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[CRITIQUE] : Aristocrats


Réalisatrice : Yukiko Sode
Acteurs :  Mugi Kadowaki, Kiko Mizuhara, Kengo Kora,...
Distributeur : ArtHouse
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h05min.

Synopsis :
A presque 30 ans, Hanako est toujours célibataire, ce qui déplait à sa famille, riche et traditionnelle. Quand elle croit avoir enfin trouvé l’homme de sa vie, elle réalise qu’il entretient déjà une relation ambiguë avec Miki, une hôtesse récemment installée à Tokyo pour ses études. Malgré le monde qui les sépare, les deux femmes vont devoir faire connaissance.



Critique :


L'amour est déjà assez difficile à trouver et/où conserver comme ça aujourd'hui, sans que des pressions supplémentaires qu'elles soient intimes - la famille et les proches - où extérieurs - la société -, ne viennent compliquer une équation dont l'équilibre tient parfois à peu de chose.
Si chacun couple/relation à sa propre histoire, force est d'admettre pourtant qu'il existe dans chaque culture, aussi variée soit-elle, une attente quant au moment et à la façon dont les gens devraient se marier et fonder une famille.
C'est ce sentiment d'empressement parfois incontrôlable, ce souci de devoir s'intégrer à un cadre normalisé par la société qui est au coeur du troisième long-métrage de la cinéaste japonaise Yukiko Sode, Aristocrats, qui adapte pour l'occasion le roman éponyme de Mariko Yamauchi.
La narration, divisée en plusieurs chapitres, se fixe sur deux femmes d'horizons diamétralement opposés mais dont les destins vont converger alors qu'elles recherchent - et pensent avoir trouvé - toutes les deux l'amour.

Copyright Art House

Soit Hanako, une jeune femme de vingt-sept ans issue d'une famille aisée qui, à la suite d'une rupture avec son fiancé, se voit catapulté tous les soirs ou presque dans des dîners organisés par ses proches pour qu'elle trouve un mari convenable, et la sauver ainsi du destin indésirable d'être une femme sans époux.
L'autre femme, c'est Miki, trente-deux ans au compteur et qui a grandit dans une famille ouvrière à la périphérie de Tokyo, mais dont la détermination et l'intelligence l'ont amener à vivre au coeur de la cité Tokyoïte.
Leur rencontre improbable découle de leur relation avec Koichiro, un aristocrate doux et charmant issu d'une famille puissante, qui va partager leur vie à toutes les deux.
Choissisant judicieusement de ne pas se concentrer sur lui mais plutôt de ne pas perdre de vue les deux femmes de sa vie et le lien qu'elles partagent, Yukiko Sode croque autant une réflexion captivante sur le genre et la classe dans une Tokyo aux moeurs résolument datées, qu'elle dégaine une charge puissante contre la tendance du monde contemporain à monter les femmes les unes contre les autres.
Jamais là pour les juger et plutôt que de tisser les traits familiers d'un triangle amoureux amer, elle préfère nouer un sentiment sincère de sororité entre elles, toutes deux s'enviant (la liberté de pouvoir épouser celui que l'on aime pour Miki, la liberté d'être débarrassé du carcan anxiogène du poids social et familial pour Hanako) tout autant qu'elles se retrouvent dans le fait d'être des victimes de la société patriarcale et ce, même si leur «éducation» et leur statut social sont totalement différents.

Copyright Art House

Dans l'effervescence d'une mégalopole compartimentée où vous ne pouvez rencontrer que des membres de votre propre classe sociale (dont la beauté et l'immensité écrasante, est subtilement captée par la superbe photographie de Yasuyuki Sasaki), leur rencontre improbable va chacune les mener à réaliser qu'une autre vie est possible, là où plus cyniquement, le personnage de Koichiro reste piégé dans son héritage féodal, incapable de se libérer des notions dépassées de responsabilité filiale.
Beau récit sur la puissance et l'importance de la sororité comme le moteur d'une émancipation et d'une autonomisation essentielle, Aristocrats sonde le double voyage de deux femmes (magnifiques Mugi Kadowaki et Kiko Mizuhara) s'extirpant lentement mais sûrement de leur image façonnée par les conventions sociales, pour mieux trouver un moyen d'être elles-mêmes et d'épouser l'ambition d'un avenir meilleur, libre financièrement mais surtout socialement.


Jonathan Chevrier
 

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