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[CRITIQUE] : America Latina


Réalisateurs : Fabio et Damiano D'Innocenzo
Acteur : Elio Germano, Astrid Casali, Sara Ciocca,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Italien, Français.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Massimo Sisti est dentiste. Il a tout ce dont il pouvait rêver : une sublime villa et une famille aimante. Mais un évènement va bouleverser sa vie à jamais. Alors qu’il descend dans sa cave, il y découvre une petite fille attachée et très mal en point. Qui est-elle ? Comment est-elle arrivée là ?



Critique :


On avait laissé le pendant réalisateur des deux frangins Fabio et Damiano D'Innocenzo, il y a un tout petit peu moins d'un an - en octobre dernier - avec l'uppercut Storia di Vacanze, second long-métrage puissant et dévastateur qui s'échinait à détruire l'aspect protecteur et réconfortant du cocon familial, en en faisant le terreau anxieux d'une colère/violence insidieuse et nourrit par un manque cruel de communication - tout du moins saine -, expurgé de tout misérabilisme (mais aussi d'empathie) et d'un pessimisme à tout épreuve.
Un portrait sombre de la classe moyenne et ouvrière italienne, le tout noyé dans une photographie verdâtre à la fois menaçante et étrangement nostalgique.
Une oeuvre sordide et brutale sur le cycle compulsif et terriblement banale d'une autorité gangrenée et (presque) condamnée à se répéter de génération en génération, si elle n'est pas enrayée au plus tôt.

Copyright The Apartment/Vision Distribution/Le Pacte

Sensiblement dans la même veine (très) noire et nébuleuse, leur troisième effort, America Latina, se fait elle aussi une œuvre complexe et personnelle où la recherche stylistique (souvent à la lisière de la fable) est bien plus mis en avant que la profondeur et l'originalité de son écriture - ici moins choral.
Articulé autour de l'histoire macabre d’un dentiste - Massimo Sisti - à la vie en apparence parfaite (il est un mari et un papa heureux de deux filles), qui découvre un soir dans sa cave une petite fille ligotée et mal et point, la narration, comme dans tout bon thriller psychologique, ne perd pas de temps pour donner toutes les clés à son auditoire et il suffira simplement de remettre les pièces du puzzle au bon endroit, et d'en apprécier la fresque finale.
La descente de Maximus dans le monde souterrain de son esprit est-elle quelque chose de tangible ou est-ce simplement le résultat de sa psyché malade ?
Oscillant entre réalité et imaginaire, entre la farce et le désespoir, entre un esprit qui perd peu à peu tout contact avec le monde réel et sa lente descente au fon du terrier du lapin, un monde fait d'obscurité et d'horreur qu'il matérialise dans son propre sous-sol; le film, qui expose un nouveau regard racé sur l'Italie d'aujourd'hui (vissé cette fois sur la perte de stabilité émotionnelle et affective da figure masculine dans la société contemporaine), se fait une guerre ereintante au coeur d'un chaos mental et psychique, une peinture sombre et extrême du conflit intérieur qui nous habite tous, générant volontairement plus d'interrogations que de réflexions et d'interprétations.

Copyright The Apartment/Vision Distribution/Le Pacte

Songe Lynchien/Polanskien minimaliste et claustrophobe aux diatribes tauromachiques aussi captivantes que déroutantes, qui habitent l'esprit encore longtemps après la fin de la séance, America Latina est une nouvelle preuve troublante et probante (et toujours aussi exigeante avec son spectateur) de l'importance des frangins d'Innocenzo dans le renouveau d'un cinéma italien de plus en plus excitant à suivre.


Jonathan Chevrier


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