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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #168. Johnny Handsome

© 1989 Studio Canal

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#168. Johnny Belle Gueule de Walter Hill (1989)

Passé de potentielle next big thing au statut de belle gueule que l'on s'arrache, avant de lentement glisser dans les abysses d'une Hollywood qui l'a recrachée aussi vite qu'elle l'a fait grimper au firmament, traînant autant dans les séries B peu défendables que sur des rings où il prenait plus de coups qu'il n'en donnait; Mickey Rourke a connu une carrière à part, même au moment où l'industrie, par le biais d'une performance exceptionnelle (dans The Wrestler de Darren Aronofski, la plus belle de sa carrière avec Angel Heart), l'a replacé sur la carte des talents " in " avant qu'il n'en s'écarte presque de lui-même.
Il est essentiel alors pour tout fan du bonhomme de se replonger aux premières heures de sa carrière et de revoir ses plus hauts faits de guerre, même si force est d'admettre que Johnny Belle Gueule de Walter Hill, où il est particulièrement inspiré en homme blessé obsédé par la vengeance, ne se classe pas au même niveau que ses prestations chez Coppola, Parker ou Cimino.

© 1989 Studio Canal

Étonnamment prophétique - dans le mauvais sens du terme - quant au physique du comédien (un gangster au faciès monstrueux passe par le bistouri pour changer de visage et mieux venger la mort de son meilleur ami; là où dans la réalité, ce sont ses nombreuses interventions chirurgicales qui ont abîmés son visage), cette vague adaptation du bouquin The Three Words de John Godey renarde sur le revival du film noir/polar hard boiled au coeur des 80s, même s'il ne dépasse jamais le stade de la série B nerveuse à l'action brutale et viscérale, plombés par quelques faiblesses scénaristiques dont il ne se remet jamais vraiment - la psychologie unidimensionnelle des personnages en tête.
Ne tirant jamais vraiment parti de son sujet captivant et toujours d'actualité (la spirale infernale du crime et la difficile - impossible - réinsertion des criminels), ni même des contours dramatiques de son exploration du mythe de la Belle et la Bête (avec une romance inutile en son coeur), le film épouse néanmoins parfaitement les lignes prenantes du thriller psychologique mâtinée de saillies brutales, dont le chaos aurait mérité d'être plus total.

© 1989 Studio Canal

Il n'en reste pas moins un petit bout de cinéma furieusement mélancolique, totalement ancré dans son époque et cornaqué avec sérieux par Walter Hill, le tout porté par les sonorités entraînantes de Ry Cooder.
Mais un film avec Ellen Barkin/Lance Henriksen en couple de salopards, Morgan Freeman flic intègre et Forest Whitaker en médecin au grand coeur, ne peut pas être foncièrement mauvais, non ?


Jonathan Chevrier

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