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[CRITIQUE] : Le rapport Auschwitz


Réalisateur : Peter Bebjak
Acteurs : Noël Czuczor, Peter Ondrejička, John Hannah,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Historique, Drame.
Nationalité : Slovaquie, République Tchèque, Allemand, Polonais.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Déportés à Auschwitz en 1942, deux jeunes Juifs slovaques réussissent à s’enfuir le 10 avril 1944. Leur but : révéler au monde ce qui se passe dans les camps de la mort, et tenter de sauver des milliers de vies. Mais leur récit paraît tellement invraisemblable que les Alliés risquent de ne pas y croire.



Critique :

Le sujet a tellement été douloureusement mis en lumière au coeur du petit et du grand écran, qu'il est difficile désormais de ne pas déceler des similarités - voire des emprunts grossiers - entre chacun des films traitant de la tragédie humaine que fut l'Holocauste, d'autant qu'il est toujours délicat d'essayer de représenter l'irreprésentable et une horreur finalement bien loin de la cruelle réalité.
László Nemes et son formidable Le Fils de Saul y arrivait cependant avec une maxime plus forte que les autres films sur le sujet, en refusant justement de pointer la barbarie qui régnait dans les camps de concentration, tout en embaumant sa mise en scène au plus des visages, d'une atmosphère furieusement pesante et claustrophobe.
Une expérience troublée et ereintante qui a sensiblement marqué, pour ne pas dire méchamment influencé, le cinéaste slovaque Peter Bebjak pour son Le Rapport Auschwitz, représentant de la Slovaquie lors de la dernière course à l'oscar du meilleur film étranger.
Ambitieux, la péloche se veut comme une mise en images de l'histoire vraie d'Alfred Wetzler et Walter Rosenberg, deux jeunes juifs slovaques déportés à Auschwitz en 42, et qui ont réussi à s’enfuir le 10 avril 1944 autant pour sauver leur peau d'une mort certaine, que pour révéler au monde la réalité du quotidien au coeur des camps de la mort.

Copyright DNA_Production

Un devoir de mémoire nécessaire donc, dont s'empare Bebjak dans une sorte de portrait confus et alambiqué scindé en deux parties, le quotidien au coeur du camp après l'évasion puis l'évasion en elle-même.
Un procédé étrange, plus proche du regard pragmatique que du portrait héroïque voulu, au point même que l'on prend intimement plus le parti de ceux qui restent et résistent, bien plus que ceux qui ont fuit (et qui font subir les conséquences de leur acte aux autres), dans une première moitié au sein des camps où s'instaure une guerre psychologique contre le désespoir, avant que l'exercice sensoriel se transforme dans sa seconde moitié en une exposition narrative sans ampleur et scolaire des faits - l'évasion et le dévoilement difficile de la vérité, face à un monde qui ne veut pas l'écouter.
Louable exposition d'un acte de résistance qui a abouti à sauver des centaines de milliers de vies (et qui a rarement eu les honneurs d'une retranscription à l'écran), Le Rapport Auschwitz se heurt cependant à un récit déséquilibré et un manque cruel de subtilité dans son exécution pour faire totalement mouche, rendant son exposé aussi bien maladroit qu'il peine à se focaliser sur l'essentiel : la réticence de la bureaucratie occidentale à accepter une vérité qu'elle peut à peine comprendre, et qu'elle ne voulait sans doute pas voir non plus.


Jonathan Chevrier