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[CRITIQUE] : Medusa


Réalisatrice : Anita Rocha da Silveira
Avec : Mari Oliveira, Lara Tremouroux, Bruna Linzmeyer,…
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame, Comédie, Fantastique.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 2h07min

Synopsis :
Brésil, aujourd’hui. Mariana, 21 ans, vit dans un monde où elle doit être une femme pieuse et parfaite. Pour résister à la tentation, elle s’attelle à contrôler tout et tout le monde. La nuit tombée, elle se réunit avec son gang de filles et, ensemble, cachées derrière des masques, elles chassent et lynchent celles qui ont dévié du droit chemin. Mais au sein du groupe, l’envie de crier devient chaque jour plus forte.



Critique :


Il est de ces personnages qu’on classe sans trop réfléchir dans la catégorie des antagonistes. Méduse fait partie de ceux-là. Bien plus connue pour être la femme enragée qui transforme en pierre quiconque ose croiser son regard, nous aurions la fâcheuse manie d’oublier qu’avant toute chose, elle a été femme violée, femme manipulée, et que son cri strident serait en réalité un râle de douleur. 
Après son très bien accueilli Mate-Me Por Favor, Anita Rocha da Silveira revient avec une nouvelle variation sur la jeunesse au féminin. Si les adolescentes de son premier long-métrage expriment dans un spleen lugubre leur fascination pour la mort par la mise en avant constante de leur statut de victime potentielle, les jeune femmes de Medusa ont pris les armes pour arrêter de penser et conformer leur vie, et celles des autres, à leur petite société chrétienne extrémiste. 

Copyright Wayna Pitch

Medusa suit la transformation de la jeune Mariana, jouée par la magnétique Mari Oliveira. Quand nous rencontrons notre personnage, le jour, elle chante son amour pour Jésus tirée à quatre épingle, et la nuit, elle lynche les “pécheresses” avec son gang de copines masquées. Un soir, une des malheureuses la balafre. Son quotidien change. Elle perd son travail d’infirmière dans une clinique de chirurgie esthétique et dégringole de l’échelle sociale. Contrainte de sortir de sa zone de confort, elle commence à s’ouvrir aux autres et à avoir une perspective différente sur sa vie. Et toutes ses années de silence et de frustration feront surface. 
Pour appuyer son propos, la réalisatrice décide de passer par la métaphore de la méduse sans littéralement adapter le mythe. On la retrouve par petites touches : la figure du serpent, les cris assourdissants, les corps immobiles mais surtout cette volonté de s’intéresser à l’endoctrinement des femmes dans une société patriarcale. Il faut se laisser porter par Medusa qui préfère proposer des tableaux pop et lyriques qui se répondent plutôt qu’une histoire à la trame narrative conventionnelle. Le film allie avec beaucoup d’intelligence modernité et intemporalité, en incorporant de nombreux éléments actuels - des réseaux sociaux, une chaîne Youtube et des néons partout - à un récit aux grandes lignes quasi mythologiques. 

Copyright Wayna Pitch

Medusa est un film dans l’ère du temps. Il donne de l’espace et la parole à celles qui habituellement ne servent que de faire valoir. Plutôt que d’opter pour une héroïne facile, aux valeurs évidentes, Medusa préfère creuser un personnage de prime abord peu aimable, voire ridicule, pour mieux dénoncer les effets d’une tradition systémique. Film peu aimable de prime abord avec son rythme irrégulier et ses personnages antipathiques, il finit par convaincre par ses choix de mise en scène audacieux et son sens de l’à-propos


Éléonore


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