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[COEURS D♡ARTICHAUTS] : #38. The Girl Next Door

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Parce que l'overdose des téléfilms de Noël avant même que décembre ne commence, couplé à une envie soudaine de plonger tête la première dans tout ce qui est feel good et régressif, nous a motivé plus que de raison à papoter de cinéma sirupeux et tout plein de guimauve; la Fucking Team vient de créer une nouvelle section : #CoeursdArtichauts, une section ou on parlera évidemment de films/téléfilms romantiques, et de l'amour avec un grand A, dans ce qu'il a de plus beau, facile, kitsch et même parfois un peu tragique.Parce qu'on a tous besoin d'amour pendant les fêtes (non surtout de chocolat, de bouffe et d'alcool), et même toute l'année, préparez votre mug de chocolat chaud, votre petite (bon grande) assiette de cookies et venez rechauffer vos petits coeurs de cinéphiles fragiles avec nous !


#38. Girl Next Door de Luke Greenfield (2004)

Avec le giron du teen movie, plus encore que pour n'importe quel autre genre, certains films fonctionnent mieux que d'autres sur les différents spectateurs, distillant un attachement voire même une authentification presque instantanée, ce petit quelque chose d'inexplicable qui fait que l'on se sente bien aux côtés de personnages qui nous parlent, nous ramènent à une époque bénie où tout était si ce n'est plus beau, au moins plus simple.
Aux rayons des productions US ayant squatté nos salles obscures au coeur des années 2000 (dans le creux de la vague, après le revival de la fin des 90s), The Girl Next Door a un petit statut particulier, que ce soit dans son mélange habile entre potacherie hilarante et émotion touchante, où dans sa manière d'aborder frontalement l'obsession number one de tous les ados en rut (le cul, le cul et le cul, en incarnant une - petite - introduction dans l'univers de l'industrie pornographique), autant que les maux d'une Amérique où la compétitivité et les relans de son chimérique " American Dream ", sont balancés dans les bols de céréales des mômes/ados chaque matin.

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Quelques années avant le formidable Le Monde de Charlie, le film de Luke Greenfield est sans doute l'un des seuls à offrir une interprétation visuelle assez juste de la raison pour laquelle le lycée est une période difficile pour beaucoup, notamment ceux qui sont estampillés comme des geeks où les intellos, souffre-douleurs des athlètes - souvent - débiles, des laissés-pour-compte du microcosme scolaire et surtout condamnés à ne jamais ou presque, conquérir le coeur de la fille la plus populaire... sauf dans un septième art qui s'amuse parfois à inverser les rôles, et réécrire la fin de l'histoire.
C'est le cas pour le timide Matthew Kidman, élève parfait dont le destin déjà tracé est de tutoyer du bout des doigts son rêve de présidence des États-Unis, lui qui n'a pas eu besoin de trop forcer son intelligence pour rejoindre la prestigieuse faculté de Georgetown (le hic c'est qu'il n'en a pas vraiment les moyens, ce qui l'oblige à lutter pour chiper une bourse via l'écriture d'un discours dont le sujet est " la fibre morale ").
Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être un môme comme les autres, à ceci près que ses ambitions personnelles ont fait qu'il ne peut que regarde tous ses camarades s'amuser et profiter de leur jeunesse au lieu d'en faire de même, renforçant encore un petit peu plus le statut de paria qu'il partage avec ses deux meilleurs amis, Eli et Klitz.
Mais tout va changer lorsqu'une ravissante jeune femme de son âge - mais clairement pas avec le même bagage adolescent -, Danielle Clark, vient emménager chez sa tante juste à côté de chez lui.

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Le soir même de son arrivée, elle le surprend en train de la regarder se déshabiller et décide de l'affronter en tête-à-tête, et de lui faire " payer " la roublardise de son acte.
Ainsi commence alors une étrange amitié mâtinée d'attirance mutuelle, où Danielle va agir comme le catalyseur de l'émancipation de Matt et de sa manière d'enfin jouir - littéralement - de sa jeunesse, alors que lui incarnera le facteur humain et terre-à-terre dont elle avait besoin pour rebondir.
Mais son passé plutôt peu banal - une aventure dans l'industrie pronographique - va bousculer leur relation mais surtout encore un petit peu plus, le quotidien d'un Matt plus amoureux que jamais...
Loin de la simple potacherie adolescente que laisse présager son pitch gratiné, The Girl Next Door, pas exempt d'un humour gras (et très souvent drôle, sans forcément jouer la carte de la vulgarité) et résolument focalisé en dessous de la ceinture, ne ménage jamais ses efforts pour montrer qu'il est constamment au-dessus de la mêlée du genre.
Vissé sur le passage décisif de l'adolescence à l'âge adulte, où les nombreux rebondissements cocasses ne sont que des rites de passages accélérés pour affirmer autant sa personnalité que ses sentiments et ses choix, la narration se confronte honnêtement à son propre sujet sans pourtant brader ni sa loufoquerie assumée, ni même son humour et la romance en son coeur.

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Plus 80s que 90s (même dans sa B.O. au poil), plus proche de La Folle Journée de Ferris Bueller et Risky Business que d'American Pie, dont il est pourtant un héritier direct, The Girl Next Door est avant tout et surtout tourné vers ses personnages, détournant l'idée d'un fantasme pervers et très masculin (l'actrice porno qui ne serait... qu'une actrice porno, et non une jeune femme douce et attachante qui a choisit cette voie par nécessité et non par choix) nourrissant un teen movie salace, pour tisser un double récit d'émancipation et d'affirmation (mais aussi une romance certes improbable et un poil prétexte mais touchante) s'amusant à détourner les rapports de force de la plus dingue des manières qui soit.
En ce sens, le rôle joué par Timothy Olyphant (absolument génial), à la fois mentor puis antagoniste pour Matt (touchant Emile Hirsch), mais aussi ami et producteur/manager oppressant pour Danielle, est un modèle de personnage subversif dont l'attitude et la personnalité explosive facilitent/justifient les renversements les plus fous du scénario, le sel essentiel de ce qui ne serait qu'une bluette sympathique sans lui.
Alors certes, si ses penchants moralistes - et même machistes - s'exposent peut-être un peu trop dans son dernier tiers mécanique où le happy-end so américain se doit de remettre les choses en ordre; le film de Greenfield à quelque chose que les autres exemples du genre n'ont pas forcément : un vrai coeur qui bat et qui sait charmer son auditoire avec.
Et ça fait toute la différence au final...


Jonathan Chevrier

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