[CRITIQUE] : Bullet Train
Réalisateur : David Leitch
Acteurs : Brad Pitt, Brian Tyree Henry, Aaron Taylor-Johnson, Joey King, Andrew Koji, Hiroyuki Sanada, Bad Bunny, Zazie Beetz, Michael Shannon, Logan Lerman, Sandra Bullock,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Coccinelle est un assassin malchanceux et particulièrement déterminé à accomplir sa nouvelle mission paisiblement après que trop d'entre elles aient déraillé. Mais le destin en a décidé autrement et l'embarque dans le train le plus rapide au monde aux côtés d'adversaires redoutables qui ont tous un point commun, mais dont les intérêts divergent radicalement... Il doit alors tenter par tous les moyens de descendre du train.
Critique :
Les contours du huis clos et du lieu unique ont souvent admirablement bien matchés avec le cinéma d'action, que ce soit le Nakatomi Plaza de Die Hard, le bus de Speed, l'avion présidentiel d'Air Force One où encore l'immeuble de The Raid : quand l'action est confiné/concentré/circonscrite dans un seul et même espace, elle permet une meilleure maîtrise autant qu'une optimisation totale du cadre et des éléments pour accoucher, en toute logique, d'un pur plaisir jouissif pour son auditoire.
Un cocktail complexe et explosif que n'arrive jamais totalement à obtenir David Leitch avec son nouvel effort, Bullet Train, adaptation/réappropriation du roman japonais Maria Beetle de Kotaro Isaka in fine moins proche de la précision chirurgicale de son John Wick et de la méchanceté brutale d'Atomic Blonde, que de la partition cartoonesque de Deadpool 2, voire même de celle totalement impersonnelle et foutraque de Fast & Furious : Hobbs and Shaw.
Faisant totalement fi de son pitch prétexte (des tueurs s'entretuent à la recherche d'une malette dans un shinkansen - un TGV japonais - reliant Tokyo à Kyoto) pour embrasser les contours d'un divertissement flipper et Looney Tunesque fleurant bon la fusion enthousiaste entre les cinémas de Guy Ritchie et Jackie Chan, Bullet Train se perd pourtant en cours de route, engoncé dans l'embouteillage d'un désir certes louable mais bien trop glouton d'empiler les références/influences multiples au coeur d'un chaos volontairement désorganisé d'humour et de castagnes, dont la faiblesse d'écriture (ses tunnels de dialogues surexplicatifs...) lui fait férocement perdre sa destination - le trop tue toujours le pas assez.
Pourtant, l'essentiel était là, tapis dans une volonté de mettre au service de la comédie burlesque, la précision chorégraphique et la lisibilité de l'action de John Wick (excepté dans un final destructeur et dispensable boursouflé aux CGI), tout en faisant de Brad Pitt un action man atypique qui déteste tuer son prochain, un lascar malchanceux dont l'attitude zen et pacifique (une rédemption dont il est heureux de parler à chaque occasion qui lui est présenté, même avec des gens qui essaient activement de l'assassiner) en fait plus un cousin du Dude que de John Wick - même si la coupe de cheveux fatiguée colle.
Mais comme dit plus haut, le problème de Bullet Train ne réside pas tant dans l'énergie communicative qu'il dégaine sans trembler au travers de prestations volontairement over-the-top (dont on ne retient finalement que le duo Lemon et Tangerine, campé par Brian Tyree Henry et Aaron Taylor-Johnson dans des performances géniales et presque irréelles) et d'empoignades musclées mises en boîte de manière sensiblement inspirée (une action brutale et sèche parsemée de plaisanteries Jackie Chan-esque qui ne font pas toujours mouche), mais bien dans le scénario précipité et caricatural de Zak Olkewicz, qui s'amuse en plus à faire du ping-pong entre le passé et le présent.
Les comédiens ont beau vendre comme ils le peuvent le film, la volonté d'Olkewicz et Leitch a en faire le divertissement estival parfait, plombe toutes ses bonnes intentions.
Peut-être qu'une plus grande attention allouée à son humour, à ses personnages (tant il relègue de manière déroutante certains à de simples figurarions, comme Andrew Koji et Hiroyuki Sanada, uniquement présent pour rappeler que le cadre du film est bien au Japon) où même aux propres compétences de Leitch (en sourdine pour embrasser les tics stylistiques de Ritchie et Tarantino), auraient fait du long-métrage un meilleur divertissement, où tout du moins une comédie d'action résolument plus mémorable qu'elle ne l'est en l'état.
Plus animé par son style que par sa substance, plus ludique qu'il est percutant et original, le film peut se voir comme un bolide de compétition bloqué par les limitations de vitesse d'une autoroute pavée d'or qu'il a lui-même conçu, qui menace parfois de faire quelques embardées folles avant de rentrer gentiment dans le rang.
Mais au coeur d'un été des blockbusters où seul Top Gun : Maverick a su nous exciter, autant par sa légèreté assumé que par sa volonté d'en mettre plein les mirettes à son auditoire, Bullet Train peut se voir comme une alternative légère et agréable qui en est finalement pas si éloigné, tant on y voit Brad Pitt, tout comme Cruise, s'éclater comme un gamin dans un gros blockbuster totalement acquis à sa cause.
Mais la " Coccinelle " n'est pas Maverick...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Brad Pitt, Brian Tyree Henry, Aaron Taylor-Johnson, Joey King, Andrew Koji, Hiroyuki Sanada, Bad Bunny, Zazie Beetz, Michael Shannon, Logan Lerman, Sandra Bullock,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Coccinelle est un assassin malchanceux et particulièrement déterminé à accomplir sa nouvelle mission paisiblement après que trop d'entre elles aient déraillé. Mais le destin en a décidé autrement et l'embarque dans le train le plus rapide au monde aux côtés d'adversaires redoutables qui ont tous un point commun, mais dont les intérêts divergent radicalement... Il doit alors tenter par tous les moyens de descendre du train.
Critique :
#BulletTrain fait fi de son pitch prétexte pour embrasser son statut de divertissement flipper façon fusion enthousiaste entre les cinés de Ritchie & Chan. Dommage que son empilement de références couplé à un script fragile viennent saper ses bonnes intentions et son action brute pic.twitter.com/Al9xUPDfdl
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 3, 2022
Les contours du huis clos et du lieu unique ont souvent admirablement bien matchés avec le cinéma d'action, que ce soit le Nakatomi Plaza de Die Hard, le bus de Speed, l'avion présidentiel d'Air Force One où encore l'immeuble de The Raid : quand l'action est confiné/concentré/circonscrite dans un seul et même espace, elle permet une meilleure maîtrise autant qu'une optimisation totale du cadre et des éléments pour accoucher, en toute logique, d'un pur plaisir jouissif pour son auditoire.
Un cocktail complexe et explosif que n'arrive jamais totalement à obtenir David Leitch avec son nouvel effort, Bullet Train, adaptation/réappropriation du roman japonais Maria Beetle de Kotaro Isaka in fine moins proche de la précision chirurgicale de son John Wick et de la méchanceté brutale d'Atomic Blonde, que de la partition cartoonesque de Deadpool 2, voire même de celle totalement impersonnelle et foutraque de Fast & Furious : Hobbs and Shaw.
Copyright Scott Garfield |
Faisant totalement fi de son pitch prétexte (des tueurs s'entretuent à la recherche d'une malette dans un shinkansen - un TGV japonais - reliant Tokyo à Kyoto) pour embrasser les contours d'un divertissement flipper et Looney Tunesque fleurant bon la fusion enthousiaste entre les cinémas de Guy Ritchie et Jackie Chan, Bullet Train se perd pourtant en cours de route, engoncé dans l'embouteillage d'un désir certes louable mais bien trop glouton d'empiler les références/influences multiples au coeur d'un chaos volontairement désorganisé d'humour et de castagnes, dont la faiblesse d'écriture (ses tunnels de dialogues surexplicatifs...) lui fait férocement perdre sa destination - le trop tue toujours le pas assez.
Pourtant, l'essentiel était là, tapis dans une volonté de mettre au service de la comédie burlesque, la précision chorégraphique et la lisibilité de l'action de John Wick (excepté dans un final destructeur et dispensable boursouflé aux CGI), tout en faisant de Brad Pitt un action man atypique qui déteste tuer son prochain, un lascar malchanceux dont l'attitude zen et pacifique (une rédemption dont il est heureux de parler à chaque occasion qui lui est présenté, même avec des gens qui essaient activement de l'assassiner) en fait plus un cousin du Dude que de John Wick - même si la coupe de cheveux fatiguée colle.
Copyright Scott Garfield |
Mais comme dit plus haut, le problème de Bullet Train ne réside pas tant dans l'énergie communicative qu'il dégaine sans trembler au travers de prestations volontairement over-the-top (dont on ne retient finalement que le duo Lemon et Tangerine, campé par Brian Tyree Henry et Aaron Taylor-Johnson dans des performances géniales et presque irréelles) et d'empoignades musclées mises en boîte de manière sensiblement inspirée (une action brutale et sèche parsemée de plaisanteries Jackie Chan-esque qui ne font pas toujours mouche), mais bien dans le scénario précipité et caricatural de Zak Olkewicz, qui s'amuse en plus à faire du ping-pong entre le passé et le présent.
Les comédiens ont beau vendre comme ils le peuvent le film, la volonté d'Olkewicz et Leitch a en faire le divertissement estival parfait, plombe toutes ses bonnes intentions.
Peut-être qu'une plus grande attention allouée à son humour, à ses personnages (tant il relègue de manière déroutante certains à de simples figurarions, comme Andrew Koji et Hiroyuki Sanada, uniquement présent pour rappeler que le cadre du film est bien au Japon) où même aux propres compétences de Leitch (en sourdine pour embrasser les tics stylistiques de Ritchie et Tarantino), auraient fait du long-métrage un meilleur divertissement, où tout du moins une comédie d'action résolument plus mémorable qu'elle ne l'est en l'état.
Copyright Scott Garfield |
Plus animé par son style que par sa substance, plus ludique qu'il est percutant et original, le film peut se voir comme un bolide de compétition bloqué par les limitations de vitesse d'une autoroute pavée d'or qu'il a lui-même conçu, qui menace parfois de faire quelques embardées folles avant de rentrer gentiment dans le rang.
Mais au coeur d'un été des blockbusters où seul Top Gun : Maverick a su nous exciter, autant par sa légèreté assumé que par sa volonté d'en mettre plein les mirettes à son auditoire, Bullet Train peut se voir comme une alternative légère et agréable qui en est finalement pas si éloigné, tant on y voit Brad Pitt, tout comme Cruise, s'éclater comme un gamin dans un gros blockbuster totalement acquis à sa cause.
Mais la " Coccinelle " n'est pas Maverick...
Jonathan Chevrier