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[CRITIQUE] : Esther 2 : Les origines


Réalisateur : William Brent Bell
Acteurs : Isabelle Fuhrman, Julia Stiles, Rossif Sutherland,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Esther revient ! La saga terrifiante se poursuit dans cette préquelle palpitante. Après avoir orchestré une brillante évasion d'un établissement psychiatrique, Esther se rend en Amérique en se faisant passer pour la fille disparue d'une famille aisée. Mais, face à une mère prête à tout pour protéger sa famille, son plan va prendre une tournure inattendue. Il vous reste beaucoup de choses à découvrir sur Esther…



Critique :


Quel sacré choc que la découverte d'Esther premier du nom de Jaume Collet-Serra, petit bombe d'épouvante gentiment malsaine et perverse au pitch bis à forte tendance Z, sur une gamine psychotique qui n'en était finalement pas une puisque, atteinte d'hypopituitarisme, elle était en fait une jeune femme dans la trentaine - put*** de twist qui calme -, magistralement incarnée par une Isabelle Fuhrman alors âgée d'à peine 12 ans, qui avait apporté une nuance et une profondeur folles à un personnage extrêmement complexe.
Si l'idée d'une suite était totalement impossible sur le papier (quoique le giron horrifique, il ne faut jamais dire jamais), celle plus improbable encore d'un prequel treize ans plus tard, n'était certes pas forcément plus crédible ni cohérente mais c'est bel et bien l'option choisie par la Paramount pour faire revenir Leena Klammer/Esther, toujours campée par Fuhrman (!), avec le sobrement intitulé Esther 2 : Les Origines, dont on n'attendait pas grand chose si ce n'est d'être agréablement surpris, même avec le réal des deux faiblards The Boy - William Brent Bell - à la baguette.

Copyright Metropolitan FilmExport

Résolument plus pulp et moins viscéral et traumatisant que son aîné, ce prequel abandonne ses contours de drame familial mâtiné d'horreur pour jouer totalement la carte du slasher décomplexé et - partiellement - jouissif à l'ironie presque méta (Furhman était une enfant jouant une adulte qui prétendait être une enfant, elle est désormais une adulte jouant une adulte qui de fait passer pour une enfant), où la ruse de William Brent Bell côté mise en scène pour faire paraître le personnage plus jeune qu'elle ne l'est (des jeux de caméras avec une Furhman accroupie où à genoux, quant elle n'est pas remplacée par une enfant sur certains plans large), rajoute une touche encore plus grotesque à un film qui assume totalement ses faiblesses et son ridicule.
Contant l'odyssée rocambolesque de Leena, de son évasion sanglante d'un hôpital psychiatrique estonien férocement creepy, à sa première escroquerie familiale, qui l'amène à se faire passer pour l'enfant disparue d'une famille riche et désespérée - la fameuse Esther -, qui semble pourtant totalement consciente de la supercherie (la vraie Esther a en réalité été tuée dans un accident par son frère brutal, Gunnar, et sa mère a même aidé à dissimuler le crime); ce second opus n'a que faire des pistes dégainées par le passé, faisant de sa tueuse non plus un personnage dont la folie n'émerge que lorsque c'est absolument nécessaire, mais bel et bien un vilain caricatural et cartoonesque (Furhman s'éclate et cela se sent) qui pourrait aussi bien se frotter les mains tout en lançant un regard complice à l'écran, avant de commettre un crime.

Copyright Metropolitan FilmExport

D'autant qu'ici son handicap est directement lié ici à son comportement sociopathe, là où il ne cautionnait pas ses crimes dans le premier film, il en est ici presque la cause, la justification de son comportement, comme si être différent impliquait obligatoirement de répondre par une violence encore plus sourde que celle que l'on subit.
Pas mal pour une suite censé développer la personnalité et la psychologie du personnage - " les origines " hein -, que de le réduire à une caricature dont les actes ne sont motivés que par du capacitisme facile.
Et c'est sans compter quelques bons relans bien gras de xénophobie distillés par-ci, par-là, comme si l'on était, encore une fois, dans une bonne série Z qui tâche.
Pire, les aspects telenovela-esques de sa relation scandaleusement malsaine et fausse avec sa nouvelle mère, fini d'achever toute notion de réalisme même s'il est vrai que l'une des plus grandes forces du long-métrage, réside dans l'alchimie radicale entre Furhman et la trop rare Julia Stiles (pas si éloigné de celle entre Anna Kendrick et Blake Lively dans l'excellent A Simple Favor de Paul Feig).
Mais là encore, difficile d'avoir une réelle emprise sur une histoire dont on connaît l'issue avant même le générique de fin, puisque l'on sait d'avance que la famille Albright meurt dans un incendie domestique, justement pour qu'Esther soit adoptée par les Colemans dans le film original.

Copyright Metropolitan FilmExport

Souvent à la lisière de la parodie autant qu'il semble souvent frappé d'une réelle conscience de soi (même dans le pire), expurgé de toute la psychologie autant que du soin esthétique apporté par Collet-Serra sur le premier (la photographie Karim Hussain embaume le film dans une brume trouble et laide qui ne masque même pas tous ses artifices du pauvre), Orphan : First Kill (qui ne fait non pas référence aux premier meurtre de Leena, mais bien à celui de Gunnar) se fait un prequel ridiculisement absurde, étrange et sanglant qui démythifie l'emblématique figure horrifique d'Esther/Leena pour en faire une vulgaire tueuse en série comme le giron horrifique en dénombre à la pelle.
Not quite our tempo.


Jonathan Chevrier