[CRITIQUE] : Utama : La Terre Oubliée
Réalisateur : Alejandro Loayza Grisi
Acteurs : José Calcina, Luisa Quispe, Santos Choque,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Uruguayen, Bolivien.
Durée : 1h28min.
Synopsis :
Dans l’immensité des hauts plateaux boliviens, Virginio et Sisa veillent sur leur troupeau de lamas. Jusqu’ici, rien n’a pu les détourner de cette vie âpre, héritée des traditions : ni leur âge avancé, ni le départ des habitants de la région, chassés par la sécheresse. Aussi accueillent-ils avec méfiance la visite de Clever, leur petit-fils de 19 ans, venu les convaincre de s’installer en ville avec le reste de la famille. Réticent à l’idée de quitter sa terre, Virginio se montre inflexible. A tel point que le jour où il tombe gravement malade, il décide de le cacher à Sisa et Clever…
Critique :
Le peuple Quechua est à la base originaire du Pérou, mais il s'est répandu à travers l'Amérique du Sud au fil des siècles, vivant des bonnes grâces de la terre, que ce soit par l'agriculture où par l'élevage pastoral dans les hauts plateaux.
Mais une combinaison malheureuse et de plus en plus pressente entre les divers bouleversements économiques et climatiques, ont éteint le monde rural et contraint de nombreuses personnes à un déchirant exode rural, déménageant vers les villes pour vivre de miettes en briguant des emplois subalternes et mal rémunérés.
Et c'est ce dilemme qui est au coeur du long-métrage d'Alejandro Loayza Grisi, Utama : La Terre Oubliée, cette opposition entre un ancien monde qui se meurt et une société moderne qui le dévore, entre un mode de vie traditionnel et simple (à la mentalité furieusement patriarcal) opposé à un autre plus ouvert mais asservi à son consumériste, entre une ancienne génération butée et aux principes férocement chevillés au corps, et une nouvelle qui ne peut vivre sans son confort essentiel.
Deux faces d'une même pièce qui ne se comprennent pas et qui restent inflexible quant à leur position.
C'est dans les hautes inhospitalières terres boliviennes que nous emmène Grisi - dont c'est ici le premier long-métrage -, là où la terre aride exprime mieux que les mots les ravages du changement climatique.
Virginio et Sisa vivent sur l'Altiplano bolivien, passant de longues journées dans les plaines, le premier élevant une adorable meute de lamas tandis que la seconde lutte chaque jour pour trouver de l'eau, alors que le puits du village s'est asséché.
Lorsque leur petit-fils Clever arrive dans l'espoir de les persuader de déménager en ville, le vieux couple résistent malgré leurs difficultés.
Virginio, qui cache sa maladie aussi bien à sa femme qu'à son petit-fils, qu'il considére comme un "gosse pourris gâté" parce qu'il parle espagnol et non quechuan, ne veut pas quitter sa maison ancestrale alors que son épouse elle, bien moins hésitante et ouverte au changement, ne serait pas contre partir et passer plus de temps avec sa famille...
Expérience sensorielle grisante vissée sur premières victimes de la crise climatique qui plane sur nous, dont le rythme lancinant se plaque à la rusticité redondante d'un quotidien réglé comme du papier à musique, la péloche se fait le portrait vibrant d'un homme au stoïcisme magnétique, une figure qui sait qu'il n'est plus maître de son destin ni de son monde, abandonné par dame nature et trahi par son propre corps.
Le malheur insondable d'un être (tout comme ce qui fait son monde, de son cadre à son mode de vie en passant par sa langue et toute son histoire) enfermé dans une impasse spirituelle déchirante, resistant à l'épreuve d'une vie dans l'espoir éphémère et vain que tout peut aller mieux demain, qu'Alejandro Loayza Grisi capte avec délicatesse et authenticité, tout en sublimant la beauté cruellement lumineuse de son cadre à l'agonie - somptueuse photographie de Barbara Alvarez.
Tout en pudeur, Utama : La Terre Oubliée pointe les conséquences d'une négligence gouvernementale toujours aussi actuelle et irritante, et se fait un superbe drame aussi écologique et radical qu'il est mûrement réfléchi, dont le message en son coeur est on ne peut plus opportun aujourd'hui.
Jonathan Chevrier
Acteurs : José Calcina, Luisa Quispe, Santos Choque,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Uruguayen, Bolivien.
Durée : 1h28min.
Synopsis :
Dans l’immensité des hauts plateaux boliviens, Virginio et Sisa veillent sur leur troupeau de lamas. Jusqu’ici, rien n’a pu les détourner de cette vie âpre, héritée des traditions : ni leur âge avancé, ni le départ des habitants de la région, chassés par la sécheresse. Aussi accueillent-ils avec méfiance la visite de Clever, leur petit-fils de 19 ans, venu les convaincre de s’installer en ville avec le reste de la famille. Réticent à l’idée de quitter sa terre, Virginio se montre inflexible. A tel point que le jour où il tombe gravement malade, il décide de le cacher à Sisa et Clever…
Critique :
Tout en pudeur,#UtamaLaTerreOubliée oppose un ancien monde qui se meurt et une société moderne qui le dévore tout en pointant les conséquences directes du changement climatique sur un cadre à l'agonie, pour mieux incarner un sublime drame aussi radical qu'il est mûrement réfléchi pic.twitter.com/eATC7nmf5l
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 12, 2022
Le peuple Quechua est à la base originaire du Pérou, mais il s'est répandu à travers l'Amérique du Sud au fil des siècles, vivant des bonnes grâces de la terre, que ce soit par l'agriculture où par l'élevage pastoral dans les hauts plateaux.
Mais une combinaison malheureuse et de plus en plus pressente entre les divers bouleversements économiques et climatiques, ont éteint le monde rural et contraint de nombreuses personnes à un déchirant exode rural, déménageant vers les villes pour vivre de miettes en briguant des emplois subalternes et mal rémunérés.
Et c'est ce dilemme qui est au coeur du long-métrage d'Alejandro Loayza Grisi, Utama : La Terre Oubliée, cette opposition entre un ancien monde qui se meurt et une société moderne qui le dévore, entre un mode de vie traditionnel et simple (à la mentalité furieusement patriarcal) opposé à un autre plus ouvert mais asservi à son consumériste, entre une ancienne génération butée et aux principes férocement chevillés au corps, et une nouvelle qui ne peut vivre sans son confort essentiel.
Copyright Condor Films |
Deux faces d'une même pièce qui ne se comprennent pas et qui restent inflexible quant à leur position.
C'est dans les hautes inhospitalières terres boliviennes que nous emmène Grisi - dont c'est ici le premier long-métrage -, là où la terre aride exprime mieux que les mots les ravages du changement climatique.
Virginio et Sisa vivent sur l'Altiplano bolivien, passant de longues journées dans les plaines, le premier élevant une adorable meute de lamas tandis que la seconde lutte chaque jour pour trouver de l'eau, alors que le puits du village s'est asséché.
Lorsque leur petit-fils Clever arrive dans l'espoir de les persuader de déménager en ville, le vieux couple résistent malgré leurs difficultés.
Virginio, qui cache sa maladie aussi bien à sa femme qu'à son petit-fils, qu'il considére comme un "gosse pourris gâté" parce qu'il parle espagnol et non quechuan, ne veut pas quitter sa maison ancestrale alors que son épouse elle, bien moins hésitante et ouverte au changement, ne serait pas contre partir et passer plus de temps avec sa famille...
Expérience sensorielle grisante vissée sur premières victimes de la crise climatique qui plane sur nous, dont le rythme lancinant se plaque à la rusticité redondante d'un quotidien réglé comme du papier à musique, la péloche se fait le portrait vibrant d'un homme au stoïcisme magnétique, une figure qui sait qu'il n'est plus maître de son destin ni de son monde, abandonné par dame nature et trahi par son propre corps.
Copyright Condor Films |
Le malheur insondable d'un être (tout comme ce qui fait son monde, de son cadre à son mode de vie en passant par sa langue et toute son histoire) enfermé dans une impasse spirituelle déchirante, resistant à l'épreuve d'une vie dans l'espoir éphémère et vain que tout peut aller mieux demain, qu'Alejandro Loayza Grisi capte avec délicatesse et authenticité, tout en sublimant la beauté cruellement lumineuse de son cadre à l'agonie - somptueuse photographie de Barbara Alvarez.
Tout en pudeur, Utama : La Terre Oubliée pointe les conséquences d'une négligence gouvernementale toujours aussi actuelle et irritante, et se fait un superbe drame aussi écologique et radical qu'il est mûrement réfléchi, dont le message en son coeur est on ne peut plus opportun aujourd'hui.
Jonathan Chevrier