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[CRITIQUE] : La Ragazza ha volato


Réalisatrice : Wilma Labate
Avec : Alma Noce, Rossana Mortara, Massimo Somaglino,…
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Italien.
Durée : 1h33min

Synopsis :
L’histoire de Nadia, une adolescente vivant à Trieste, ville où se croisent de nombreuses cultures. Plongée dans une profonde inertie, la protagoniste grandit en se murant dans la solitude. Pourtant, elle réussira à s’en échapper.



Critique :


On avait laissé les talentueux frangins Damiano et Fabio D'Innocenzo en octobre dernier avec leur superbe second long-métrage, Storia di Vacanze, fable aussi chorale et ludique qu'elle est incroyablement sordide ou le tandem détruisait l'aspect protecteur et réconfortant du cocon familial pour mieux en faire le terreau anxieux d'une colère et d'une violence insidieuse nourrit par un manque cruel de communication.
Les héritiers direct du cinéma frontal de Matteo Garrone (pour qui ils ont écrit Dogman, il n'y a pas de hasard), qui nous reviennent cette fois non pas derrière la caméra mais bien au scénario de La Ragazza ha volato, long-métrage co-écrit et mis en scène par documentariste Wilma Labate, passé par la dernière Mostra de Venise.
Dénué de tout sentimentalisme putassier, la narration ausculte les conséquences émotionnelles à la suite d'un acte ignoble, l'impossibilité de le communiquer mais aussi et surtout le combat douloureusement solitaire qu'une adolescente est obligée de mener contre elle-même.

Copyright Nightswim/Rai Cinema/Staragara/TraLab

Soit Nadia, à peine dix-sept ans au compteur et qui, par la faute d'une mauvaise rencontre, est victime d'un viol (elle tombera même enceinte par la suite de celui-ci) qu'elle ne peut rendre public par peur de représailles toutes aussi violentes (son bourreau n'excuse même pas son acte, et c'est à elle de le fuir par peur), le film transpire l'écriture crue et néoréaliste des Innocenzo, qui n'ont pas leur pareil pour retranscrire la souffrance intérieure de personnages devant composer avec la cruauté glaciale et brutale autant que l'inertie apathique d'une société italienne moderne - voire même de leur propre famille - dans laquelle ils se sentent cruellement étrangers, et qui ne fait preuve que d'indifférence face au traumatisme intime et physique qu'ils peuvent vivre.
Symbole d'un cinéma italien minimaliste qui ne cherche pas tant à croquer de grandes histoires épiques qu'à depeindre la simplicité et la réalité de la vie (finalement plus complexe et contradictoire que n'importe qu'elle fiction), aussi prévisible soit-elle même dans sa part d'ombre, La Ragazza ha volato est un drame puissant et douloureux, dominé par la prestation impressionnante de la jeune Alma Noce.


Jonathan Chevrier


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