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[CRITIQUE] : Costa Brava, Lebanon


Réalisatrice : Mounia Akl
Acteurs : Nadine Labaki, Saleh Bakri, Nadia Charbel,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Libanais, Français, Espagnol, Suédois, Danois, Norvégien, Qatari.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Liban, dans un futur proche. Soraya et Walid se sont construits une vie idyllique dans les montagnes, loin du désordre et de la pollution de Beyrouth. Dans ce havre de paix, trois générations coexistent en apparente harmonie : les deux filles – Rim 9 ans, Tala 17 ans - la grand-mère et les époux Badri. Tout va bien jusqu’au jour où Rim aperçoit des étrangers dans la vallée. La vie paisible de la famille est brutalement remise en question par l’installation d’une décharge prétendument écologique. Malgré la corruption ambiante qui rend leur combat sans espoir, les Badri font front. Ce chaos extérieur a bientôt des répercussions sur le cocon familial…



Critique :


À l'image de nombreux pays dont la démocratie se fissure au fil des années sous le poids - entre autres - de la corruption, et dont les tensions entre la population et le gouvernement sont au bord de la rupture, le cinéma libanais fait de plus en plus entendre sa voix et voit émerger des cinéastes exposant sans phare les maux qui ravagent leur nation.
Premier long-métrage en solo de la wannabe réalisatrice Mounia Akl - elle avait co-réalisée Lebanon Factory en 2017 -, Costa Brava, Lebanon, petite bête de festival par ailleurs sélectionnée par le Liban pour l'oscar du meilleur film étranger cette année, capture les tourments et les fêlures du Liban d'aujourd'hui au travers des aléas d'une famille qui, après avoir cherché à opérer une rupture brutale avec Beyrouth, voit son horreur littéralement frappé au bas de sa porte.
Plusieurs années auparavant, les Badri avaient décidés de s'éloigner de la pollution et de l'agitation de la grande ville pour créer leur propre paradis à la montagne, au coeur d'un paysage idyllique propice à élever leurs enfants.
Mais comme toutes les bonnes choses ne peuvent pas durer éternellement, et il ne faudra pas longtemps pour que des fissures apparaissent dans cette apparente perfection.

Copyright Rudy Bou Chebel

Des fissures personnifiées par la création juste à côté de leur maison d'une décharge - théoriquement - écologique, qui dévore la terre et brûle illégalement les ordures; une invasion ostentatoire contre laquelle le patriarche décide de se retrancher et de ne pas céder.
À mesure que leur quotidien radieux devient de plus en plus contaminé et irrespirable, ce sont les aspirations opposées de chacun des membres de la famille qui intensifient une asphyxie et une désunion totale aux contradictions irréconciliables.
Où quand la déliquescence du macrocosme urbain d'une capitale/nation malade, vient envahir et lentement gangrener un microcosme familial qui ne peut qu'observer son malheur sans pouvoir l'endiguer.
Entre la tragédie grecque intime, le puissant récit d'émancipation et la charge politique et environnementale furieuse, Costa Brava, Lebanon, pas si éloigné au fond de The Mosquito Coast de Peter Weir, se fait un cocktail allégorique parfois un poil surchargé et inégal mais prenant, qui trouve continuellement un écho avec l'actualité chaotique d'un Liban engoncé dans la frustration entre la nostalgie de son lustre d'antan, et la décrépitude de son état au présent.
Dénué de tout misérabilisme putassier et même porteur d'espoir dans ses derniers instants, Mounia Akl signe un ambitieux et original premier effort, dominé de la tête et des épaules par le superbe couple Nadine Labaki/Saleh Bakri.


Jonathan Chevrier


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