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[CRITIQUE] : L'Origine du mal


Réalisateur : Sébastien Marnier
Acteurs : Laure Calamy, Doria Tillier, Jacques Weber, Dominique Blanc, Suzanne Clément,...
Distributeur : The Jokers / Les Bookmakers
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Français, Canadien.
Durée : 2h05min

Synopsis :
Dans une luxueuse villa en bord de mer, une jeune femme modeste retrouve une étrange famille : un père inconnu et très riche, son épouse fantasque, sa fille, une femme d’affaires ambitieuse, une ado rebelle ainsi qu’une inquiétante servante.
Quelqu’un ment.
Entre suspicions et mensonges, le mystère s’installe et le mal se répand…



Critique :


On avait découvert Sébastien Marnier en 2016 avec le formidable Irréprochable, merveille de comédie noire brossant les contours anxiogène du portrait puissant d'une Marina Fois perdant littéralement pied, avant qu'il ne confirme tout le bien que l'on pensait de lui en 2018 avec la petite bombe L'Heure de la sortie, une oeuvre anxiogène et paranoïaque, citant gentiment Kafka (La Métamorphose) et Le Village des Damnés de John Carpenter avec sa génération d'ados surdoués hostiles, tellement rongés par le fatalisme/cynisme et la déshumanisation d'une société dont ils n'ont que trop bien compris les tares et les failles, qu'ils en deviennent instinctivement terriblement terrifiant et dangereux.
Autant dire que son troisième effort était méchamment attendu au tournant donc, L'Origine du Mal, nouvelle incursion dans le carcan sinueux du thriller psychologique faussement enveloppé dans le classicisme du drame domestique d'époque.

Copyright Laurent Champoussin

Convoquant frontalement les cinémas de Claude Chabrol (La Cérémonie), Alfred Hitchcock (Rebecca) où même Billy Wilder (Sunset Boulevard) et François Ozon (8 Femmes), au travers de la rencontre électrique entre une femme et la seconde famille - qu'elle n'a jamais connu - d'un père qui l'a renié, au sein de la luxueuse villa en bord de mer de celui-ci, terre hostile où le mensonge et les secrets sont comme une seconde peau; le cinéaste enveloppe sa narration autour des thématiques de l'usurpation d'identité et du parasite perturbateur, tout en l'embaumant dans une atmosphère mortifère boursouflée par l'argent et la pourriture humaine, où la demeure se fait une sorte de gynécée dégénérée où tuer le mâle alpha, terrible monstre de violence et de mégalomanie, est l'issue ultime.
Si dans L'Heure de la sortie, le dit parasite était un enseignant suppléant appelé à remplacer un collègue dans une classe d'élèves férocement inquiétants, il est cette fois-ci un personnage résolument moins empathique - et moins finement écrit aussi -, une mystificatrice de la classe ouvrière qui s'amuse à infiltrer la bourgeoisie et l'entreprise familiale pour mieux faire sauter son équilibre déjà bien précaire.

Copyright Laurent Champoussin

Retenant intelligemment ses rebondissements et effets pour mieux frapper son auditoire en temps voulu, Marnier, sensiblement sous influence, peine cependant à frapper aussi juste que ses illustres aînés, sa satire manquant un brin d'impact (jusque dans son final volontairement exagéré) même s'il s'avère convaincant dans les thèmes qu'il brasse au coeur d'un jeu de massacre (dés)organisé aux dialogues parfois mordants, qui tire toute sa force d'un casting totalement voué à sa cause - Laure Calamy et Doria Tillier en tête.
Gentiment méchant dans son cocktail kitsch, pessimiste et sordide donc, mais sans aucun doute un poil en deçà des (grosses) attentes qu'il a suscité.


Jonathan Chevrier

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