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[CRITIQUE] : Persuasion


Réalisatrice : Carrie Cracknell
Acteurs : Dakota Johnson, Cosmo Jarvis, Henry Golding, Richard E. Grant,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
L'homme séduisant qu'Anne Elliot a été forcée d'éconduire huit ans auparavant refait irruption dans sa vie. Saisira-t-elle cette seconde chance de vivre le grand amour ?



Critique :


Qu'on se le dise, que ceux qui ont lu/apprécié Persuasion où même sont tout simplement passionné par l'oeuvre foisonnante et magique de Jane Austen, ne pourront considérer cette adaptation de son ultime roman par Carrie Cracknell et Netflix, que comme une put*** d'abomination, seulement destinée à faire écho au succès des Chroniques de Bridgerton.
S'échinant - au moins - à conserver les grandes lignes de l'oeuvre la plus subtile et mature d'Austen (l'histoire de la flamme perdue puis finalement ravivé entre Anne Elliot et le capitaine Wentworth), charmante par sa sensibilité poignante et automnale, tout en claquant sur elle un ton contemporain faussement impertinent et totalement conscient de soi - pire combo ever -; le film se fait une tentative embarassante de modernisation du dialogue et d'une intrigue intemporelle, sorte de sous-Bridget Jones aux anachronismes ostentatoires qui tente désespérément de montrer sa pertinence, sans jamais y arriver.

Copyright Netflix / Nick Wall

Sorte de cocktail aléatoire de tout ce qui a été produit sous l'aura tutélaire d'Austen jusqu'à aujourd'hui, qui sur-dramatise son matériau d'origine jusqu'à l'excès, Persuasion cuvée Netflix fait de sa Anne une mauvaise Fleabag en puissance totalement à l'opposée du personnage sur papier : une anarchique maladroite, imitant les autres tout en dégainant des blagues faisandés, qui brise le quatrième mur tout en décrivant ses amis et sa famille au public en termes peu flatteurs, regards " complices " à la clé.
Pire que d'être totalement à côté de la plaque, cette relecture du personnage annhile totalement le coeur émotionnel du roman : une Anne qui ressent profondément et sincèrement les choses, qui vit intensément la frustration et le bouillonnement d'une passion retrouvée.
Là, toute l'intensité est réduite aux gémissements, plaintes et autres minauderies irritantes d'une Dakota Johnson contrainte à constamment flirter avec la limite du grotesque.
Il n'y a rien d'impossible dans l'idée de vouloir adapter un roman d'époque au coeur de sa période traditionnelle tout en y appliquant une sensibilité plus moderne (on pense autant à Armondo Iannucci avec The Personal History of David Copperfield, Greta Gerwig avec Little Women où même Autumn de Wilde avec Emma, déjà inspiré d'une oeuvre d'Austen), mais encore faut-il respecter le matériel source et encore plus, le comprendre lui et ses personnages (au-delà d'Anne, le personnage de William voit sa duplicité sensiblement atténuée, Wentworth est dénué de toute gravité...).
Persuasion réussit la prouesse rare d'apparaître encore moins moderne que le roman qu'il adapte.
Il faut croire qu'il est aujourd'hui, plus facile de trahir que d'adapter...


Jonathan Chevrier


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