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[CRITIQUE] : En Corps


Réalisateur : Cédric Klapisch
Avec : Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Pio Marmaï, François Civil, Muriel Robin,...
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Elise, 26 ans est une grande danseuse classique. Elle se blesse pendant un spectacle et apprend qu’elle ne pourra plus danser. Dès lors sa vie va être bouleversée, Elise va devoir apprendre à se réparer… Entre Paris et la Bretagne, au gré des rencontres et des expériences, des déceptions et des espoirs, Elise va se rapprocher d’une compagnie de danse contemporaine. Cette nouvelle façon de danser va lui permettre de retrouver un nouvel élan et aussi une nouvelle façon de vivre.



Critique :

On avait laissé le vénéré Cédric Klapisch il y a un tout petit peu plus de deux ans, en pleine grisaille parisienne avec le magnifique Deux Moi, un beau moment de cinéma tendre et sincère façon fable urbaine mélancolique et optimiste à la fois, où il prenait à bras le corps les codes de la romcom pour mieux les détourner avec une irrévérence délicieuse (malgré la prévisibilité certaine de sa conclusion), tout en s'attachant à séparer distinctement les deux parcours semés d'embûches de ses deux protagonistes principaux en contant l'avant-rencontre, l'envers du décor d'une histoire dont on ne saura jamais au fond, si elle s'inscrira sur la durée où s'avérera aussi douce que l'on puisse l'espérer pour ses deux oiseaux brisés par la vie (superbe tandem Ana Girardot/François Civil).

Copyright Emmanuelle Jacobson-Roques – CQMM

Toujours à Paris mais semblant cette fois éloigné - en apparence - de sa zone de confort, il nous revient avec le bien nommé En Corps, pur objet de fiction qui délaisse les tendres et complexes tourments sentimentaux pour une plongée au coeur du milieu de la danse et sa manière de tendre autant que de sublimer les corps, parfois jusqu'à la rupture aussi bien physique qu'émotionnelle.
Dès son introduction, l'objet dénote de ce que le cinéaste avait pu nous offrir auparavant, une petite gourmandise au coeur des coulisses de l'Opéra de Paris finalement pas si éloigné de l'ouverture tripante du Climax de Gaspar Noé (avec cette idée que toi va bien jusqu'à ce que tout va mal, évidemment moins extrême ici).
Une mise en bouche qui, étrangement, reprend sur la même note avec laquelle se clôt Deux Moi : une union des corps dans la danse, certes ici résolument plus sophistiquée (jusque dans sa mise en scène enlevée et faisant totalement corps avec la musique), mais qui démontre l'envie de physicalité d'un cineaste jusqu'alors habitué aux aternoiements et aux bouillonnements intérieurs.
Et cette intention baignera tout le film (même si sa maîtrise formelle glissera vers quelque chose de plus commun par la suite), feel good movie dans le plus pur style Klapischien, vissé sur la déchirante mais bienveillante résilience d'une jeune et première danseuse de l'Opéra qui à la suite d'une terrible blessure, doit apprendre à réparer son esprit mais surtout corps, et à l'apprivoiser à nouveau pour mieux renouer avec sa passion pour la danse, qui lui a un temps été interdite.

Copyright Emmanuelle Jacobson-Roques – CQMM

Une chronique d'une renaissance physique et spirituelle autant qu'une ode enthousiasmante à la persévérance, où la légèreté flirte constamment avec la gravité, Klapisch ne faisant finalement que de suivre, non sans maitrise, le chemin balisé de sa belle filmographie fleurant bon le bien vivre ensemble et l'entraide (il retrouve d'ailleurs ici l'esprit plus choral/pluriel absent de ses plus récents efforts, même s'il de perd parfois dans quelques dialogues inutiles surlignant ce que les images disaient déjà), greffant même autour de son héroïne solaire (touchante Marion Barbeau, pleine de grâce lorsqu'elle laisse son corps s'exprimer) une sacrée galerie de personnages haut en couleurs (mentions aux habitués Pio Marmaï et François Civil, et à la nouvelle venue dans son cinéma, Muriel Robin).
Avec la danse (classique, contemporaine et même urbaine) comme guérison à tous les maux du corps et de l'âme, le cinéaste fait de son En Corps une évasion vibrante et vivante, un attachant et abouti récit de résilience dont on ressort bouleversé et, une fois n'est pas coutume avec Klapisch, formidablement conquis.


Jonathan Chevrier


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