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[CRITIQUE] : Demain je traverse


Réalisatrice : Sepideh Farsi
Acteurs : Marisha Triantafyllidou, Hanaa Issa, Lydia Fotopoulou,...
Distributeur : Solaris Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Grecque, Luxembourgeois, Hollandais.
Durée : 1h21min

Synopsis :
Maria est policière, grecque, mère célibataire et fille unique. Elle jongle avec ses problèmes d’argent, sa fille adolescente, sa vieille mère et la crise grecque. Son commissariat ferme à Athènes et elle doit accepter un poste sur l’île de Lesbos, aux confins de la mer Egée.
Yussof, un jeune syrien qui fuit la guerre pour ne plus être obligé de tuer, arrive à Lesbos dans un camp de réfugiés et veut aller de l’avant en Europe. Il passe par Athènes où Maria revient pour rechercher sa fille qui a disparu. 
Leur destin se croise un bref moment dans une Grèce qui semble être une zone de paix, mais qui en réalité ne l’est plus. Celui qui semble être le plus libre des deux, l’est peut-être le moins…



Critique :


Force est d'admettre qu'il n'y a absolument rien de subtil dans le titre - qui annonce clairement et volontairement la couleur - du nouveau long-métrage de la cinéaste iranienne Sepideh Farsi (le magnifique drame romantico-intime Red Rose), Demain je traverse, lui qui indique sans surprise qu'il sera question de frontière franchie et de migration.
Fort heureusement, tout ne tourne pas autour de cela même si cette vérité devient de plus en plus actuelle au coeur d'une Europe qui fait face à une recrudescence de demandeurs d'asile en quête de paix dans un monde de plus en plus fragmenté par les guerres et l'absurdité des hommes.
Flanqué au coeur des camps de réfugiés aux conditions de vie désastreuse de la Mória à Lesbos, Farsi fait s'entrechoquer deux traversées symboliques mais surtout deux destins bien distincts mais tous les deux frappés - à différentes échelles - par la misère humaine.

Copyright Solaris Distribution

Soit Maria Ioannos (magnifique Marisha Triantafylliddou), une policière grecque et mère divorcée d'une jeune adolescente, Daphné, qui galère à finir les fins de mois - et le mot est faible -, et Yussof (Hanaa Issa, lui-même un réfugié ayant traversé l'Europe par le passé, dont l'expérience est ici infiniment précieuse), jeune réfugié syrien qui a quitté sa famille et son pays en guerre par refus de " tuer " et d'exécuter un contrat - dont on ne saura jamais le tenant ni les aboutissants -; un refus d'embrasser la violence qui l'a obligé de passer illégalement par la Turquie pour arriver en Grèce
Les deux âmes vont se rencontrer et, inéluctablement, se lier et se réconforter dans une relation passionnée et intense mais éphémère, une bulle de légèreté dans un monde en crise.
Revenant avec délicatesse et pudeur sur plusieurs sujets internationaux difficiles (la guerre en Syrie, le sort des réfugiés à travers l'Europe, la crise économique toujours mal digérée par la Grèce,...) autant que sur la tragédie de ses hommes et de ses femmes ayant tout abandonné pour fuir le malheur, Demain je traverse, embaumé avec soin (superbe photographie de Pantelis Mantzanas) captive à défaut de totalement bouleverser son auditoire, même si il pointe du bout de la caméra des dilemmes humains qu'on glisse tous facilement sous le tapis du quotidien.


Jonathan Chevrier


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