[CRITIQUE] : Citoyen d'honneur

Réalisateur : Mohammed Hamidi
Acteurs : Kad Merad, Fatsah Bouyahmed, Oulaya Amamra, Brahim Bouhlel, Zinedine Soualem,...
Distributeur : Apollo Films
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Français
Durée : 1h36min

Synopsis :
Samir Amin est un écrivain comblé, Prix Nobel de littérature, qui vit à Paris, loin de son pays natal, l'Algérie. Il refuse systématiquement toutes les invitations qui lui sont faites.Jusqu'au jour où il décide d'accepter d'être fait « Citoyen d'honneur » de Sidi Mimoun, la petite ville où il est né. Mais est-ce vraiment une bonne idée que de revoir les habitants de cette ville, qui sont devenus, d'année en année, les personnages de ses différents romans ?

Critique :

Joliment burlesque et bon enfant, ce que #CitoyenDHonneur perd en verve dénonciatrice et corrosive en comparaison du film original éponyme de Gaston Duprat et Mariano Cohn, il le gagne en justesse et en tendresse, notamment dans la dynamique attachante qui unit son duo vedette. pic.twitter.com/KTelhiHoQi
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 13, 2022

Sans que sa présence incarne réellement un gage de qualité (sa filmographie n'est pas exempt de gros tâcherons), force est d'admettre tout de même qu'un film qui a le désopilant Fatsah Bouyahmed en son casting vedette, part décemment du bon pied pour attirer la sympathie de son auditoire, d'autant que le comédien a su devenir une sorte de porte bonheur du cinema des frères Ahmed et Mohammed Hamidi.
C'est d'ailleurs de ce dernier dont il est question cette semaine, puisque le cinéaste nous revient avec Citoyen d'honneur, soit le remake du film argentin éponyme de Gaston Duprat et Mariano Cohn, dont il atténue le statut de comédie grinçante et furieusement dénonciatrice des travers de son pays pour mieux embrasser les contours d'une tendre et touchante dramédie qui, si elle pointe là aussi autant les traditions archaïques de son cadre (une Algérie institutionnellement et religieusement répressive, où la liberté d'expression - mais pas que - est sensiblement contrôlée), préfère voguer vers le récit initiatique et émancipateur pétri de bons sentiments et d'espoir, notamment à travers une jeunesse en colère et créative, bien décidée à bousculer le pouvoir en place.

Soit l'histoire d'un prix Nobel de littérature désabusé et dépressif, Samir Amin, un écrivain français né en Algérie et dont l'inspiration est littéralement lessivée.
À contre-coeur et dans un espoir de retrouver son mojo, il accepte de ce rendre dans son village natal, Sidi Mimoun, qui veut en faire son citoyen d'honneur.
Refoulant des terres qu'il n'a plus connu depuis quarante ans mais qui n'ont pourtant cessées de nourrir ses oeuvres, il est autant accueillit par un peuple algérien qui en fait une vraie fierté nationale (à l'image de l'employé de mairie serviable et jovial, Miloud, qui ne le lâche pas d'une semelle), que cueillit par les souvenirs d'un passé qui le rattrape de plein fouet, et l'amène à opérer une salvatrice prise de conscience...
Volontairement burlesque et bon enfant, ce que ce remake perd en verve dénonciatrice et corrosive, il le gagne en tendresse notamment dans la dynamique attachante qui unit son duo vedette, que ce soit Bouyahmed dont la bonhomie touchante en fait plus qu'un simple faire-valoir, où Kad Merad, dont la partition pleine de justesse rend crédible le parcours d'un homme qui se reconnecte à la réalité et à son passé pour mieux questionner son identité.

Sans péter dans la soie de l'originalité (en même temps, il n'a jamais eu vocation à revolutionner le genre), Citoyen d'honneur est un petit bout de comédie modeste et réjouissante prônant l'amitié, la solidarité et l'entraide dans une société contemporaine où ses mots ont perdus de leur sens.
Ça ne révolutionne rien donc, mais ça se regarde (vraiment) sans déplaisir au sein d'une rentrée cinéma il est vrai particulièrement chargée dans les salles obscures.

Jonathan Chevrier