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[CRITIQUE] : Kimi


Réalisateur : Steven Soderbergh
Avec : Zoë Kravitz, Byron Bowers, Jaime Camil, Rita Wilson,...
Distributeur : - (Warner Bros. France)
Budget : -
Genre : Thriller, Policier, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Angela Childs examine les flux de données du serveur à commande vocale KIMI. En pleine pandémie, bien que les restrictions aient été assouplies, elle souffre d'agoraphobie et suit une routine stricte, flirtant - entre autres - avec son voisin et communiquant avec sa mère, son dentiste et son thérapeute par chat vidéo, en sécurité dans son appartement de Seattle. Mais tout bascule quand elle entend quelque chose de terrifiant dans l’un des flux, et que le signalement d’un crime par mail est jugé trop risqué. Angela ne s'est pas aventurée à l'extérieur depuis le début de la pandémie, alors le simple fait d’aller au bureau est un énorme défi pour elle. Déterminée à faire ce qu'il faut, elle n'a aucune idée de la suite des événements et si elle va pouvoir combattre sa phobie.



Critique :


Volontairement à l'écart des salles obscures depuis sa pseudo-retraite avortée, on avait laissé ce bon vieux Steven Soderbergh l'an dernier avec un solide effort, No Sudden Move, pur polar d'époque aux réflexions politiques affûtées, démontrant la capacité fascinante que peut avoir le cinéaste à décliner si énergiquement un genre qui lui est si cher.
S'il est frustrant que son cinéma ne fasse plus l'événement comme par le passé, il est toutefois proprement impressionnant de voir qu'il opère avec toujours autant d'acuité et de lucidité, une introspection sur sa propre carrière et les tripes familiers qui caractérisent son oeuvre.
Nouvelle preuve en date avec son excellent Kimi, cantonné à une sortie en catimini dans l'hexagone (en VOD et en achat digital), relecture rafraîchissante et captivante du thriller psychologico-voyeuriste et complotiste so 70s, sous-genre qu'il avait déjà abordé il y a peu avec Effets Secondaires.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Sans doute l'un de ses meilleurs films depuis longtemps, la péloche pourrait aussi et surtout se voir comme le premier vrai thriller pandémique, tant il se sent comme un poisson dans l'eau au coeur du monde actuel, vissé qu'il est sur les aternoiements d'une héroïne agoraphobe - Angela Childs - dont le job consiste à examiner les flux de données du serveur à commande vocale KIMI, qui voit son destin basculer au-delà même du contexte pandémique (qui ne fait qu'exarcerber la paranoïa autant que la peur de quitter son chez soi), lorsqu'elle entend quelque chose de terrifiant dans l’un des flux : un éventuel meurtre...
L'isolement, l'incertitude, la désinformation et même tout simplement la paranoïa n'ont fait que grandir et diviser encore un peu plus la population au cours de ses deux dernières années, instaurant un climat de tension et de peur que l'actuel contexte géopolitique, vient encore un peu plus renforcer.
Nous sommes tous devenus plus méfiants et prudents, parfois même à la limite de l'obsession et/ou de la folie, faisant dès lors de la technologie moderne, autant qu'un salut formidable qu'une porte ouverte dangereuse sur le (notre) monde et ce qui fait ce que nous sommes.
C'est cette terreur insidieuse et réelle, connu de et par tous (ce qui est encore plus terrifiant au fond) que sonde Soderbergh au travers de son nouvel effort claustrophobique, nous interrogeant sur notre contradiction à vouloir réclamer les libertés que le Covid-19 et les gouvernements nous ont privés, alors que nous consentons tous les jours à la perdre afin de parader avec notre dernier selfie, sur n'importe quel réseau social.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Pointant les affres de notre société de la toute surveillance non sans une certaine mélancolie et quelques références très affirmées (Conversation Secrète, Fenêtre sur Cour, Blow Out et même Home Alone dans son dernier tiers), totalement crédible dans sa plongée labyrinthique au coeur de la question technologique; Kimi, porté autant par une Zoë Kravitz à la lisière de la final girl, en jeune femme déterminée à faire justice autant qu'à faire face à ses propres démons, et la mise en scène enlevée de Soderbergh (appuyée par la partition entêtante et plus sobre qu'à l'accoutumée, de Cliff Martinez), est un thriller efficace et captivant sur nos craintes contemporaines.
Simple, trop conventionnel même sans doute pour certains, mais incroyablement pertinent l'autre type de virus qui s'est tranquillement propagé dans toutes les strates de la société, et qui pourrait bien nous priver de toutes nos libertés tant que nos attentions sont détourner par des problèmes que l'on nous martèle comme " immédiats "...


Jonathan Chevrier



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