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[CRITIQUE] : The Gray Man


Réalisateurs : Anthony et Joe Russo
Avec : Chris Evans, Ryan Gosling, Ana De Armas, Regé-Jean Baptiste, Jessica Henwick, Wagner Moura, Dhanush, Alfre Woodard, Billy Bob Thornton, Julia Butters,...
Distributeur : Netflix France
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h08min

Synopsis :
" Gray Man " est le nom de code de l’agent de la CIA Court Gentry, alias Sierra Six. Recruté dans une prison fédérale par son officier traitant, Donald Fitzroy, Gentry était autrefois un redoutable tueur à gages à la solde de la CIA. Mais la situation a radicalement changé : Gentry est désormais la cible de Lloyd Hansen, ancien comparse de la CIA, totalement déterminé à le traquer à travers le monde pour l’éliminer. L’agent Dani Miranda le couvre – et il en aura besoin.



Critique :


Après avoir offert au MCU quelques-uns de ses efforts les plus rentables, dont les deux derniers Avengers, les frangins Anthony et Joe Russo se sont vu offert par la jungle Hollywoodienne une sorte de totem d'immunité, une carte blanche constante pour poursuivre leur entreprise de destruction massive du côté de streamers/plateformes trop contentes de les compter parmi leurs catalogues - tant mieux puisque les salles obscures ne sont pas un lieu sacré à leurs yeux.
Premier effort post-Marvel lancé du côté de chez Apple TV, Cherry porté par Tom " Spider-Man " Holland, voyait le tandem appliqué leur " sensibilité " et leur sens du spectacle à une histoire fragile qui n'en avait pas vraiment besoin, consumant le peu de substance d'une tragédie puissante qui, comme ses personnages, ressemblait à une coquille vide.
La même impression que peut laisser The Gray Man donc, leur gros blockbuster made in Netflix louchant gentiment sur la franchise Jason Bourne, dont l'intrigue est adapté du premier opus de la longue série de romans d'espionnage de Mark Greaney centré sur Court Gentry, alias Sierra Six/Gray Man.

Copyright Netflix

Au-delà de son intrigue prétexte et prévisible qui réunit tous les tropes qui ont déjà été vus/usés dans le genre depuis - au moins - plus de deux décennies maintenant (Gentry autrefois un redoutable tueur à gages à la solde de la CIA, est désormais la cible de Lloyd Hansen, ancien comparse de la CIA, totalement déterminé à le traquer à travers le monde pour l’éliminer), et qui n'est là que pour soutenir un tant soit peu ses élans spectaculaires (un manque d'originalité qui, comme tout actionner qui se respecte, n'est pas un problème tant que l'action dépote), The Gray Man pêche avant tout et surtout à cause du style de ses deux têtes pensantes à sa barre, cocktail excessif d'explosion et de plaisanteries gênantes à peine drôles, le tout porté par un penchant mignon pour jouer les globe-trotter sans jamais donner vie à leurs - luxueux - cadres.
Ce qui était une force chez Marvel - car c'est l'essence même de leur formule policée -, devient une faiblesse hors de ce carcan structuré mais restrictif, car si les séquences d'action peuvent paraître accrocheuses, il y a un vrai sentiment frustrant qui s'en dégage tant elles sont un brin montées avec les pieds et laissent constamment l'histoire et les personnages sur le côté, au lieu d'agir comme leur faire valoir.

Copyright Paul Abell/Netflix © 2022

Des coupes intempestives au coeur du chaos aux dommages collatéraux manquant cruellement de corps, le film a plus des allures d'un disaster movie Emmerichien où les personnages sont aussi secondaires qu'ils deviennent surhumains par défaut (des super-héros qui survivent à tout, avec une petite boutade avant de repartir), qu'un pur divertissement kaboom avec des héros humains pour lesquels ont ressent si ce n'est de l'attachement, au moins un tant soit peu d'intérêt.
Entendons-nous bien, si le réalisme dans un actionner n'est pas forcément une nécessité - et encore plus aujourd'hui -, encore faut-il que le film ne se vide pas un chargeur dans la pantoufle avec une dissonance entre ce qui est annoncé par l'intrigue (les personnages sont les meilleurs assassins au monde) et ce qui est montré à l'écran (ils ne sont ABSOLUMENT PAS les meilleurs assassins au monde).
Et c'est sans doute la petite goutte de pisse qui fait définitivement déborder la cuvette et rend The Gray Man divertissant mais cruellement banal, d'autant qu'il avait tout en lui pour être un guilty pleasure tout droit sortie des 90s, notamment dans son face-à-face entre un Ryan Gosling mutique (dans une version tout public du Driver de NWR) et un Chris Evans merveilleusement Travolta-esque, quasiment tout du long enfermé dans une salle de contrôle - et que dire du tandem Ana De Armas/Jessica Henwick, encore plus sous-utilisé.

Copyright Stanislav Honzik/Netflix

Sans la puissance fédératrice du MCU, qui leur assure l'affection presque instantanée des fans pour des personnages déjà - sommairement - caractérisés, les Russo ont beau n'épargner aucune dépense pour divertir avec leur chasse à l'homme impersonnelle et bigger than life qui n'a rien à envier aux délires cartoonesques de la saga Fast and Furious, leur effort finit très (trop) vite par montrer ses limites et son manque cruel de but, incarnant dès lors un blockbuster mécanique gris pour un homme gris (sic).
Avec maladresse, The Gray Man veut nous rappeler combien ces types de divertissements calibrés sont une décharge de dopamine à l'ancienne, mais il n'a jamais la bonne formule (beaucoup d'action gonzo qui dépote certes mais pas assez - voire pas du tout - de cœur ni de véritable tension dramatique) pour titiller cette énergie jubilatoire et nostalgique chez son auditoire, incarnant un wannabe Bourne movie où, ironiquement, la crise d'identité ne viendrait pas tant de son personnage vedette que du film en lui-même.


Jonathan Chevrier


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