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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Le Jour du dauphin


Réalisateur : Mike Nichols
Acteurs : George C. Scott, Trish Van Devere, Paul Sorvino,...
Distributeur : Lost Films
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Science-fiction.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.

Date de sortie : 15 mars 1974
Date de ressortie : 20 juillet 2022

Synopsis :
Alors qu’il est sur le point de trouver un moyen de communiquer avec les dauphins, un biologiste ne soupçonne pas que sa découverte puisse être détournée à d’autres fins.



Critique :


Pas forcément le plus connu de ses efforts à la vue de sa foisonnante carrière, le curieux et hybride Le Jour du dauphin de Mike Nichols, n'en reste pas moins son effort le plus singulier qui, même si sa crédibilité vascille lentement mais sûrement au fil du récit, n'en reste pas moins étonnant dans son cocktail entre le mélodrame science-fictionnelle sensibilisant le spectateur à la cause animale, et le thriller politico-complotiste avec une pointe d'aventure au coeur d'un paradis perdu.
Fruit de sa troisième collaboration avec le scénariste Buck Henry (après la satire sociale The Graduate en 1967 et le film de guerre surréaliste Catch-22 en 1970), le film, adapté du roman éponyme du français Robert Merle (qui en profitait pour aborder frontalement le contexte de la Guerre Froide et critiquer l'interventionnisme américain) et un temps promis à Roman Polanski, voit le tandem renier un brin leur formule habituelle : mettre l'accent sur le développement méticuleux des personnages (même ses deux mammifères) au détriment de la solidité et de la cohérence de l'histoire en elle-même.

Copyright Lost Films

On y suit les aléas de Jake Terrell, un scientifique avec une obsession inhabituelle : depuis des années, il mène avec l'aide d'une petite équipe et de sa compagne, des recherches sur l'intelligence et la faculté de compréhension des dauphins et plus précisément en ce qui concerne Fa, qui a grandi en captivité pendant quatre ans, et à qui Terrell tente de faire parler la langue de Shakespeare.
Pour soulager sa captivité, le scientifique lui offre une compagne - Be - à qui il va bientôt apprendre l'anglais, une percée majeure qui va attirer le regard de la fondation obscure qui finance les recherches, et qui cherchera exploiter les mammifères pour leurs propres fins...
Différant sensiblement du matériau d'origine (on passe de la destruction d'un navire US pour en faire endosser la responsabilité à l'URSS, à une tentative d'assassinat du président des États-Unis sur son yacht) tout en étant sensiblement unique en son genre, Le Jour du dauphin captive l'intérêt jusqu'à ce qu'il dévoile douloureusement son MacGuffin plus risible qu'autre chose - des dauphins parlants, affublés de voix digne des Pokémon -, dégringolant gentiment du mélodrame d'anticipation aux séquences d'apprentissage poignantes, vers le thriller écolo-paranoïaque inégal où même un Paul Sorvino investi en tant que laquais imprévisible du gouvernement, ne parvient jamais à renverser la vapeur.
Attachant et abstrait autant qu'il peut paraître furieusement bancal et manquant cruellement de densité, Le Jour du dauphin n'en reste pas moins une expérience à part qui mérite qu'on s'y intéresse un brin, ne serait-ce que pour se laisser embarquer par la douce musique de Georges Delerue.


Jonathan Chevrier