[CRITIQUE] : As I Want

Réalisatrice : Samaher Alqadi
Acteur : -
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Égyptien, Français, Norvégien, Palestinien, Allemand.
Durée : 1h28min

Synopsis :
Le Caire, le 25 janvier 2013. Le jour du deuxième anniversaire de la révolution, une série de graves agressions sexuelles a lieu sur la place Tahrir. En réponse, une foule immense de femmes en colère s’emparent des rues. Samaher Alqadi se joint à elles, prenant sa caméra avec elle en guise de protection, mais aussi pour documenter une révolution féminine en plein essor.

Critique :

Puissant dans son immédiateté même si chaotique dans sa forme, entre l'effort politico-social et la chronique personnelle, #AsIWant ou un doc nécessaire et courageux qui capture douloureusement le traumatisme qu'inflige la misogynie et la masculinité toxique sur toute une société pic.twitter.com/5cLulhEQR8
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 15, 2022

S'il est évident que la liberté et l'égalité des droits des femmes diffèrent selon les pays/continents, ce sont sensiblement dans les contrées où la religion est prépondérante, qu'elles sont les plus sensiblement bafouées.
En Égypte, le statut de la femme se fond dans les structures familiales islamiques traditionnelles, ce qui signifie qu'au mieux, les femmes doivent s'attendre à essentiellement mener une vie d'épouse et de mère, avec les inconvénients et les privations archaïques que cela entraîne; une objectisation pure et simple, où elle n'est qu'une chose à convoiter, posséder et même abuser.
Nouveau long-métrage nécessaire s'inscrivant dans la mouvance toute récente de documentaires vissés sur l'émancipation dans un Moyen-Orient post-printemps arabe, As I Want de la réalisatrice palestinienne Samaher Alqadi place sa caméra au coeur du deuxième anniversaire de la révolution de 2011 (ou le régime répressif d'Hosni Moubarak a été remplacé par Mohammed Mursi et les Frères musulmans), où une série d'agressions sexuelles odieuses ont été perpétrées lors de manifestations sur la place Tahir, au Caire, avant que s'ensuive la réponse - légitime - d'un groupe de femmes enragées.

Mélange de séquences vidéo personnelles, d'extraits d'actualités, de reconstitutions et de réalisations intimes façon autoportraits authentiques (nourris par les réflexions et les pensées d'Alqadi), le documentaire est la preuve criante sur pellicule de l'engagement activiste de sa cinéaste, tant les séquences qu'elle capte donne encore plus de poids et de pouvoir à la lutte de ses femmes se positionnant contre l'image de la femme et les aggressions sexuelles endémiques dans une Égypte où la toxicité masculine (remarques fugaces, insultes - souvent -de nature sexuelle, aggressions physiques,...) est cruellement banalisée; une forme terrible de répression systémique contre laquelle il faut se défendre pour ne plus être une victime.
Puissant dans son immédiateté même si chaotique dans sa forme, entre l'effort politico-social et la chronique intime et personnelle (la frontière entre les deux étant d'ailleurs assez flou, d'autant que le combat qu'elle met en scène coïncide avec l'annonce de sa grossesse), As I Want sublime à la fois cet éveil féministe essentielle - une révolution dans la révolution -, tout autant qu'il incarne un documentaire nécessaire et courageux qui capture douloureusement le traumatisme qu'inflige la misogynie et la masculinité toxique sur toute une société

Jonathan Chevrier