[CRITIQUE] : Anatomy of Time
Réalisateur : Jakrawal Nilthamrong
Acteurs : Thaveeratana Leelanuja, Prapamonton Eiamchan, Sorabodee Changsiri,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Singapourien, Hollandais, Français, Thaïlandais.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Deux fragments de la vie d'une femme. Maem est une jeune femme dans la Thaïlande rurale des années 1960. Son père horloger transmet sa passion à sa fille, tandis que les tensions entre la dictature militaire et les rebelles communistes s'exacerbent. Elle est courtisée par deux jeunes hommes très différents - un faible conducteur de pousse-pousse qui est littéralement mis de côté par un chef d'armée ambitieux et impitoyable. Cinquante ans plus tard, le chef de l'armée est devenu un général en disgrâce. Maem soigne son mari violent pendant ses derniers jours et se remémore son passé rempli de pertes, de souffrances et de joies.
Critique :
Dans toute son immensité autant que dans toute son implacabilité, le temps ne peut être arrêté tant chaque battement de notre coeur, chaque seconde frappant de manière sentencieuse nos montres et horloges, chaque respiration de tout être s'inscrit inexorablement dans un mouvement allant de la fin d'un cycle à la création du suivant, la loi inviolable des lois majestueuses et indiscutables de la nature, elles-mêmes au coeur des petites histoires (les nôtres) qui se fondent dans la grande (l'humanité).
C'est cette vérité, ce courant impétueux du temps entre passé et présent, que Jakrawal Nilthamrong tente de tordre et tromper dans son fascinant et très (trop?) nébuleux Anatomy Of Time, observation posée du cours inexorable de la vie au travers du destin de la touchante Maem, mais aussi de l'histoire - compliquée - d'une Thaïlande servant de toile de fond subtile, résonnant avec délicatesse dans l'existence des personnages.
Nous plaçant constamment au centre des débats, Nilthamrong plaque spectateur sur le regard de la nature, sage, patiente et consciente de toute la beauté du monde, même celle qui réside dans la plus déchirante des tragédies, scrutant le moindre moment fugace d'un battement de cœur où la moindre brindille d'un paysage sauvage pour en déceler la poésie extraordinaire qui s'en dégage.
Plus que celle d'une nation fracturée par son régime dictatorial, c'est l'histoire de Maem est finalement celle qui sert de liant au long-métrage, le télescopage alambiqué et parfois mécanique d'une jeunesse précaire et d'une vieillesse angoissante, incarnant une sorte d'enchaînement douloureusement malchanceux d'événements qui l'ont toute sa vie empêchée de prendre les bonnes décisions.
Entre intime et historique, entre un âge précoce où le souvenir du tumulte de la guerre et des possibilités de la jeunesse perdure, et un âge mur où les batailles perdues ne se livrent plus qu'à l'intérieur des âmes meurtries; Anatomy Of Time répond (à défaut d'en laisser beaucoup d'autres en suspend) à ce qu'est l'expérience de la vie à l'échelle humaine : aussi belle qu'elle est douloureuse, pleine de perte et de joie mais surtout cruellement éphémère, d'où la nécessité de jouir pleinement et patiemment de l'instant présent.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Thaveeratana Leelanuja, Prapamonton Eiamchan, Sorabodee Changsiri,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Singapourien, Hollandais, Français, Thaïlandais.
Durée : 1h58min.
Synopsis :
Deux fragments de la vie d'une femme. Maem est une jeune femme dans la Thaïlande rurale des années 1960. Son père horloger transmet sa passion à sa fille, tandis que les tensions entre la dictature militaire et les rebelles communistes s'exacerbent. Elle est courtisée par deux jeunes hommes très différents - un faible conducteur de pousse-pousse qui est littéralement mis de côté par un chef d'armée ambitieux et impitoyable. Cinquante ans plus tard, le chef de l'armée est devenu un général en disgrâce. Maem soigne son mari violent pendant ses derniers jours et se remémore son passé rempli de pertes, de souffrances et de joies.
Critique :
C'est le courant impétueux du temps, entre passé et présent, que Nilthamrong tente de tromper dans son fascinant et nébuleux #AnatomyOfTime, regard posé du cours inexorable de la vie au travers du destin de la touchante Maem, mais aussi de l'histoire (compliquée) de la Thaïlande. pic.twitter.com/4cx99qzhaO
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 10, 2022
Dans toute son immensité autant que dans toute son implacabilité, le temps ne peut être arrêté tant chaque battement de notre coeur, chaque seconde frappant de manière sentencieuse nos montres et horloges, chaque respiration de tout être s'inscrit inexorablement dans un mouvement allant de la fin d'un cycle à la création du suivant, la loi inviolable des lois majestueuses et indiscutables de la nature, elles-mêmes au coeur des petites histoires (les nôtres) qui se fondent dans la grande (l'humanité).
C'est cette vérité, ce courant impétueux du temps entre passé et présent, que Jakrawal Nilthamrong tente de tordre et tromper dans son fascinant et très (trop?) nébuleux Anatomy Of Time, observation posée du cours inexorable de la vie au travers du destin de la touchante Maem, mais aussi de l'histoire - compliquée - d'une Thaïlande servant de toile de fond subtile, résonnant avec délicatesse dans l'existence des personnages.
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Nous plaçant constamment au centre des débats, Nilthamrong plaque spectateur sur le regard de la nature, sage, patiente et consciente de toute la beauté du monde, même celle qui réside dans la plus déchirante des tragédies, scrutant le moindre moment fugace d'un battement de cœur où la moindre brindille d'un paysage sauvage pour en déceler la poésie extraordinaire qui s'en dégage.
Plus que celle d'une nation fracturée par son régime dictatorial, c'est l'histoire de Maem est finalement celle qui sert de liant au long-métrage, le télescopage alambiqué et parfois mécanique d'une jeunesse précaire et d'une vieillesse angoissante, incarnant une sorte d'enchaînement douloureusement malchanceux d'événements qui l'ont toute sa vie empêchée de prendre les bonnes décisions.
Entre intime et historique, entre un âge précoce où le souvenir du tumulte de la guerre et des possibilités de la jeunesse perdure, et un âge mur où les batailles perdues ne se livrent plus qu'à l'intérieur des âmes meurtries; Anatomy Of Time répond (à défaut d'en laisser beaucoup d'autres en suspend) à ce qu'est l'expérience de la vie à l'échelle humaine : aussi belle qu'elle est douloureuse, pleine de perte et de joie mais surtout cruellement éphémère, d'où la nécessité de jouir pleinement et patiemment de l'instant présent.
Jonathan Chevrier