[CRITIQUE] : I Love America
Acteur : Sophie Marceau, Djanis Bouzyani, Colin Woodell,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h42min
Synopsis :
Lisa décide de changer de vie en quittant Paris pour Los Angeles. Ses enfants ont quitté le nid familial et sa célèbre mère, absente durant toute sa vie, vient juste de mourir : Lisa a donc besoin d’un nouveau départ ! Elle y retrouve son meilleur ami Luka qui a réussi sa carrière aux Etats-Unis en montant un célèbre bar de drag queens mais sa vie sentimentale est aussi compliquée que foisonnante. Luka se donne pour mission d’aider Lisa à relancer sa vie sentimentale éteinte depuis trop longtemps en lui créant un profil sur un site de rencontres. Entre des rendez-vous gênants et une histoire inattendue avec John, Lisa comprend que la véritable rencontre est avec elle-même, si elle arrive à pardonner à celle qui fut son premier amour… sa mère.
Critique :
Rien ne va vraiment avec #ILoveAmerica, wannabe feel good movie sur la 50aine, la gestion du deuil et le l'exploration du monde enchanté des sitrs/applis de rencontre, qui se transforme in fine en pur égo-trip pailleté et artificiel, pas même sauvé par une Sophie Marceau solaire. pic.twitter.com/ctaXAPIFrk
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 15, 2022
Il y a quelque chose de presque touchant - presque hein - dans la manière diaboliquement sadique qu'à Amazon Prime de " promouvoir " (comprendre : racheter et/ou produire à l'aveugle des films qui se seraient poliment gamellés en salles, en admettant qu'elles y soient conviés) le cinéma hexagonal avec des acquisitions/productions casseroles qui auraient presque tout pour faire fuir ses abonnés - l'auto-flagellation c'est mal.
Autant si Forte avait ses bons côtés (si on est totalement honnête...), Brutus vs César, Je te veux, moi non plus ou encore Connectés et Haters - le meilleur de tous - incarnaient des séances à la limite du défendable, même si cela n'a clairement pas découragé la plateforme à ressortir son chéquier pour dégainer le neuvième long-métrage de Lisa Azuelos, I Love America; nouvelle mise en images de son expérience personnelle (au point que le personnage principal s'appelle également Lisa) pour laquelle elle retrouve son éternel alter-ego, Sophie Marceau, qui sort tout juste de l'excellent Tout s'est bien passé de François Ozon.
Copyright Amazon Prime Video |
Comédie feel good sous fond d'exorcisation d'une relation mère-fille difficile et sans amour (où la gestion du deuil devient - littéralement - synonyme de liberté pour son héroïne), d'exploration du désir et de la sexualité féminine à l'heure de la cinquantaine, et d'expatriation au coeur d'une Amérique bling-bling (la Californie, moins grise que Paris évidemment) mais aussi et surtout du monde merveilleux et enchanté des plateformes/applications de rencontre; la péloche se rêve comme une parenthèse cinématographique et frenchy de Sex and The City, mais se perd tout du long au coeur d'un cauchemar férocement artificiel façonné dans un écrin de clichés et de bourgeoisie irritante (l'argent ne fait pas le bonheur mais aide sacrément bien quand-même), annihilant toute capacité d'empathie et ce jusque dans son happy-end proprement irréel.
Pur égo-trip pailleté et gênant à l'humour gentiment vulgaire où les saillies émotionnelles et romantiques ne prennent jamais vraiment (tout comme ses leçons de vie caricaturales balancées à l'emporte-pièce), la faute à une écriture refusant toute profondeur; I Love America ne vaut in fine que pour la solaire de Marceau, tellement détachée de tout qu'elle arrive presque à s'extirper de la superficialité de son personnage... presque seulement.
Jonathan Chevrier