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[CRITIQUE] : Kompromat


Réalisateur : Jérôme Salle
Acteurs : Gilles Lellouche, Joanna Kulig, Mikhaïl Gorevoï,...
Distributeur : SND
Budget : 8,5M€
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un « kompromat », de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens…



Critique :


On avait laissé le talentueux Jérôme Salle sur le grand écran avec, peut-être, ce que l'on peut considérer comme son plus bel effort : l'Odyssée, où il dressait un portrait intime de Jacques-Yves Cousteau notamment au travers de sa relation avec son fils cadet, Philippe Cousteau, écrasé par l'ombre narcissico-imposante du mythe qu'incarnait son patriarche.
Un excellent effort même s'il reste parfois trop en surface dans l'exploration de ses thèmes, mais qui impressionnait sérieusement la rétine via des scènes maritimes littéralement à couper le souffle.
C'est plus vers ces premiers amours, le thriller hybride - et souvent à forte influence Hitchcockienne, coucou Anthony Zimmer -, qu'il nous revient en cette rentrée 2022 avec Kompromat, mise en images très librement inspirée (comprendre : vraiment romancée) de l'épopée bien réelle du diplomate français Yoann Barbereau (qui n'assume pas vraiment être une adaptation du roman Dans les geôles de Sibérie du même Barbereau - malgré des similitudes troublantes -, la faute à de grosses tensions entre lui et la production) dans un mélange plus où moins habile entre le drame intime et familial, et le thriller politico-paranoïaque à la lisière du film d'espionnage.

Copyright SND

Renouant avec l'ambiance suspicieuse et les personnages/identités troublées chères à ses premiers efforts, Salle prend donc pour sujet la lente descente aux enfers puis la cavale homérique d'un notable français, Mathieu Roussel, victime d'un kompromat (une arme récurrente du pouvoir politique russe, soit l'apparition miraculeuse de faux documents - ici de la pédopornographie - produits par le FSB, pour faire tomber ce qu'ils considèrent comme un " ennemi de la nation "), qui à défaut de pouvoir prouver son innocence juridiquement, va tenter de sauver sa peau par ses propres moyens en s'évadant de prison et essayer de retrouver au plus vite la France et sa famille.
Haletant et glacial (un sentiment renforcé par la photographie sombre et boueuse de Matias Boucard), la péloche privilégie l'immersion totale au réalisme accru pour mieux dégainer une quête de survie nerveuse et effrénée où la caméra, plutôt minimaliste et complice (couplée à un montage tout aussi épuré), épouse de façon viscérale le moindre geste d'un Gilles Lellouche totalement crédible et solide en héros ordinaire traqué par l'État russe, un homme lessivé à la résilience exceptionnelle.
Distrayant sans jamais chercher à renouveler le genre, Kompromat fait souvent mouche, s'octroyant même quelques atours de film d'espionnage séduisant dans sa manière de jouer avec la relation ambiguë mais poignante que Mathieu noue avec l'ambivalente et complexe Svetlana (superbe Joanna Kulig), qui lui sera d'une aide précieuse.


Jonathan Chevrier


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