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[CRITIQUE] : Egō


Réalisatrice : Hanna Bergholm
Avec : Siiri Solalinna, Sophia Heikkilä, Jani Volanen,...
Distributeur : The Jokers Films
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Finlandais.
Durée : 1h26min

Synopsis :
Tinja a 12 ans. Sa mère la pousse à faire de la gymnastique, exerçant sur elle un perfectionnisme malsain. Une nuit, la petite fille va faire la découverte d’un œuf bien étrange, qu’elle va cacher, puis couver. Jusqu’à l’éclosion d’une inquiétante créature…



Critique :


Doux hasard du calendrier, il y a quelque chose assez chouette dans l'idée devoir Egō, premier film de la cinéaste finlandaise Hanna Bergholm, débarquer en VOD à quelques encablures de l'arrivée en Compétition Officielle sur la prochaine Croisette, de la légende David Cronenberg - avec Les Crimes du Futur -, pape d'un body horror savamment old school qu'elle arpente avec assurance et malice.
Loin d'être pour tous les palais et encore moins pour tous les estomacs, peint dans des couleurs festives et nostalgiques tout autant qu'il est embaumé dans une fausse bonne humeur communivative, la péloche, qui pose son cadre dans une banlieue verdoyante finlandaise, est un petit bijou de récit initiatique cauchemardesque et dérangeant, un conte de fées macabre sous fond de puberté, de dur passage à la vie d'adulte et de (mauvaise) maternité.

Copyright The Jokers

De l'extérieur, la vie tranquille que la pré-adolescente et gymnaste Tinja semble mener est parfaite, une image de façade habilement façonnée et fabriquée par sa mère autoritaire au coeur du blog vidéo "Lovely Everyday Life", dont elle est une collaboratrice obligée et pleine de ressentiment.
Mais il y a des fissures béantes dans la supercherie que sa mère expose lorsqu'elle est surprise en train de tromper son mari avec l'homme à tout faire. 
Engoncée au beau milieu d'un dysfonctionnement familial croissant, le quotidien de Tinja ne va faire qu'empirer lorsqu'elle se retrouve de manière inattendue dans un rôle maternel qu'elle jure de garder secret, après avoir trouvé un œuf abandonné étrangement tacheté dans les bois.
Un oeuf qui n'aura de cesse de grandir pour finalement éclore, de manière révélatrice, au contact de ses larmes...
Ce qui émergera alors, est une créature bizarre et dégoûtante, qui va combler un vide émotionnel et affectif chez une jeune fille dans le besoin, semblant deviner (mais aussi comprendre et donc agir sur) ses angoisses les plus profondes.
Dans une sorte d'effet de miroir, la bête devient la manifestation physique de la fureur réprimée de Tinja, une jumelle maléfique déterminée à effacer dans le sang et l'horreur, tous les obstacles sur le chemin de la fille vers le bonheur...

Copyright The Jokers

Pas si éloigné du récent Lamb de Valdimar Johannsson, dans sa manière de bouleverser l'équilibre naturel et de titiller l'étrangeté du sentiment maternel (dans un désir de redistribution des cartes et de droit au bonheur) autant que l'âge difficile de la puberté et de ses nombreux chamboulements; Egō incarne la fusion délicate et inventive entre le body horror, le drame intime et psychologique et la satire acérée et gore (notamment des affres narcissiques des réseaux sociaux), dans une sorte de cauchemar savoureusement grotesque et tragique à la fois, sur une jeune fille manquant tellement d'amour au sein de son propre cercle familial, qu'elle est forcée de créer le sien.
Une belle découverte.


Jonathan Chevrier


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