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[CRITIQUE] : Tropique de la violence


Réalisateur : Manuel Schapira
Acteurs : Gilles-Alane Ngalamou Hippocrate, Céline Sallette, Dali Benssalah,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Mayotte, territoire oublié de la République. À la mort de sa mère, le jeune Moïse rejoint un bidonville peuplé de mineurs entièrement livrés à eux-mêmes. Il y fait la rencontre de Bruce, chef de clan tyrannique et imprévisible. Sur cette île en train de s’embraser, le destin de Moïse bascule.



Critique :


Sans doute parce que cette ambition s'avèrait, sur le papier, aussi dangereuse que profondément casse-gueule, aucune production hexagonale n'avait jusqu'a aujourd'hui poser ses caméras au coeur de la bouillante île de Mayotte, cent unième département français et sans forcer l'un - si ce n'est LE - département le plus démunis et au contexte social le plus difficile, enfermé entre une criminalité/violence galopante et une pauvreté criante.
C'est ce cadre difficile et pluriel, littéralement oublié par la république et à une poignée de lieux de l’archipel comorien, qu'avait choisit Natacha Appanah pour son brutal roman Tropique de la violence - Prix Fémina des Lycéens 2017 - et donc le même qu'épouse tout naturellement Manuel Schapira pour son adaptation (co-écrite avec Delphine de Vigan), qui marque également son premier long-métrage.

Copyright Tandem Films

Incarnant - volontairement ou non - une réponse française au percutant La Cité de Dieu, dont il épouse le même souffle authentique à défaut d'en partagé le même impact viscérale, le film, scindé en trois parties bien distinctes (le point de vue d'une mère infirmière - Marie - qui élève tant bien que mal l'enfant - Moïse - qu'elle a adopté, puis celui de l'adolescent au moment ou celle-ci décède et qu'il est catapulté au coeur d'un bidonville où la violence règne en maître sous la poigne de Bruce; et enfin celle d'un membre d'une association, Stefan, là pour aider les jeunes du bidonville), se fait une plongée onirique et désolée dans le quotidien explosif d'un territoire gangrené par la misère, où le cadre paradisiaque n'est qu'un leurre pour masquer l'enfer qui y règne (une impression prégnante captée par la jolie photographie crépusculaire de Benoît Soler).
Dommage en revanche, que l'écriture des personnages, manquant cruellement de profondeur, ne s'alligne pas forcément sur la crudité des images et atténue un brin cette immersion en ne distillant finalement aucune empathie réelle à ses protagonistes, au-delà de ses deux figures de proues, que ce soit Marie (superbe Céline Sallette) où Moïse (l'impressionnant Gilles-Alane Ngalamou Hippocrate).

Copyright Tandem Films

Un défaut loin d'être négligeable certes mais qui ne masque jamais l'essentiel : catapulter son auditoire au coeur d'une horreur que l'on ne montre - littéralement - jamais, nourissant les entrailles d'un drame/thriller dur, anxiogène et prenant mené tambour battant (appuyé par la composition urgente d'Olivier " Onoda " Marguerit); un récit initiaque sombre et épuré dont le final offre une lueur d'espoir presque inespérée.
Un étonnant et (vraiment) prometteur premier effort.


Jonathan Chevrier


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