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[CRITIQUE] : Murina


Réalisateur : Antoneta Alamat Kusijanović
Avec : Gracija Filipovic, Danica Curcic, Leon Lucev, Cliff Curtis,…
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain, Brésilien, Slovène, Croate.
Durée : 1h36min

Synopsis :
Sur l’île croate où elle vit, Julija souffre de l’autorité excessive de son père. Le réconfort, elle le trouve au contact de sa mère – et de la mer, un refuge dont elle explore les richesses. L’arrivée d’un riche ami de son père exacerbe les tensions au sein de la famille. Julija réussira-t-elle à gagner sa liberté ?



Critique :


Au fond des eaux turquoises de la mer Adriatique, les poissons murins se cachent des dangereux prédateurs maritimes mais aussi de l'homme, qui le considère comme un met d'exception, dans de petites cavernes naturelles qui se forment entre les récifs rocheux au fond de la mer.
Ce que l'on considère comme un véritable paradis sur terre, est un enfer pour eux, et il n'est pas si loin de penser qu'il en est un aussi pour Julija et sa mère dans le formidable, douloureux et furieusement évocateur premier long-métrage d'Antoneta Alamat Kusijanović, Murina, vaguement basé sur son court-métrage Into The Blue.
À première vue, la vie de la jeune fille de 17 ans (Gracija Filipovic, LA révélation du métrage et tout simplement impressionnante) semble idyllique, mais derrière la chaleur et le calme apparents de l'île isolée à l'ouest de Dubrovnik, quelque chose de sombre et trouble gangrène son quotidien, et fait de ce cadre rêvé une véritable prison à ciel ouvert, où les rêves se brisent et la liberté se fane comme un coucher de soleil.

Copyright Antitalent / RTFeatures

Le poison dans son quotidien et celui de sa mère Nela (Danica Curcic, à l'ambivalence dévastatrice), n'est nul autre que son père Ante (Leon Lucev, parfaitement détestable), une figure toxique, colérique et autoritaire qui prend un plaisir pervers a privé de toute autonomie les femmes qui vivent dans sa maison.
Une emprise qui ne va que s'exacerber avec l'arrivée d'un viel ami de celui-ci, Javier, dans le cocon familial, sorte d'élément perturbateur d'une vie intranquille qui va non seulement mettre en évidence les abus physiques et psychologiques dont mère et fille sont victimes depuis des années, raviver une flamme jamais réellement éteinte entre lui et la matriarche, intensifier la relation houleuse entre le partiarche et sa progéniture, mais aussi et surtout offrir un semblant d'espoir d'un avenir meilleur pour Julija...
Dans un paradis infernal et anxiogène baigné sous un soleil de plomb (sublimé par la magnifique photographie d'Hélène Louvart), Kusijanović croque avec Murina autant un douloureux récit initiatique sur le dur passage à la vie d'adulte, qu'un drame puissant et complexe sur la résilience et la quête de liberté et d'émancipation, enrobé dans une réflexion profonde et poignante sur les cultures rétrogrades et archaïques qui continuent, même en Europe, à réprimer la liberté et l'autonomie des femmes.


Jonathan Chevrier


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