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[CRITIQUE] : Don Juan


Réalisateur : Serge Bozon
Acteurs : Virginie Efira, Tahar Rahim, Alain Chamfort, Damien Chapelle,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Comédie Musicale, Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h40min

Synopsis :
Le film est présenté dans la sélection Cannes Première au Festival de Cannes 2022.

En 2022, Don Juan n’est plus l’homme qui séduit toutes les femmes, mais un homme obsédé par une seule femme : celle qui l’a abandonné…



Critique :


Laurent est sur le point d'épouser Julie mais celle-ci décide au dernier moment de le laisser froidement seul devant l'autel.
Dévasté, il nourrit alors son chagrin à travers des chansons moroses, voyant le visage de Julie dans chaque femme qu'il rencontre, conduisant souvent à des échanges insistants entre le tragi-comique et le profondément gênant - à la limite du harcèlement.
Il joue également le rôle principal de Dom Juan dans une production local de la pièce, tout en étant très conscient de ses propres lacunes avec les femmes par rapport au célèbre - et infâme - personnage.
En raison d'un changement de casting, le rôle principal féminin est in fine remplacé par nul autre que Julie elle-même, permettant alors au couple de résoudre provisoirement certains des problèmes qui ont entraîné la dissolution de leur amour, avant que leur séparation ne soit pleinement consommée...

Copyright Les Films Pelléas

À l'instar de l'aventurier vénitien Casanova, le personnage de Don Juan imaginé par Tirso de Molina est devenu un terme bourré d'euphémisme pour caractériser, souvent par l'absurde, un homme qui enchaîne les conquêtes féminines, un séducteur célébré par ses pairs et censés autant user du corps des femmes que tromper leurs coeurs.
Un visage auquel ne correspond pas vraiment la vision toujours aussi singulière que peuvent en donner Axelle Ropert et Serge Bozon dans leur nouveau long-métrage éponyme, relecture voulu contemporaine et un tantinet subversive du mythe, à l'instar de leurs précédentes collaborations - Mme Hyde en tête.
Le hic, c'est que la mayonnaise ne prend jamais vraiment dans sa manière de vouloir entrelacer récit romantique et comédie musicale, vie réelle et scénique dans une narration méta bordélique où la moindre tentative de distiller l'empathie où une quelconque émotion tombe douloureusement à plat et ce, malgré la partition enjouée de son tandem vedette Tahar Rahim/Virginie Efira (que vient bousculer sporadiquement la jolie mélancolie d'Alain Chamfort).
Rien ne sonne vrai dans cette relecture abracadabrantesque d'un vrai/faux séducteur rejeté de toute part, que ce soit la rupture initiale, l'obsession troublante et puante du personnage principal provoqué par celle-ci (qui suggère de manière insidieuse que son attitude envers toutes les femmes est cautionné par le vestige de sa trahison et de sa consternation mesquine) où même un dernier acte lénifiant qui ne fait que répéter l'aspect bancal de son premier tiers férocement approximatif.

Copyright Jean Louis Fernandez

Et que dire de la caractérisation même du personnage de Julie, qui n'est finalement définit non par elle-même et ses actes, mais uniquement par le prisme d'un homme meurtri avec qui elle a fait un bout de sa vie (tellement que sa version " fictionnelle " en dit presque plus sur elle que lorsqu'elle revient à l'écran).
Se rêvant comme une auscultation/théorisation étrangement absurde et réfléchi à la fois sur le sentiment amoureux et la vie de couple, où la musique agirait aussi bien en tant que moteur de la narration qu'une explosion hyperbolique de la passion censée baigner aussi bien dans la pièce que dans le quotidien tortueux de Laurent lui-même; Don Juan loupe continuellement le coche, se montre plus rétrograde que moderne et laisse lentement s'étioler sa singularité pour finalement se perdre dans une folie exaspérante.
Une oeuvre hybride et indéfinissable qui hypnotisé par son désir de complexité et de fantaisie, n'arrive jamais à susciter quoique ce soit chez son auditoire, sauf peut-être l'embarras et l'ennui...


Jonathan Chevrier


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