.
Nationalité : Slovaque, Tchèque, Ukrainien.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Lyesa donne naissance à un petit garçon dans une prison d’Odessa, en Ukraine. Ici, les mères peuvent s’occuper de leurs enfants jusqu’à leurs trois ans. Ensuite, il faut trouver un membre de la famille prêt à le recueillir, ou c’est le placement définitif en orphelinat. À l’approche de l’anniversaire fatidique, Lyesa tente tout pour ne pas être séparée de son fils.



Critique :


À force résonance masculine, ne serait-ce que pour la virilité brutale et la violence qu'il convoque dans la psyché collective (et gentiment véhiculé par quelques drames mais surtout d'innombrables bisseries qui tâchent), le film carcéral n'en est pas moins tout aussi sombre et dur lorsqu'il s'attarde sur les prisons féminines, et encore plus dans des contrées où la liberté des femmes, avant même d'être bafouée, est une notion totalement étrangère à ses sociétés.
Dans une veine similaire - entre la fiction et le documentaire - même si moins réaliste que les efforts du cinéaste iranien Mehrdad Oskouei, 107 Mothers du cinéaste tchèque Péter Kerekes, à la fois incroyablement sombre et fascinant, sonde avec une honnête absolue la vérité de femmes emprisonnées ayant l'opportunité - réduite - d'accoucher de leur bébé et de pouvoir " assumer " leur rôle mère (sous un strict contrôle pénitencier) entre les barreaux, jusqu'au trois ans de l'enfant (soit il peut ensuite être confié à la famille, soit il est définitivement placé en orphelinat); particularité exceptionnelle de la colonie pénitentiaire 74 d'Odessa.

© 2021 Punkchart Films. Tous droits réservés.

Capté à travers les prismes en apparence diamétralement opposé, entre une mère, Lyesa (Maryna Klimova, seule actrice professionnelle du long-métrage), en passe de voir le compte à rebours des trois années de sursis maternel se terminer (elle a été condamné pour le meurtre de son mari), et une gardienne, Iryna, non pas oppressée par le système carcéral mais une vie désenchantée (une mère toxique qui fait qu'elle n'a aucune existence autre que celle qu'elle vit par procuration, à travers les courriers et histoires des détenues); le film se fait un regard humaniste d'un monde froid marginalisé, une mise en images à la fois juste (voire même parfois un brin bienveillante) et rugueuse d'une réalite où l'innocence de l'enfance est autant éprouvée (les bébés sont arrachés à la chaleur de leur mère pour rester la majorité du temps dans des lits de métal, eux aussi finalement privés de liberté) que confrontée à la froideur d'un système judiciaire impersonnel, où les pires décisions ne sont même pas assénées de vives voix.
Authentique, tranchant avec l'image douce voire candide que véhicule la maternité, où être mère est autant une punition qu'un cadeau pouvant mener à une certaine rédemption, 107 Mothers est une oeuvre incroyablement sensible, âpre et dépouillée dont on ressort littéralement bouleversé.


Jonathan Chevrier



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