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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #78. Orphan

Copyright Warner Bros. France

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#78. Esther de Jaume Collet-Serra (2009)

On a aujourd'hui une féroce tendance, un poil injuste, de caractériser le faiseur de rêve qu'est Jaume Collet-Serra comme un vulgaire yes man à la solde d'Hollywood.
Un jugement qui, il est vrai, à la vue de ces derniers efforts - Jungle Cruise et Black Adam -, chapeautés entre deux Takenneries avec Liam Neeson, n'est pas totalement hors de propos non plus... oui, c'est compliqué.
Pourtant, les amateurs de bisserie qui dépotent peuvent argumenter, à raison, que ses films sont sans doute les meilleurs de la filmographie récente de Neeson, tandis que ceux qui ont une mémoire un peu moins réduite, se rappelleront aux bons souvenirs de ses deux incursions réussites dans le genre horrifique (oui), que ce soit le solide et savoureusement old school slasher La Maison de Cire (qui dégainait en prime un bel hommage aux classiques de la Hammer et au cinéma baroque transalpin), où l'étonnant Esther, dont on sous-estime la puissance tant on l'a trop souvent résumé à son twist Shyamalan-esque en diable.

Copyright Warner Bros. France

Détournant subtilement ses contours de vrai/faux film d'enfant diabolique aussi bien grâce à sa révélation finale totalement improbable que par une volonté de ne jamais trop jouer la carte du frisson facile, Esther est surtout un petit bijou de péloche subversive, fruit autant d'un scénario savamment jusqu'au-boutiste qui aborde avec malice quelques thèmes bien corsés (corruption de l'enfance, violence enfantine, inceste,...) que d'une volonté autant de pervertir que de jouer avec les limites des codes du film d'enfant diabolique donc, mais aussi du thriller domestique, sans jamais se perdre dans leurs formules ultra-calibrés.
Un brin flingué par quelques jump scares faciles voire inoffensifs, mais offrant tout du long une horreur mature sondant les peurs de l'enfance et de la maternité, le tout appuyé autant par une interprétation impeccable de son casting (mention aussi bien à l'impressionnante Isabelle Fuhrman qu'à la toujours magnifique Vera Farmiga, en mode pré-Norma Bates) que par une beauté formelle joliment léchée; Esther fait férocement le café, un thriller troublant même si frappé d'un petit esprit de déjà vu qui ne nuie pourtant en rien au plaisir qu'incarne sa vision.
Difficile d'imaginer que son prequel gentiment redouté, soit frappé par le même sceau de qualité d'ici août prochain...


Jonathan Chevrier