[CRITIQUE] : Mi Iubita mon Amour
Réalisatrice : Noémie Merlant
Acteurs : Noémie Merlant, Gimi Covaci, Sanda Codreanu, Alexia Lefaix,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Jeanne part fêter son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie avec des amies. Elle y rencontre Nino et sa famille. Tout les sépare. C'est le début d'un été passionnel et hors du temps.
Critique :
Hasard du calendrier où non, il était étonnant de voir que deux ans tout rond après le triomphe - totalement mérité - cannois du Portrait de la jeune fille en feu, deux de ses comédiennes vedettes, Noémie Merlant et Luàna Bajrami, viennent faire leur retour sur la Croisette en 2021 avec leurs premiers efforts, Mi Iubita mon amour et La Colline où rugissent les lionnes; deux mouvements de cinéma finalement pas si éloigné l'un de l'autre autant dans leur maladresse, leur énergie palpable et leur sensibilité (joliment militante), que dans leur façon de privilégier une tactilité sensuelle si souvent liée aux cinémas de Céline Sciamma et Claire Denis.
Bien qu'il est vrai que si le film de Bajrami jouait la carte à la fois du récit initiatique pluriel et d'une ode enthousiasmante à la sororité et aux rêves de libertés et d'émancipation de trois jeunes femmes engoncées dans une société patriarcale qui les oppresse à tous les niveaux; celui de Merlant, qui lui aussi est parsemé de quelques touches personnelles, tend plus vers la romance pudique et l'hédonisme au coeur d'un été placée sous le signe de la découverte (pas uniquement de soi) et du partage, capturé dans une intimité proche du documentaire - en adéquation avec sa production sauvage et impulsive.
Reprenant le même frisson romantico-estival de Call Me By Your Name (avec qui il partage d'ailleurs les mêmes adieux tout en retenue), la narration se scinde en deux parties comme les deux faces d'un même amour (Jeanne, une touriste française réservée venue passer son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie, et Nino, un jeune adolescent rom dont la famille va accueillir Jeanne et ses amies, à la suite d'une mésaventure - on leur a volé leur voiture dans une station-service), deux angles justement incarnés par ses deux comédiens scénaristes - Merlant et Gimi Covaci, ensembles devant et derrière la caméra -, qui se révèlent à la fois douloureusement opaque pour l'un, et incroyablement solaire et naturaliste pour l'autre.
Opérant un équilibre instable sur le fil ténu de la crédibilité (Jeanne a beau ne pas sembler heureuse face à son mariage imminent, qu'est-ce qui la pousse à tomber amoureuse d'un môme de dix-sept ans - de plus de dix ans son cadet -, autre que n'est l'ivresse de l'inattendu, dénué de toute responsabilisation autant pour elle que pour Nino ?), le film assume tout du long, pour le meilleur comme pour le pire, son statut de bulle enchantée en exposant fébrilement et avec désinvolture - malgré quelques beaux moments de grâce -, une union des corps pas toujours empathique où le rapport des forces et des classes sont totalement renversés, où une apparente complaisance se frotte au banal et à des événements autrement quotidiens en terre inconnue.
Si on pourrait intimement lui reprocher de subtilement - où non, justement - contourner tout questionnement/complexification de son sous-texte social où même de sa dynamique du pouvoir (ici sensiblement tourné sur le désir et le sexe plus que sur les versants économiques et socio-culturels) où de rendre un peu trop facile sa romance à la fois improbable - voire inconfortable - et utopiste, difficile en revanche de discuter la sincérité du message de tolérance vibrant et de son coup de projecteur solaire sur une communauté férocement stigmatisée.
Terrestre et optimiste où faussement candide, telle est la question d'un effort qui se résume parfaitement dans la douceur et le manque d'unicité simultanés de son histoire.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Noémie Merlant, Gimi Covaci, Sanda Codreanu, Alexia Lefaix,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Jeanne part fêter son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie avec des amies. Elle y rencontre Nino et sa famille. Tout les sépare. C'est le début d'un été passionnel et hors du temps.
Critique :
Reprenant le même frisson romantico-estival de #CallMeByYourName et son union des coeurs à la tactilité sensuelle,#MiIubitaMonAmour assume tout du long son statut de bulle enchantée fragile qui se résume totalement dans la douceur et le manque d'unicité simultanés de son histoire pic.twitter.com/WupTM1swWh
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 24, 2022
Hasard du calendrier où non, il était étonnant de voir que deux ans tout rond après le triomphe - totalement mérité - cannois du Portrait de la jeune fille en feu, deux de ses comédiennes vedettes, Noémie Merlant et Luàna Bajrami, viennent faire leur retour sur la Croisette en 2021 avec leurs premiers efforts, Mi Iubita mon amour et La Colline où rugissent les lionnes; deux mouvements de cinéma finalement pas si éloigné l'un de l'autre autant dans leur maladresse, leur énergie palpable et leur sensibilité (joliment militante), que dans leur façon de privilégier une tactilité sensuelle si souvent liée aux cinémas de Céline Sciamma et Claire Denis.
Bien qu'il est vrai que si le film de Bajrami jouait la carte à la fois du récit initiatique pluriel et d'une ode enthousiasmante à la sororité et aux rêves de libertés et d'émancipation de trois jeunes femmes engoncées dans une société patriarcale qui les oppresse à tous les niveaux; celui de Merlant, qui lui aussi est parsemé de quelques touches personnelles, tend plus vers la romance pudique et l'hédonisme au coeur d'un été placée sous le signe de la découverte (pas uniquement de soi) et du partage, capturé dans une intimité proche du documentaire - en adéquation avec sa production sauvage et impulsive.
Copyright Tandem Films |
Reprenant le même frisson romantico-estival de Call Me By Your Name (avec qui il partage d'ailleurs les mêmes adieux tout en retenue), la narration se scinde en deux parties comme les deux faces d'un même amour (Jeanne, une touriste française réservée venue passer son enterrement de vie de jeune fille en Roumanie, et Nino, un jeune adolescent rom dont la famille va accueillir Jeanne et ses amies, à la suite d'une mésaventure - on leur a volé leur voiture dans une station-service), deux angles justement incarnés par ses deux comédiens scénaristes - Merlant et Gimi Covaci, ensembles devant et derrière la caméra -, qui se révèlent à la fois douloureusement opaque pour l'un, et incroyablement solaire et naturaliste pour l'autre.
Opérant un équilibre instable sur le fil ténu de la crédibilité (Jeanne a beau ne pas sembler heureuse face à son mariage imminent, qu'est-ce qui la pousse à tomber amoureuse d'un môme de dix-sept ans - de plus de dix ans son cadet -, autre que n'est l'ivresse de l'inattendu, dénué de toute responsabilisation autant pour elle que pour Nino ?), le film assume tout du long, pour le meilleur comme pour le pire, son statut de bulle enchantée en exposant fébrilement et avec désinvolture - malgré quelques beaux moments de grâce -, une union des corps pas toujours empathique où le rapport des forces et des classes sont totalement renversés, où une apparente complaisance se frotte au banal et à des événements autrement quotidiens en terre inconnue.
Copyright Tandem Films |
Si on pourrait intimement lui reprocher de subtilement - où non, justement - contourner tout questionnement/complexification de son sous-texte social où même de sa dynamique du pouvoir (ici sensiblement tourné sur le désir et le sexe plus que sur les versants économiques et socio-culturels) où de rendre un peu trop facile sa romance à la fois improbable - voire inconfortable - et utopiste, difficile en revanche de discuter la sincérité du message de tolérance vibrant et de son coup de projecteur solaire sur une communauté férocement stigmatisée.
Terrestre et optimiste où faussement candide, telle est la question d'un effort qui se résume parfaitement dans la douceur et le manque d'unicité simultanés de son histoire.
Jonathan Chevrier