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[FUCKING SERIES] : Miss Marvel saison 1 : Not bad for a Jersey Girl


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Dans le marasme d'une production télévisée et cinématographique de plus en plus décevante, pour ne pas dire déclinante, il y a quelque chose de rafraîchissant pourtant à la vision de ce petit bout de télévision coloré qu'est Miss Marvel, sans doute, peut-être, le premier vrai show Disney Plus à vraiment prendre au pied de la lettre le mot " origin " du terme origin story, bien plus que pouvait le faire Moon Knight où même Hawkeye, avec le personnage de Kate Bishop.
Aucun personnage pivot du MCU ne vient servir de contrepoint pour accompagner le personnage, tout tombe sur les épaules de Kamala Khan - très grande fangirl de Captain Marvel - et elle apprend à porter ce poids en même temps que nous apprenons à la connaître et, inéluctablement, à l'apprécier.
Ses angoisses comme sa maladresse sont de vrais encrages authentiques aussi bien que son enthousiasme juvénile face à la découverte de ses pouvoirs (moins important finalement que son récit initiatique/passage à la vie d'adulte), rendant de facto le processus d'identification encore plus prégnant, d'autant qu'un vrai accent est mis sur sa foi (avec une représentation respectueuse et positive de l'Islam), membre à part entière de son quotidien.

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Des bonnes intentions qui, si elles ne font pas un show, démontre au moins la volonté de ne pas complètement reproduire les mêmes erreurs d'une formule éprouvée mais usée jusqu'à la moelle, en faisant la part belle à ses personnages dans un cocktail détonant de teen movie, de spectacle super-héroïque et de numéros musicaux.
Miss Marvel parle aussi bien de personnes ordinaires qui apprennent à accepter les caprices extraordinaires du destin, que de voyages interdimensionnels où encore d'actes super-héroïques délirants qui changent la dynamique au sein d'une famille pakistanaise-américaine dont l'héritage religieux et culturel place Kamala en complet désaccord avec ses aspirations, ses responsabilités et les nouvelles forces qu'elle tente de maîtriser, in fine tout aussi imposant que peut l'être son imagination foisonnante.
Même s'il est facile de déceler ses menus défauts d'écriture (où de mise en scène, sauf quand le tandem Adil El Arbi et Bilall Fallah est à la barre) dans ce qui peut se voir comme un long film autonome de cinq heures au rythme gentiment inégal, difficile de pas se laisser embarquer par sa sincère et intense lutte identitaire et pour l'affirmation de soi, qui va - un peu - plus loin que le simple effort de la firme aux grandes oreilles de jouer la carte du multiculturalisme, même aux travers de ses combats étonnamment pluriels (religion, racisme, gentrification, féminisme, homosexualité, écologie,...).

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À défaut de jouer la carte de la fidélité absolue (pas besoin d'être totalement initié aux comics de G. Willow Wilson et Adrian Alphona, pour s'en rendre compte), Miss Marvel charme par sa simplicité et son enthousiasme non feint, pleinement véhiculé par la pétillante et attachante Iman Vellani.
Une petite douceur fantaisiste et inventive finalement plus grande qu'elle ne semblait l'être (elle introduit le personnage avant son retour dans The Marvels, mais aussi et surtout le concept de mutant dans son ultime épisode), une évasion dans la veine de Hawkeye, inférieure au hit Loki certes et bardé des mêmes défauts que les productions de la maison mère MCU, mais qui fait suffisamment - et agréablement - bien son office pour divertir modestement son auditoire entre deux montées de mercure, qui nous pousse à squatter nos fauteuils avec un ventilateur vissé sur la caboche.


Jonathan Chevrier